En 2014, Sundar Pichai présentait Android One, une solution clé en main pour les fabricants de smartphones des pays émergents. Pour Google, le but était de démocratiser Android sur des appareils à moins de 100 dollars. Les partenaires devaient s’engager à respecter une charte matérielle pour permettre des déploiements massifs de mises à jour et tenter de résoudre le problème de la fragmentation d’Android. Le succès n’ayant pas été au rendez-vous, cette ambition est désormais portée par Android Go, un projet moins contraignant. De son côté, Android One pourrait réveiller l’appétit de ceux qui ne jurent que par de l’Android sans fioritures.
L’héritage des Nexus
Début 2017, le site américain The Information annonçait que Google comptait importer son label aux Etats-Unis. Il aura fallu attendre l’automne pour voir les produits arriver. Le Xiaomi Mi A1 est le premier à sortir en France, malgré une distribution encore limitée – il est disponible chez Materiel.net et sur le site PhoneDroid.fr. Il est suivi du HTC U11 Life, qu’on devrait trouver plus largement. S’ajoute le Moto X (4e génération), dont une version Android One est disponible aux Etats-Unis. Au Japon et en Turquie, ces trois modèles ont été précédés par des appareils signés Sharp, Kyocera ou General Mobile.
A la différence des premiers smartphones Android One destinés aux pays émergents, ces appareils ne se placent pas dans l’entrée de gamme. Le Xiaomi Mi A1 est vendu 290 euros. Le HTC U11 Life est quant à lui lancé à 380 euros. Outre-Atlantique, le nouveau Moto X coûte l’équivalent de 400 euros. Le premier appareil s’équipe du Snapdragon 625, les deux autres d’un Snapdragon 630. Aucun ne passe sous la barre des 3 Go de mémoire vive. Sans se mesurer aux smartphones les plus évolués – dont les Pixel 2, ces appareils font office de Nexus « light ».
Des prix et des configurations qui visent large
En regardant les chiffres des ventes de smartphones en France ou aux Etats-Unis, on constate que les Samsung Galaxy J3, J5 ou Galaxy A5 figurent parmi les best-sellers. Des smartphones dont les prix oscillent entre 200 et 400 euros, soit exactement le marché ciblé par les Xiaomi Mi A1, HTC U11 Life et Moto X (4e génération). En rentrant dans cette zone de prix, Google donne les moyens à Android One de convaincre une part non négligeable des utilisateurs occidentaux.
L’entreprise américaine débarrasse au passage les fabricants des lourdes contraintes de taille d’écran, imposées lors des débuts d’Android One. Le Xiaomi Mi A1 intègre un écran de 5,5 pouces, contre une dalle de 5,2 pouces pour les HTC U11 Life et Moto X. On retrouve donc une diversité dans les formats – indispensable pour populariser la plateforme – alliée à des processeurs suffisamment puissants pour la majorité des usages.
Android « stock » plus convaincant que jamais
Mais par le biais de ces fabricants, Google ne fait pas qu’associer de bonnes configurations à des tarifs compétitifs. Avec Android One, les produits bénéficient d’une version « stock » d’Android, sans aucune surcouche. Comme sur les Nexus, l’utilisateur retrouve un environnement identique quel que soit l’appareil, avec les principaux services de Google (Chrome, YouTube, Gmail etc.).
Il y a encore trois ans, Android « stock » pouvait souffrir de la comparaison avec iOS. Entre-temps, il y a eu le Material Design, le mode multi-fenêtre, les notifications actives, Google Assistant ou encore de nouveaux emojis. Même utilisé dans sa version la plus brute, Android Oreo offre une expérience utilisateur digne de 2017.
Plusieurs questions en suspens
Dès cet hiver, allons-nous voir une déferlante de smartphones estampillés Android One ? C’est peu probable, y compris avec des appareils proposant un excellent rapport qualité-prix. Pour un fabricant, intégrer une version « stock » d’Android équivaut à faire une croix sur son univers logiciel et donc sur ses services.
Les trois principaux partenaires de Google se nomment Xiaomi, HTC et Motorola. Le premier a tout intérêt à développer sa présence en Europe et aux Etats-Unis. Le deuxième travaille de longue date avec Google – du Nexus One au Pixel 2 – et a vu une partie de ses effectifs rachetés par le géant américain fin septembre. Le dernier a passé trois ans dans le giron de Google et propose déjà une version très épurée d’Android sur ses appareils.
Pour rencontrer le succès – et peut-être permettre des millions de mises à jour simultanées, Android One devra être utilisé par les plus gros vendeurs sur nos marchés, parmi lesquels Samsung. Mais comment convaincre le sud-coréen de faire disparaître ses services – à commencer par Bixby, son assistant virtuel – sur certains de ses modèles ? Un casse-tête auquel Google pourrait répondre par un juste équilibre entre liberté des fabricants et harmonisation du parc de smartphones. Accessoirement, l’entreprise devra tenir sa promesse concernant le déploiement des nouvelles versions d’Android. Pour le moment, seul le HTC U11 Life a droit à Android Oreo.
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