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Google Genomics : Google veut plus que vos données, il veut stocker votre génome

Gérer des données, les trier, permettre leur analyse, c’est ce que fait Google depuis son lancement. Quand ces technologies sont appliquées au génome humain, on ne peut s’empêcher d’avoir un fond d’inquiétude.

Lors d’une interview accordée au Financial Times, Larry Page, cofondateur et PDG de Google, déclarait que la mission originelle de Google n’était pas assez vaste pour ce qu’il avait en tête. Google Genomics est de ces projets qui dessine les contours extrêmement vastes des nouvelles frontières que se fixe le géant du Net.

Un projet discret

Depuis 18 mois, Google travaille sur Google Genomics, un projet colossal, lancé officiellement en mars dernier, qui est passé relativement inaperçu, même lors de la dernière Google I/O où lui étaient pourtant consacrés des ateliers.

Avec le lancement de Google Genomics, on serait tenté de croire, qu’effectivement, Google n’entend pas s’arrêter à nos mails. Ce projet pour lequel le géant américain a déjà contacté des universités et des hôpitaux est un service dans le cloud qui vise à stocker le génome des personnes qui le souhaitent. Un point qui soulève de nombreuses questions éthiques.

Le big data génétique

D’autant que le stockage n’est qu’un début. Google veut en effet permettre « d’explorer les variations génétiques interactivement », c’est-à-dire permettre à des scientifiques d’étudier et de comparer les génomes qui seraient « hébergés » sur son service. Ou le big data adapté à nos gènes.

Le génome d’une personne pèse environ 100 Go au complet. On le décode désormais en quelques heures, les structures les plus performantes, comme le Broad Institute, à Cambridge, Massachussetts, en viennent à bout en 32 minutes environ.
Google propose de payer 25 dollars par an et par génome, les calculs et interactions avec ces données seraient facturés en sus. Pour autant, une fois le génome d’une personne « nettoyé » il ne pèse guère plus d’un gigaoctet, ce qui ne coûterait plus que 25 cents en « stockage ».

« Les prix deviennent enfin raisonnables, et nous pensons qu’ils vont continuer de chuter », expliquait une chercheuse de l’université de Stanford à la revue du MIT. Un prix « raisonnable » qui sert la volonté de Google de faciliter le travail sur le génome humain. Pour David Glazer, en charge du projet chez Google, il est de plus en plus important, pour ne pas dire urgent de faciliter la comparaison et l’étude des génomes. « Nous observons des biologistes qui cessent d’étudier un génome à la fois pour en étudier des millions. […] Notre chance est de trouver comment utiliser une avancée technologique pour les aider dans leur transition », déclarait-il à la revue du MIT.

La bonne solution ?

Les scientifiques pourront utiliser une variante du système de base de données de Google, BigQuery, mis au point originellement pour suivre et étudier le comportement des Internautes sur le Web. « Parfois vous voulez faire des choses folles et avez besoin d’espace et de puissance pour le faire », expliquait la scientifique de Stanford. Or justement le système de Google « peut s’adapter aux besoins de la génétique, c’est donc la bonne technologie pour un nouveau problème ».
L’Institut national du cancer américain a déjà rejoint cet effort et a annoncé qu’il paiera 19 millions de dollars pour téléverser les 2,6 Petaoctets de son Cancer Genome Atlas avec pour idée de créer un cloud du « génome du cancer ».
La montée en puissance d’acteurs privés dans le domaine des recherches aussi essentielles pose de nombreuses questions, surtout dans nos esprits de citoyens européens encore quelque peu attachés au rôle central de l’Etat.

Evidemment, ces données devront être anonymisées. Pas question de recevoir de la publicité dans Gmail pour une nouvelle chimiothérapie parce que vous êtes porteur d’un gène qui favorise le cancer…

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Source :
Revue du MIT

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Pierre Fontaine