Pendant longtemps, grands parmi les grands, les opérateurs télécoms ont affiché une prospérité insolente. Alors que l’industrie de l’informatique pataugeait dans les difficultés, eux connaissaient des croissances à deux chiffres. Les mégafusions étaient devenues leur spécialité. Rien n’était trop beau ni trop cher. Leur trésor semblait inépuisable ; les banques leur prêtaient de l’argent les yeux fermés. Mais la roue tourne.Il y a encore un an, France Télécom soutenait presque à lui seul le CAC 40, baromètre de la Bourse de Paris. Aujourd’hui, il vient d’être exclu du gotha boursier européen, l’indice Stoxx, qui suit les cinquante premières capitalisations ?” dépassé par des industriels moins ” en pointe “, comme des pétroliers.Ecrasé par une dette qui inquiète les analystes financiers, l’opérateur cherche à réaliser des économies et à rationaliser son organisation. On le soupçonne ainsi de vouloir réduire son réseau commercial en fermant une centaine d’agences sur les 650 qui le compose, ce qui entraînerait la suppression de plus de 10 000 postes.Du jamais vu. Jusqu’à présent, l’opérateur historique avait plutôt bien vécu, malgré des sureffectifs. La crise ne lui permet plus de maintenir l’illusion. Bien sûr, France Télécom a démenti, mais il y a rarement de la fumée sans feu.L’exemple de British Telecom (BT) est encore plus frappant. Après avoir annoncé qu’il cédait une partie de son patrimoine immobilier et de son parc automobile, pour grappiller quelques milliards de livres sterling, il serait prêt à vendre son réseau de lignes téléphoniques, bradant quasiment les joyaux de la Couronne.Deux offres lui ont été faites cet été, la première, par le groupe financier américain Earthlease, de 11,5 milliards de dollars, la seconde, par la banque allemande WestLB, de 25,5 milliards de dollars.Pierre Danon, qui dirige la branche grand public de BT, et dont on dit qu’il pourrait succéder à Peter Bonfield, l’actuel directeur général, a déclaré que c’était une idée ridicule. “On n’externalise pas son c?”ur de métier”, a-t-il ajouté. C’est vrai, mais lorsqu’on est aux abois… Plus rien n’étonne.Prochaine chronique le vendredi 21 septembre 2001
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