‘ De l’idée à l’introduction en Bourse en moins de 18 mois. ‘ C’est ce que promettait Gorilla Park au plus fort de la bulle Internet. Aujourd’hui, l’incubateur néerlandais, dont le
discours avait séduit les investisseurs, se déclare en faillite. Les 77 millions d’euros levés depuis janvier 2000 n’ont pas suffi à la société créée par l’emblématique Jerôme Mol.Malgré tout, les dirigeants de Gorilla Park cherchent à rassurer. ‘ Il s’agit plus d’un instrument légal grâce auquel nous allons suspendre nos crédits. Dans ce laps de temps, nous allons entamer une
restructuration, principalement aux Pays-Bas [L’incubateur est encore présent dans cinq pays européens, NDLR]. Nous allons également renégocier certains de nos contrats ‘, confirme Russ Campey,
directeur de la recherche chargé des investissements chez Gorilla Park.Le terme ‘ restructuration ‘ reste on ne peut plus obscur. Chez l’incubateur, on affirme qu’il n’y aura aucun licenciement sur les quelque cinquante employés que compte l’entreprise.
Le modèle économique ne devrait, lui non plus, pas subir de modification. ‘ Bien sûr que nous croyons encore à l’incubation ! [Vingt jeunes sociétés innovantes sont encore présentes dans son portefeuille, NDLR]
Regardez les résultats ‘, s’insurge Russ Campey.
L’incubateur vend désormais son savoir-faire
Les résultats ? Gorilla Park n’est toujours pas rentable, nous dit-on sans donner plus de détails sur les pertes. L’année dernière, l’incubateur aurait néanmoins réussi à atteindre 40 millions d’euros de chiffre d’affaires
grâce au développement de nouvelles activités.En effet, depuis juin 2002 Gorilla Park a fait évoluer son modèle économique. Sans renier son rôle d’incubateur, le néerlandais vend désormais son savoir-faire à des sociétés extérieures à son portefeuille. GP Support fournit ainsi
des services dans la relation client. GP XS propose des solutions sans fil pour les jeunes entreprises technologiques. Quant à GP Capital, il joue le rôle d’intermédiaire financier entre les sociétés de capital-risque et les jeunes pousses
en mal de fonds.Des ressources nécessaires, puisque Gorilla Park n’a réussi qu’une seule sortie cette année. L’incubateur a cédé ses parts dans Porino Technologies à Gomez, une société américaine positionnée sur la qualité de services.Difficile de prendre le pouls de Gorilla Park. Mais les résultats des quelques incubateurs cotés permettent de prendre la mesure des difficultés financières que traverse la société. Brainspark, un britannique coté à Londres, a affiché
une perte de 4,47 millions d’euros. Quant à l’américain Internet Capital Group (dont la valorisation a atteint jusqu’au 61 milliards de dollars), il a réalisé 102 millions de dollars de perte en 2002, pour un chiffre daffaires de
108 millions.Une autre question reste sans réponse. Que reste-t-il des
21 millions investis par des grand noms du capital-risque lors du troisième tour de table de Gorilla Park, il y a deux ans ?
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