Et de trois ! Après avoir introduit le module téléobjectif standard 52 mm dans son Galaxy S9+ l’an dernier, Samsung ajoute un troisième module caméra à ses Galaxy S10 et S10+ : un ultra grand-angle. La bonne nouvelle pour de nombreux utilisateurs étant que cette triplette optique est embarquée non seulement dans la version « + », mais aussi dans la version « normale ». Plus besoin d’avoir à exploser ses poches de pantalon pour profiter du must photographique !
Réunis sous l’apparence d’une « barre » d’image à l’arrière des terminaux S10 et S10+, le trio de modules caméra est un atout phare pour les photographes, et un nouveau clou dans le cercueil des compacts experts. Loin de jouer les Cassandres, il s’agit d’une réalité : que ce soit Panasonic avec ses TZ100 et TZ200 ou Sony avec son RX100 Mark VI, les champions des appareils photo compacts ont été « obligés » de faire évoluer leurs modèles experts avec des zooms puissants (plus de 200 mm) face à l’élargissement de la plage focale des smartphones. Avec un facteur de zoom x4 les Galaxy S10/S10+ vont donc faire du mal aux appareils photo…
Trois focales = trois visions du monde
De deux modules l’an dernier, Samsung est donc passé à trois sur les deux S10 en intégrant un ultra grand-angle 13 mm f/2.4. Un module qui rejoint les 26 mm (grand-angle) et 52 mm (standard) hérités des Galaxy S9+/Galaxy Note 9. Samsung a rationalisé ses blocs optiques : chaque passage de l’un à l’autre équivaut à un zoom x2, on dispose ainsi d’un « zoom optique » x4.
Or, changer de focale, c’est un atout majeur pour produire d’autres types d’images – les plus poètes soutiennent même que c’est « changer de vision du monde ». De manière plus prosaïque, avec ce panel de focales – ultra grand-angle, grand angle et standard – l’appareil photo est bien plus polyvalent. S’il reste encore à Samsung à intégrer un 100/135 mm pour aller jusqu’au bout de la logique, les S10/S10+ sont déjà les smartphones les plus polyvalents du moment.
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Ultra grand-angle : un atout majeur
Cet ultra grand-angle est un équivalent 13 mm f/2.4. Il s’agit, comme pour le module téléobjectif, non pas d’un « grand » capteur 1/2.55 pouce comme sur le module principal, mais d’un composant un peu plus petit (vraisemblablement un 1/3.6 pouce). Autre différence : quand les deux autres capteurs sont des 12 Mpix, il s’agit ici d’un modèle de 16 Mpix.
Si la présence d’un tel module n’est pas une première dans un smartphone, c’est à notre souvenir le meilleur que nous ayons jamais testé : les déformations sont très maîtrisées (et même débrayables dans les options), le niveau de détails est bon de même que les couleurs. Avec un tel module, à vous les larges panoramas en vacances, les photos d’intérieur de monuments, etc. Sans même parler des photos de groupe qui nécessitent bien moins de recul qu’avec le module principal 26 mm (en équivalent 24×36).
La faiblesse matérielle de ce module, nous l’avons soulevée dans la description technique : le petit capteur embarque beaucoup de photosites (16 Mpix) et s’avère logiquement très sensible au bruit numérique, même si sa large couverture angulaire et son ouverture de f/2.4 lui permettent de récolter beaucoup de lumière. Il ne sera donc pas très à l’aise dans les basses lumières.
L’autre faiblesse, mineure elle, est logicielle : analysées à 100% sur un écran d’ordinateur, les clichés avec fort contraste et lumière incidente (les photos d’arbres avec le ciel en fond) souffrent de quelques aberrations chromatiques qui sont faciles à corriger – sous Adobe Lightroom CC par exemple. La moulinette logicielle de Samsung a encore besoin d’une petite amélioration !
Un 26 mm toujours aussi efficace
Le capteur principal de l’appareil est toujours un module grand-angle 26 mm (en équivalent 24×36) équipé d’un capteur 1/2.55 pouce. C’est toujours un des plus grands parmi les capteurs « normaux » – les capteur « géants » des P20 Pro ou Nokia 808 PureView (1/1.2’’) et Nokia Lumia 1020 (1/1.5’’) sont des exceptions – et il s’agit toujours d’un modèle à technologie Dual Pixel. Une technologie qui permet à Samsung, depuis le lancement du Galaxy S7, de conserver la palme de la rapidité d’AF notamment en basses lumières.
Car grâce au Dual Pixel, le Galaxy S10/S10+ fait la différence en termes de vitesse de mise au point… surtout en basses lumières. En plein jour, l’ensemble de la compétition talonne Samsung. Mais en basses lumières, le capteur Dual Pixel exclusif à Samsung fait la différence. Notez que cette performance est surtout notable en intérieur ou avec des sujets situés entre 0 et 10 m de l’appareil. En extérieur, il est assez facile pour les smartphones de caler leur mise au point à l’infini. Le Dual Pixel est donc surtout pertinent pour accrocher un sujet.
