Lundi 25 mai, face à un auditoire de consultants et de chefs d’entreprises, Sébastien Lambla, 19 ans, joue son va?”tout. Sa mission : convaincre les professionnels du logiciel réunis à Munich de soutenir
gPulp, le consortium dont il est le président, dans son effort de standardisation des technologies peer?”to?”peer.” Lorsque j’ai découvert Gnutella en mars 2000, c’était un simple protocole d’échanges de fichiers, fonctionnel mais mal développé “, se souvient Sébastien Lambla. ” Après plusieurs
discussions sur IRC avec des programmeurs de Nullsoft et Gene Kan ?” le créateur d’
Infrasearch, racheté par
Sun ?”, j’ai créé le groupe Gnutella Next Generation pour améliorer le protocole “, explique-t-il.L’idée était de construire un protocole plus intelligent, susceptible d’intéresser les entreprises et pas simplement une” bidouille ” logicielle pour s’échanger des fichiers MP3. Mais, au lieu de collaborer ensemble,
chacun des participants poursuit des objectifs personnels, développe sa propre application Gnutella. Ainsi, Greg Bildson crée Lime Wire, Steve Brian développe
Mactella et Viny Falco s’arroge 70 % du marché des utilisateurs Gnutella avec le célèbre logiciel
Bearshare.En octobre 2000, Sébastien Lambla décrète la mort de Gnutella Next Generation et crée le consortium gPulp. Le groupe, constitué de quinze personnes et sponsorisé par les entreprises
Amoweba et Sep?”tech, se fixe comme objectif d’étendre les services disponibles sur Gnutella et de devenir un groupe de standardisation sur le peer?”to?”peer.” Aujourd’hui, Gnutella est un bordel total “, s’insurge Sébastien Lambla. ” Chacun a rajouté des couches logicielles, de façon non structurée et sans se soucier
d’interopérabilité “, explique?”t?”il. ” gPulp veut faire de Gnutella plus qu’un moyen d’échanger des fichiers. Nous voulons créer une architecture capable de localiser des services Web, des serveurs
LDAP, des objets Corba, de partager des ressources, d’effectuer du calcul distribué, etc. “, s’enthousiasme?”t?”il.
Une architecture indépendante des langages et des plates-formes
Lors de la conférence organisée par l’
Analatycal Center for Business Development, Sébastien Lambla fournira donc à son auditoire les deux premières spécifications techniques élaborées par gPulp.Le premier document concernera le Distributed Framework (DIF), un protocole permettant d’interconnecter les machines et d’effectuer un routage intelligent des flux de données. Le DIF se veut universel : il est indépendant de la
topologie du réseau (client/serveur à la Napster, pur peer?”to?”peer à la Gnutella ou ensemble de serveurs interconnectés), des langages, des plates?”formes et des protocoles réseaux utilisés.Par?”dessus ce DIF, gPulp a créé un protocole assurant un service de recherche général, le General Purpose Location Protocol. Utilisé avec le DIF, ce protocle ?” présenté également lundi ?” fournit un service équivalent à
l’actuel Gnutella. gPulp lui adjoint cependant les File Sharing Extensions, un ensemble d’extensions permettant la lecture de métadonnées de fichiers (MP3, Word, etc). On peut ainsi formater les opérations de recherche de fichiers en fonction de
leur nom, leur type, leur durée (pour la vidéo et la musique), leur empreinte numérique, etc.De nouveaux services gPulp sont prévus pour l’automne prochain : interrogation de bases de données et d’annuaires LDAP afin de retrouver un contact ou la signature numérique d’un correspondant. “Comme le DIF est
interopérable, on peut lui superposer le protocole Freenet, construire d’autres types de services comme le partage de ressources, la synchronisation et le stockage en ligne de fichiers, la recherche de périphériques plug and play
sur un réseau local, etc”, explique Sébastien Lambla.
Une bataille pour des standards ouverts
Bien que séduisant, le projet gPulp doit faire face à deux sérieux concurrents : Sun avec son architecture JXTA et l’
Intel Peer to Peer Working Group, ensemble de constructeurs et éditeurs informatiques collaborant avec le géant des microprocesseurs.” Le problème avec les grands éditeurs de l’informatique, c’est qu’ils se soucient peu de l’interopérabilité de leurs solutions “, estime Sébastien Lambla. ” Par exemple, le protocole
d’échange de fichiers JXTA, développé par Infrasearch, n’est qu’un moyen pour Sun d’imposer un peu plus son langage propriétaire Java. Le monde de l’informatique est en attente de standards ouverts, pas de solutions fermées ou contrôlées par
quelques?”uns “, assène?”t?”il.Reste à convaincre les décideurs informatiques ! Ce ne sera pas facile pour gPulp, consortium encore peu connu, face à deux poids lourds de l’informatique. Mais, plus qu’un débat technologique, il s’agit d’une question de survie pour
gPulp. “Le consortium a besoin de fonds et de nouveaux adhérents pour développer son projet”, explique Sébastien Lambla. “Ma principale mission est de convaincre des entreprises de nous
soutenir. Si j’y parviens, notre solution ouverte s’imposera d’elle?”même”, conclut?”il.
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