Rendons à César ce qui appartient à Xavier Niel, le patron de Free a un enthousiasme communicatif, un talent de vendeur passionné. A la sortie de sa conférence de présentation de la Freebox Delta, nous étions prêts à sauter le pas des 10 Gbit/s et du Wi-Fi tri-bande. Le Player nous laissait plus circonspect… mais la magie du son Devialet nous paraissait alléchante et pouvait peut-être justifier ce nouveau modèle économique où le FAI vend une extension de sa box au prix fort.
Bref, les dizaines de promesses abattues à un rythme de sprinter par Xavier Niel nous ont séduit d’emblée. Après avoir passé quelques semaines avec la Freebox Delta, il est temps de faire un premier point. Un point qui ne sera pas définitif, car une box est un produit appelé à évoluer au fil du temps. C’est d’autant plus vrai que cette Freebox Delta est a priori parée à affronter le futur… Confrontons les promesses à la réalité, à commencer par le design tant mis en avant et la fonction essentielle, l’expérience télé.
Un design séduisant et novateur…
La Freebox Revolution avait été confiée à un grand nom français du design. Pour la Delta, Free a traversé la Manche et s’est adressé à Jasper Morrisson. Et le designer de la nouvelle Freebox Delta a bien œuvré, la finition est bonne et soignée. Ses deux modules, le « server » et le « player », partagent une identité visuelle commune. L’œil est plutôt séduit, les formes originales sont agréables, modernes. Bonne surprise, le serveur est plus petit qu’on ne l’imaginait. Plutôt compact et très silencieux, surtout si on la compare à la bruyante Freebox mini 4K, il embarque une connectique complète et présente quelques astuces amusantes. On passe ainsi la main devant le boîtier pour voir s’afficher l’heure, ou on pose simplement un module NFC pour le synchroniser – pratique pour configurer certains éléments du pack Sécurité.
Côté player, le résultat visuel est tout aussi plaisant, même si l’ensemble est bien plus massif et lourd. Il y a un petit côté navette spatiale ou objet venu d’ailleurs, plutôt séduisant. Là encore, on découvre quelques bonnes idées, comme le chargeur sans-fil Qi intégré. Il ne sera pas facile à utiliser avec un smartphone, car il faudra placer son appareil avec une extrême précision. En revanche, il est très facile de recharger la télécommande tactile livrée avec la Freebox Delta, car les concepteurs de la box ont eu la bonne idée de placer un aimant qui la positionne parfaitement et la maintient en place.
… mais contraignant
Cependant, côté design et conception, tout n’est pas parfait. On note assez rapidement quelques problèmes plus ou moins importants. Le premier est un exemple anecdotique mais il traduit un petit manque d’attention aux détails. Le second est un souci de fond que nous avions craint d’emblée.
Commençons par le détail. L’alimentation se fait en USB-C. Cependant, nous avons constaté que la prise se débranchait très (trop) facilement quand on déplaçait ou réajustait le positionnement de la box. Certes, on ne le fait pas tous les jours, mais une session de ménage un peu poussée peut venir à bout de votre Freebox Player assez facilement. Frustrant quand on essaie d’invoquer OK Freebox ou Alexa.
Le deuxième tient au facteur de forme choisi. Ce delta est séduisant, on l’a dit, mais il n’est clairement d’un format facile à faire cohabiter avec un téléviseur. Une barre ou un socle aurait permis de le placer devant ou sous l’écran, par exemple. En l’occurrence, ses 29,4 cm de largeur, pour 28,1 cm de profondeur et 10,9 cm d’épaisseur, ne facilitent pas la tâche. Il vous faudra peut-être revoir la disposition de votre intérieur… Et puisque vous êtes dans le salon, passons à la fonction TV.
Réinventer la télévision…
La Freebox Revolution avait été une… révolution dans la façon de consommer la télévision via sa box. Cinq ans plus tard, Free optait pour une autre solution, externe, Android TV. Un choix pour le meilleur (des mises à jour, des applis, l’univers Google) et pour le pire, tant cet OS a encore besoin de progresser.
Pour sa Delta, Free a choisi pour un retour à une technologie maison. Une décision ambitieuse car elle coupe sa box des stores applicatifs, notamment. Celui de la Freebox Delta est pauvre, très pauvre pour l’instant. A l’exception d’une appli de Podcast, d’un jeu de tarot et de l’adaptation du jeu de société Timeline, il n’y a pas grand-chose à en espérer pour le moment. Au-delà des applis, l’évolution de l’OS du Player repose également sur les équipes de Free. Néanmoins, on peut voir la box à moitié pleine et se dire que c’est également un bon moyen de contrôler l’ensemble de bout en bout et de maîtriser parfaitement l’expérience de ses utilisateurs.
D’autant que le résultat est très satisfaisant, bien qu’encore imparfait et parfois parsemé de bogues – on a rencontré quelques plantages de l’interface télé. Quand on active la fonction télévision, on constate immédiatement que Free a bien oeuvré. L’interface est moderne, fluide, agréable. Le FAI a clairement observé avec attention les interfaces des téléviseurs connectés mais aussi et surtout celles de YouTube ou Molotov. Les tuiles des programmes prennent tout l’écran, classées par catégories Télévision, Replay, L’Aktu, etc. Au-dessus trône le programme en cours de visualisation si vous avez choisi de l’afficher en mode Image dans l’image. Des icônes, à la finition perfectible, donnent également accès rapidement à différentes fonctions, dont deux deviennent rapidement centrales au quotidien: l’enregistrement (pour retrouver son magnétoscope numérique) et les favoris (pour regrouper des chaînes que vous regardez régulièrement).