Toujours dans le rayon des basses lumières, rappelons que ce module 26 mm est toujours le seul de l’industrie à bénéficier d’une ouverture variable de f/1.5 en basses lumières à f/2.4 dans des conditions normales. Pour des images de qualité, il est préférable de shooter à f/2.4 tant le piqué de l’optique est bien meilleur. La position f/1.5 est là uniquement pour sauver les meubles côté bruit numérique quand les photons se font trop rares.
Téléobjectif : lumineux, mais sous-exploité
Le module 52 mm f/2.4 est, à notre sens, le moins bien exploité des trois. Non pas qu’il soit mauvais, loin de là : même si le capteur est plus petit que celui du module principal, il s’en sort correctement jusqu’à 640-800 ISO et offre un niveau de piqué très convenable. L’AF reste bon, le niveau de détails vraiment bien pour un tel capteur et la focale, qui est le « standard » de la photo, offre la même vision des perspectives que l’œil humain. Ce qui est bien pour la photo de rue, la photo humaniste, les paysages au rendu naturel (pas de déformations comme au grand-angle ni compressions des perspectives comme au téléobjectif) ainsi que les portraits.
Malheureusement pour ce dernier exercice ô combien prisé des humains, Samsung est passé complètement à côté de ce fait : le mode « Portrait » ne tire absolument pas parti de ce module, mais uniquement du module grand angle 26 mm. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire de photo de têtes d’humains (ou de chiens), mais simplement que le seul intérêt est une (légère) meilleure isolation du sujet par le cadre et moins de déformations du visage. Les outils logiciels (effets) dédiés aux portraits ne fonctionnement pas avec ce module. Et c’est vraiment dommage.
Mode portrait… en grand-angle
Sans téléobjectif, que vaut donc ce mode portrait ? Disons qu’il nécessite encore un (sacré) coup de polish. Oui, l’effet de bokeh (arrière-plan flou) est agréable encore que perfectible, le vignetage est plaisant et l’effet « tourbillon » marche dans certains cas.
Nous ne concevons pas que Samsung n’étende pas ces fonctionnalités logicielles (vignetage, effet de flou, etc.) au module téléobjectif par le biais d’une mise à jour. Si cela n’était pas fait d’ici un ou deux trimestres, on pourrait le considérer comme un raté, purement et simplement : quand on voit les bons résultats qu’obtient Apple avec son 52 mm – oui, la même focale – on se dit que Samsung peut largement le faire.
Finalement, notez en regardant les photos ci-dessous que nombre des effets catégorisés dans le mode portrait sont plus intéressants sur d’autres sujets photographiques. Qui a dit que Samsung avait encore du travail sur le logiciel?
Des faiblesses essentiellement logicielles
Un bon ultra grand-angle, un module grand-angle rapide et précis, un téléobjectif standard solide : les faiblesses du Galaxy S10 ne sont pas à chercher du côté du matériel. Non, ce qui pêche, c’est encore (et toujours !) le logiciel. En vrac, on note l’absence de mode nuit façon Huawei – un vrai mode que l’on choisit en conséquence –, la non-utilisation du téléobjectif pour le mode portrait, la correction des aberrations chromatiques incomplètes en ultra grand-angle, etc.
Et aussi une application photo mieux finie. Si l’interface a été (positivement) remaniée par rapport au Galaxy S9/S9+/Note 9, le compte n’y est pas encore. On note ainsi des icônes étranges (en mode Pro, le rendu d’image ressemble bien trop à un diaphragme, les icônes de zoom ne parlent pas à tout le monde), la bascule d’un mode à l’autre est toujours aussi sensible, le bouton Bixby Vision est toujours trop envahissant (virez-le par pitié…). Côté paramétrages avancés, si on apprécie l’accès direct façon Huawei (poke Mr. Apple), le tri des options est quelque peu… étrange. Mention spéciale à la catégorie « Fonctions utiles » qui nous a bien fait rire – depuis, nous cherchons (sans succès) la section « Fonctions inutiles » !
Pour être parfait dans sa partition photo, il serait bon que Samsung pose ses ingénieurs dans un coin sans les fouetter pendant quelques mois afin qu’ils puissent travailler en toute quiétude sur des outils logiciels de qualité, bien pensés et bien finis.
Polyvalents et performants
Les Galaxy S10 et S10+ sont, du point de vue photographique, des smartphones complets et solides. Ils profitent de trois focales – équivalent 13 mm, 26 mm et 56 mm – qui couvrent la majorité des besoins photographiques, dans la vie courante comme en voyage. Très rapides à faire la mise au point, ils offrent des images nettes et aux couleurs justes à défaut d’être flatteuses – le Pixel 3 de Google reste dans ce domaine le mètre étalon.
Couteaux suisses photographiques, les Galaxy S10 et S10+ sont une alternative crédible à un appareil photo dédié en voyage. Il ne manque plus qu’un super téléobjectif (supérieur à 100 mm) pour enterrer définitivement les compacts experts. Pour le Galaxy S11 ?
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