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Google renonce au fact-checking sur YouTube, en Europe

Après Meta, Google, propriétaire de YouTube, renonce aussi à ses engagements en matière de fact-checking, ces programmes de vérification des faits. Et cette fois, cela concerne directement l’Union européenne.

Après l’abandon aux États-Unis du « fact-checking » par Mark Zuckerberg, à la tête de Facebook, WhatsApp et Instagram, Google fait de même, et cette fois en Europe. Ce jeudi 16 janvier, le média américain Axios nous apprend que le géant de Mountain View, propriétaire de YouTube, n’optera pas pour la vérification des faits sur le Vieux continent, pour la modération des contenus publiés sur ses plateformes.

Dans une lettre consultée par nos confrères, et adressée à Renate Nikolay, directrice générale adjointe chargée du contenu et de la technologie à la Commission européenne, Kent Walker, le président des affaires internationales de Google, explique que la vérification des faits « n’est tout simplement pas appropriée ou efficace pour nos services », précise le média américain.

Des obligations de fact-checking bientôt contraignantes ?

Le représentant de Google s’exprimait dans le cadre d’un contexte bien particulier. L’entreprise américaine est signataire du « code européen de bonnes pratiques contre la désinformation ». Cette charte contre les fake news dans l’Union européenne (UE) créée en 2018 et renforcée en 2022, était jusque-là non contraignante : des géants du numérique dont Google avaient volontairement accepté de la respecter. On y trouve par exemple des obligations en matière de transparence, de modération de contenus, de suppression des « contenus de propagande »… Soit des garde-fous pour ne pas que les réseaux sociaux ne deviennent davantage des caisses de résonance de fake news.

Mais le code va bientôt être intégré au DSA, le « Digital Services Act » (règlement européen sur les services numériques). Or, parmi les obligations de modération des plateformes se trouvent justement des dispositions relatives au fact checking, que cela soit sous forme de soutien financier, ou même d’intégration. L’engagement 31 du code consiste par exemple à « intégrer, mettre en valeur ou utiliser de manière cohérente le travail des vérificateurs de faits dans les services, processus et contenus de leurs plateformes ».

Google « se retirera de tous les engagements de vérification des faits du code, avant qu’il ne devienne le code du DSA »

Autant de points qui ne seront pas respectés par Google, comme cela est précisé dans la lettre citée par Axios. Google « se retirera de tous les engagements de vérification des faits du code, avant qu’il ne devienne le code du DSA », écrit Kent Walker.

L’entreprise américaine ajoute qu’elle n’ajoutera pas de vérifications de faits aux résultats de recherche et aux vidéos YouTube et qu’elle n’utilisera pas ce type de programme pour classer ou supprimer des contenus. Pour le représentant de Google, l’approche actuelle du groupe en matière de modération de contenus fonctionne bien – comprenez, sans « fact-checking ».

La nouvelle fonctionnalité ajoutée à YouTube, qui permet à certains utilisateurs d’ajouter des notes contextuelles aux vidéos, « a un potentiel important », poursuit le président des affaires internationales de Google dans sa lettre, toujours cité par nos confrères. Google semble donc opter pour l’approche adoptée par X puis Meta, qui est de laisser les utilisateurs modérer via des notes les contenus diffusés sur les plateformes. 

Deux jours plus tôt, le média français Contexte nous apprenait déjà que le géant américain s’était exprimé en ce sens en décembre dernier, lors d’une réunion des signataires du code européen de bonnes pratiques contre la désinformation.

Google ne coopérait déjà pas assez avec les fact checkeurs, selon des associations

Le géant américain s’ajoute donc au camp des adeptes de la modération des plateformes sans « fact-checking ». Dans cette catégorie, on trouve désormais, outre Elon Musk dont le réseau X est modéré par les Notes de communauté, Meta (Facebook, Instagram), fondé par Mark Zuckerberg : un choix qui pourrait conduire à amplifier la résonance et la portée des fausses informations sur ces plateformes.

À lire aussi : Désinformation et absence de modération – Reporters sans frontières porte plainte contre X/Twitter

D’autant que les engagements antérieurs de Google avaient déjà été jugés insuffisants par des fact checkers européens, rappelait mardi 14 janvier Contexte. Le 18 décembre dernier, l’association européenne EFCSN notait par exemple, dans son rapport, que « YouTube ne respectait pas son engagement de coopérer avec la communauté de la vérification des faits ». La liste des doléances devrait désormais s’allonger. 

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