Sundar Pichai s’est excusé mercredi 9 décembre pour la gestion de Google dans la manière dont Timnit Gebru, une chercheuse en intelligence artificielle (IA) a dû quitter l’entreprise. Le PDG a déclaré, dans un mémo interne envoyé à ses employés et publié par Axios dans la foulée, qu’il allait enquêter sur ce qui s’est passé et travailler à rétablir la confiance au sein de ses troupes.
Un pas en avant ?
Dans cette note, il a reconnu l’ampleur des dommages causés et a affirmé qu’il examinerait la situation au peigne fin. Mais il n’a pas dit clairement que son entreprise avait commis une erreur en licenciant Timnit Gebru de la sorte.
« J’ai entendu haut et fort la réaction du Dr. Gebru à l’annonce de son départ : cela a semé des doutes et conduit certains dans notre communauté à remettre en question leur place chez Google », écrit Sundar Pichai. « Je tiens à dire à quel point je suis désolé pour cela. »
Ou de l’huile sur le feu ?
Répondant sur Twitter, Timnit Gebru et certains de ses soutiens ont rejeté en bloc ce mémo. Selon eux, cette réponse ne traite pas le fond du problème mais seulement sa forme : les questions fondamentales autour de son éviction n’ont pas été abordées et finalement, Sundar Pichai n’a pas pris ses responsabilités concernant les personnes à l’origine de la situation.
Finally it does not say "I'm sorry for what we did to her and it was wrong." What it DOES say is "it seeded doubts and led some in our community to question their place at Google." So I see this as "I'm sorry for how it played out but I'm not sorry for what we did to her yet." 4
— Timnit Gebru (@timnitGebru) December 9, 2020
Du gaz dans le mémo
« Je ne vois aucune prise de responsabilités et il y avait plus de gaz dans la déclaration », a-t-elle écrit dans un tweet, ajoutant dans un autre tweet que la note « ne dit pas “Je suis désolé pour ce que nous lui avons fait et il était mal.” … Je vois cela comme “Je suis désolé pour la façon dont ça s’est passé mais je ne suis pas désolé pour ce que nous lui avons fait pour l’instant.” » (Voir ce message ci-dessus).
Un autre de ses soutiens, Jack Clark, directeur de la politique d’OpenAI, est également monté au créneau :
« Je reste généralement en dehors de ce genre de choses, mais je suis absolument choqué par ce courriel. Il utilise la pire forme d’écriture d’entreprise pour présenter [Timnit Gebru] comme si son licenciement était dû à la météo – comme quelque chose qui vient de se produire. Mais de vraies personnes ont fait ça, et elles se cachent. » (Voir le thread ci-dessous).
I typically stay out of stuff like this, but I'm absolutely shocked by this email. It uses the worst form of corporate writing to present @timnitGebru firing as something akin to a weather event – something that just happened. But real people did this, and they're hiding.
— Jack Clark (@jackclarkSF) December 9, 2020
Conséquence : la militante et ses soutiens continuent de faire du bruit sur les réseaux et dans les médias. Google et la lettre de son PDG écrite sur un ton contrit ne semblent pas avoir pris la mesure de l’évènement qui enflamme Twitter. Il est difficile de savoir aujourd’hui comment Sundar Pichai va se sortir de ce tollé et regagner la confiance de ses employés concernés par ses engagements à la diversité et la liberté universitaire.
« Accepter sa démission »
Pour rappel, l’affaire a commencé la semaine dernière. Quand Timnit Gebru a quitté Google, l’entreprise a indiqué avoir reçu une lettre de démission alors qu’elle a déclaré avoir été contrainte et forcée par un licenciement brutal.
Sur Twitter, la chercheuse a expliqué qu’elle y voyait des représailles car Google avait refusé de lui donner la permission de signer une publication universitaire relative à l’éthique des IA.
Au lieu de négocier et prendre le temps d’en discuter, la fondatrice de Black in AI dit avoir reçu un mail « acceptant sa démission » et coupant son accès à la messagerie interne du groupe.
Source : Axios
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