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Google Stadia n’est pas encore lancé, mais son avenir inquiète déjà

Certains développeurs de jeux vidéo se demandent si l’offre de cloud gaming de Google ne va pas être qu’un feu de paille.

Mardi prochain, le 19 novembre, les portes de Stadia s’ouvriront en grand pour accueillir les premiers joueurs ayant souscrit à l’offre de cloud gaming de Google.
Pour le moment, on le sait, elle sera limitée à une petite dizaine de jeux. En outre, le pack Founders ne vous donne accès qu’au service pendant un temps donné, et il inclut une manette et un Chromecast Ultra 4K (qui sont à vous).

Assassin's Creed : Odyssey
Ubisoft – Selon certains bruits de couloir, Assassin’s Creed : Odyssey aurait un taux de bugs assez élevé lorsqu’il est exécuté depuis les serveurs de Stadia…

Le nombre de jeux disponibles au lancement a donné lieu à de vives réactions sur la Toile. Seule une exclusivité Stadia sera au menu, tout le reste du catalogue se compose de titres déjà disponibles sur consoles et PC. Google ne s’en est jamais caché mais, quelque part, c’est une fois qu’on est mis devant le fait accompli qu’on se rend compte qu’il y a des accrocs dans la trame.

Le doute habite les développeurs

Ce qui est un peu plus inquiétant, en revanche, c’est que certains développeurs commencent déjà à s’inquiéter de l’avenir du service. Va-t-il durer ? Google est-il aussi ambitieux et sera-t-il aussi persévérant qu’il l’affiche ?

Ainsi dans le cadre d’une micro conférence organisée lors du salon PAX East et retranscrite par le site spécialisé GamesIndustry.biz, la développeuse indépendante de jeux Gwen Frey (à l’origine du puzzle game Kine pour Stadia) a affirmé tout haut ce que beaucoup pensent tout bas :

« La plus grande crainte que les développeurs ont, c’est que Google décide d’arrêter Stadia du jour au lendemain ». Elle ajoute : « Tout le monde s’accorde à dire que le cloud gaming ou le streaming de jeu vidéo est un phénomène qui va prendre de l’ampleur. Reste à savoir si Stadia comptera parmi les acteurs au moment de son explosion ».

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A en croire les déclarations d’Andrey Doronichev (Directeur Produit de Stadia), c’est le cas puisque l’engagement de Google dans Stadia est aussi important que celui que le géant a envers de services comme GMail, YouTube, Music, etc.

« Rien dans la vie n’est acquis. Ni sûr. Mais nous allons tout faire pour que Stadia soit un succès. Vous pouvez bien sûr remettre ma parole en doute et rien de ce que je ne pourrais dire ne vous convaincra suffisamment si vous avez vous-même un doute. La meilleure preuve que nous pourrons vous apporter c’est de lancer le service et d’y investir les ressources nécessaires.»

Par le passé, le célèbre moteur de recherches a lancé plusieurs projets qu’il a ensuite fait mourir d’un coup. Le dernier exemple en date est DayDream – la plate-forme VR mobile de Google. D’autant que Google n’arrive pas dans un marché vierge. Il y a déjà beaucoup d’acteurs, qui ont bataillé pour s’imposer et qui sont aujourd’hui utilisés par beaucoup de monde.

Le potentiel est là mais Google prendrait son temps

Selon Gwen Frey, l’un des problèmes que Google va devoir surmonter est la concurrence des consoles et des PC. Stadia n’est lancé pour le moment que dans des pays où ces plates-formes sont massivement en vente et utilisées par les joueurs.
De plus, les jeux qui sont pour le moment annoncés sont tous des portages de titres consoles ou PC. Pas de quoi utiliser la puissance des serveurs tant vantée par Google pour faire mieux tourner nos jeux ou des titres AAA très exigeants spécialement développés pour Stadia.

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La question de la qualité de la connexion à Internet se pose aussi puisque, encore une fois, il faut avoir un bon débit pour profiter de Stadia dans les meilleures conditions possibles. Des conditions réunies seulement dans les pays très développés (fibre optique, 4G et 5G).

Selon Gwen Frey : « Google donne l’impression de faire un lancement en fanfare mais ce n’est, en fait, pas vraiment le cas. Il y a fort à parier qu’il déroule son jeu, doucement, petit à petit, pour pouvoir agir sur les problèmes rencontrés et ensuite, si tout se passe bien, grossir de plus en plus en se déployant dans de plus en plus de pays. »

Toutefois, en dépit de ses réserves, Gwen Frey est convaincue que Stadia a un avenir. Elle a de grands projets pour plusieurs de ses futures créations, qui vont utiliser le potentiel de Stadia.

Après que l’interview sur Gameindustry.biz a été publiée et reprise par nos confrères de Arstechnica, la développeuse s’est fendue de quelques tweets pour expliquer que certains de ses propos, pris hors contexte, étaient sujets à de mauvaises interprétations.

Toutefois, elle a réaffirmé que plusieurs de ses comparses développeurs avaient peur que Google ne tue Stadia si celui-ci ne marche pas autant qu’il le souhaitait. Cela pourrait ainsi réduire à néant le travail de plusieurs mois de créateurs indépendants (comme elle) ayant beaucoup misé sur l’initiative de Google pour exister et faire en sorte que leurs jeux soient jouables par le plus grand nombre, sur tous les écrans possibles connectés à Internet. Elle, elle y croit, les autres, un peu moins… L’éternelle philosophie du monde de la high tech en somme.

Source : Gameindustry.biz

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