Perdus en pleine montagne ou en pleine mer, il est aujourd’hui difficile d’accéder à l’Internet mobile et même, dans certains cas, à une simple communication téléphonique. Ce problème de couverture pourrait être résolu par un moyen inattendu : le satellite. Ce dernier est en effet bien parti pour intégrer pour la première fois un standard de téléphonie mobile, celui de la 5G. Le groupement du 3GPP étudie en tous cas très sérieusement la question. Nos simples smartphones se connecteraient ainsi à l’avenir directement à des satellites, en plus des antennes mobiles.
Une connexion minimale, mais disponible partout
Premier avantage, le satellite permettrait de rendre les abonnés plus rapidement éligibles à la 5G. “Il n’est pas sûr que le déploiement de la 5G se fasse rapidement sur tout le territoire et notamment dans les zones rurales. Or, l’avantage du satellite, c’est son ubiquité. Pas besoin de coordonner la construction de pylônes et l’installation d’antennes”, nous indique pour commencer Didier Le Boulc’h, vice-président stratégies et solutions de télécommunications chez Thales Alenia Space, l’un des industriels qui militent pour l’intégration du satellite dans la 5G.
Le satellite offrirait, en outre, la possibilité d’étendre la couverture mobile dans des endroits qui en sont pour le moment exclus : dans les airs, en mer, ou en montagne, par exemple. Sans toutefois proposer le même niveau de performance que les réseaux d’antennes. “Il s’agira surtout d’offrir un service de communication mobile minimal garanti, car un smartphone est peu puissant et son antenne peu directionnelle” explique M. Le Boulc’h. Une solution en tous cas bienvenue en cas de nécessité.
Connectivité indoor et IOT
Autre usage, la connectivité à l’intérieur des bâtiments. De la même manière qu’il existe déjà des box 4G fixes, on pourrait imaginer des box 5G fournissant un accès fixe à Internet dans les territoires qui ne sont pas prêts d’être fibrés. Dans ce cadre, le satellite serait en mesure d’apporter de la bande passante pour diffuser des contenus audiovisuels, par exemple.
Dernier cas de figure, les objets connectés. Cargos munis de capteurs traversant l’océan ou modem embarqués dans les voitures, le satellite pourrait répondre à l’immense défi posé par l’explosion de l’internet des objets.
Reste tout de même un gros défi industriel à relever : il va falloir adapter les protocoles réseau et rendre les puces modem des terminaux compatibles. Et ce n’est pas tout. Si les satellites actuels seront capables de fournir de la connectivité à une box 5G, cela ne vaudra pas pour les smartphones. “Pour que les terminaux mobiles puissent se connecter directement au satellite dans le futur, il faudra concevoir une nouvelle génération de satellites optimisés pour cela”, note encore Didier Le Boulc’h. Il va donc s’écouler encore quelques années avant que nos smartphones puissent se connecter directement au satellite. Mais la première étape, c’est la standardisation.
Le satellite intégré dans les 18 mois qui viennent ?
Le 14 juin dernier fut une grande avancée pour la 5G. Ce jour-là, à San Diego, le groupement du 3GPP a finalisé la première phase de la standardisation, la Release 15, qui va permettre de déployer et d’exploiter au plus vite cette nouvelle technologie. Le processus ne s’arrête pas là, la 5G devant continuer à évoluer dans les années qui viennent. Un nouveau chapitre s’ouvre maintenant, la Release 16, avec au programme un cahier des charges visant notamment à intégrer cette fameuse composante satellite dans les 18 mois qui viennent.
Et c’est une petite révolution, car le monde du satellite et celui de la téléphonie mobile se considèrent l’un l’autre comme des concurrents. Avec à la clef une vraie opportunité de rebondir pour les acteurs de l’aérospatiale, qui voient leurs bandes de fréquences diminuer comme peau de chagrin au fur et à mesure de la montée en puissance du trafic mobile.
Pour peser dans la 5G, ces industriels ont lancé l’année dernière l’initiative Satellite for 5G, regroupant l’ESA (agence spatiale européenne), Airbus Defence and Space, Eutelsat, ViaSat, Thales Alenia Space, Intelsat, ou encore OneWeb. Ainsi fédérés, ils ont réussi à convaincre le 3GPP d’étudier de près leurs propositions. Il va falloir maintenant transformer l’essai.
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