Échaudés, les opérateurs mobiles se devaient – comme chacun sait – de faire oublier définitivement l’échec du GSM Data et du WAP. Plus intéressant d’un point de vue technique et commercial, le General Packet Radio Service, connu sous l’acronyme GPRS, a pour lourde mission de redorer le blason de la mobilité. Un dessein qui, six mois après le lancement des offres professionnelles des opérateurs mobiles, commence à prendre forme : quelques centaines d’entreprises ont, en effet, sauté le pas.
De nombreuses applications
Transfert de fichiers, transmission et réception d’e-mails, accès à Internet ou à l’intranet de l’entreprise, le GPRS ouvre un champ très large d’applications aux utilisateurs nomades. “Que ce soit en termes de débit, de temps d’accès ou de coût, le GPRS rend possible ce qui ne l’était pas avec le GSM”, souligne Jorge Mendes, responsable de l’administration de la visite médicale des laboratoires pharmaceutiques Grünenthal. Celui-ci a déjà équipé une vingtaine de ses visiteurs médicaux (120 d’ici à la fin de l’année) d’une solution mobile fondée sur l’offre de Bouygues Telecom. Un choix répondant à un besoin bien particulier puisque, grâce au GPRS, ses collaborateurs effectuent leurs rapports d’activité sur le terrain et accèdent aux fichiers de données concernant les médecins visités. Cette application, dans sa version totalement nomade, a été développée en partenariat avec TVF, filiale de la SSII Cegedim, et Bouygues Telecom. Ainsi, l’utilisation du GPRS est déterminante dans ces développements métier. “Notre application, qui s’appuie sur le GPRS au travers de notre abonnement Orange, permet de surveiller l’état des stocks ou d’établir des devis en temps réel. Il est clair que la pérennité du GPRS tient à la qualité de l’application que l’on développe derrière”, remarque Michel Dalmas, directeur informatique chez Carglass. Ce spécialiste du vitrage de véhicules a fait appel au savoir-faire de Micropole-Univers. Afin de bénéficier d’une meilleure mobilité à moindre coût, la société a opté pour une solution fondée sur l’utilisation de PDA. Les laboratoires Grünenthal ont fait un choix similaire. “Le PDA est beaucoup plus ergonomique et son association avec le GPRS est plus avantageuse en termes de coûts. La même solution, avec un ordinateur portable et un modem, coûte près de dix fois plus cher”, relève Jorge Mendes. Une solution de fait intéressante pour les entreprises qui n’ont pas les moyens d’investir dans une flotte d’ordinateurs portables.Et ce, d’autant que la maîtrise des coûts reste l’un des avantages majeurs du GPRS. “Avec le GSM, le délai de connexion trop long et le temps d’identification de notre personnel devenaient prohibitifs ! Nous générons un volume de données important. Seul le GPRS est intéressant, puisqu’il permet une consommation au volume et non à la communication”, renchérit Alexandre Vigier, responsable du projet GPRS pour la police de l’air et des frontières à la DGAC (Direction générale de l’aviation civile). Son application, développée en partenariat avec Omnitech, permet, à partir de deux numéros présents sur le badge du personnel circulant au sein d’un aéroport, et grâce au service GPRS de SFR, de vérifier la validité de son titre d’accès, son identité et sa photo. Mais attention, les économies ne sont pas là à tous les coups. “Ce n’est pas forcément moins cher. Les abonnements sont encore onéreux, et dans notre cas, nous coûtent une vingtaine d’euros de plus qu’avec les versions Minitel ou PDA sur réseau filaire, témoigne Jorge Mendes. Mais cette facture comprend à la fois les données et l’appel téléphonique : tout est suivi d’un bout à l’autre, ce qui rend la gestion beaucoup plus simple”, tempère-t-il. Un atout non négligeable.
Un débit cinq fois supérieurà celui du GSM
L’autre avantage de cette technologie est le débit offert, qui est comparable à celui d’un modem 56K. Soit près de cinq fois supérieur à celui du GSM. “Notre projet n’était même pas imaginable avec le GSM”, assure Jo Irving, responsable du projet GPRS chez Taxivision, une régie publicitaire spécialisée pour les taxis, qui expérimente une solution multimédia pour les voyageurs parisiens. Depuis un PC spécifiquement développé pour répondre aux contraintes des véhicules et relié à un réseau GPRS, les voyageurs pourront récupérer des informations correspondant au lieu où le taxi se trouve. Les pages multimédias disponibles, qui, à terme, seront certainement accompagnées de publicités, nécessitent un débit important, que seul, dans ce contexte, le GPRS peut offrir. Reste le problème de la couverture, qui semble en effet peu homogène : les taxis doivent être certains de capter le réseau pour assurer la continuité du service. “C’est l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas encore choisi l’opérateur. Nous sommes en phase de tests avec les trois acteurs du marché et validons la qualité du réseau sur tout Paris. Cependant, il n’est pas impossible, suivant les zones, que nous travaillions avec plusieurs opérateurs en même temps”, conclut Jo Irving. Toutefois, ces soucis techniques devraient se résorber avec la maturation du service, à condition que les constructeurs de terminaux y mettent également du leur. ” Lors de nos premiers essais, les mobiles fournis par l’opérateur ne fonctionnaient pas correctement et ils ont dû tous être remplacés. De plus, la norme n’est pas encore respectée par tous les constructeurs “, constate Jorge Mendes. À l’avenir, ces défauts de jeunessedevraient s’estomper et le GPRS réconcilier totalement les entreprises avec la mobilité.
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