Il est également possible de personnaliser l’interface de votre Freebox Player pour y retrouver vos widgets favoris ou les éléments que vous utilisez le plus. Il faudra y passer un peu de temps. Les bonnes idées ne manquent pas, il faut juste savoir les débusquer.
Si l’interface aurait pu éviter certains accès redondants, le résultat global est à l’usage convaincant. On zappe rapidement d’un programme à un autre, on mène facilement une recherche dans les programmes à venir ou même les replays. Mieux, les utilisateurs de Molotov ou d’une Apple TV ne seront pas perdus, il est possible de mener une recherche sur un acteur, par exemple, afin de trouver les films en replay ou à venir dans lequel il a joué. Une manière pleine de sérendipité pour consommer la télévision.
Dans cette quête du film ou de l’enregistrement à ne pas rater, le guide des programmes s’avère une arme redoutable. Planifier ses enregistrements est un jeu d’enfant, on peut décider d’ajouter un peu de temps avant l’heure de début et après l’heure de fin, valider, et on n’y pense plus. On retrouvera l’émission dans ses enregistrements ultérieurement.
Seul bémol de cette interface, passer d’une chaîne à une autre et ouvrir ensuite des menus de configuration revient à suivre un long tunnel de fenêtres et d’interfaces successives et revenir en arrière avec la télécommande classique implique alors de repasser toutes ces étapes.
Aussi agréable soit-elle au toucher et pratique au quotidien, pour éviter ces petits désagréments, on aura tendance à snober la télécommande classique pour se tourner vers la télécommande à écran tactile et l’assistant vocal maison.
…sa télécommande…
La télécommande expérimentale de Free a clairement son intérêt puisqu’elle adapte son affichage au contexte. Vous pouvez ainsi avoir au bout des doigts un pavé numérique tout bête… ou alors une interface représentant l’accès aux principaux services de la box : Netflix, radio, Freebox TV, stockage réseau, etc. C’est cette télécommande qu’on a eu tendance à adopter le plus souvent. Est-ce notre goût des nouveaux gadgets ou le fait qu’elle réponde mieux en apparence aux besoins quotidiens ? Sans doute un peu des deux.
Free a en tout cas réussi un joli premier coup, à parfaire néanmoins. On lui reprochera ainsi sa lenteur d’activation et de connexion à la box, ses plantages réguliers qui demandent de la reposer sur son socle – elle se recharge en étant posée sur le Player – la qualité tout juste honnête de l’écran et pour finir le bruit ignoble qu’elle fait chaque fois qu’on « presse » un de ses bouton virtuels. Certes, la finition est honnête et l’écran réagit plutôt nerveusement, mais ce bruit gâche clairement le plaisir d’utilisation, donnant l’impression d’utiliser un accessoire de piètre qualité !
…et innover avec Ok Freebox
Dans ces cas-là, on peut se tourner vers les deux assistants vocaux qu’héberge le Freebox Player. Le premier, Alexa, d’Amazon, est égal à lui-même, à la traîne en français par rapport à Google Assistant. En général, il veut bien se plier à nos demandes mais se montre parfois incapable de donner suite à des requêtes pourtant supportées. Dans l’ensemble, on le cantonnera à la musique et à la domotique. Le second assistant, c’est Ok Freebox, l’assistant de Free. Avec lui, le FAI tente l’aventure des assistants vocaux. Avec quelle techno ? Mystère. Mais, dans l’ensemble, reconnaissons que l’objectif est atteint… autant qu’on peut l’espérer avec un assistant vocal en français.
Au quotidien, dans des tâches simples, comme changer de chaîne ou même allumer le téléviseur, Ok Freebox donnera entière satisfaction. Toutefois, Quand on commence à vouloir lui demander de planifier un enregistrement, la tâche devient plus compliquée. A sa décharge toutefois, tout n’est pas toujours de sa faute : nous avons rencontré plusieurs fois un bogue au moment de la validation d’une programmation, même en passant en mode manuel. Par ailleurs, lancer une recherche avec Ok Freebox n’est pas toujours aisé, il faut parfois s’y reprendre à deux fois, mais on y arrive généralement.
Ok Freebox est donc une solution originale, intéressante, alternative et satisfaisante… malgré quelques écueils. Celui de la reconnaissance vocale, qui n’est pas toujours au sommet, en est un. Vous avez intérêt à bien articuler si vous ne voulez pas découvrir des programmes exotiques – même si les micros saisissent parfaitement ce que vous dites malgré le bruit ambiant. On constate toutefois que l’assistant prend parfois en compte le son provenant de la télévision, ce qui complexifie les interactions. Celui des limitations d’Ok Freebox est un petit souci également. Mais comment lui en vouloir quand on voit que même un assistant comme Siri est bien à la peine sur Apple TV ? La bonne nouvelle, c’est que comme son homologue américain, Ok Freebox est hébergé dans le nuage et devrait donc être mis à jour de manière transparente au fil du temps pour s’enrichir de nouvelles capacités. On l’espère en tout cas.
Un autre problème, plus fréquent, échappe à l’assistant pour être imputable à la box en elle-même. Plus d’une fois, les fameux mot-clé Ok Freebox ou Alexa n’ont pas suffi à réveiller le Delta Player. Dans ce cas, la seule solution que nous ayons trouvée pour les réactiver a été de nous lever, de désactiver puis réactiver le micro en utilisant le bouton prévu à cet effet sur le Player.
Partie 2 // Grand test de la Freebox Delta : la promesse du son Devialet pour tous?
Partie 3 // La promesse des débits… et du stockage réseau
Partie 4 // Freebox Delta : le coeur de votre maison connectée ?
Partie 5 // Freebox Delta, notre verdict
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