Ce n’est en soi pas un secret : Google dépense des sommes faramineuses pour s’assurer que son moteur de recherche demeure le choix par défaut dans de nombreux systèmes d’exploitation et produits.
Des milliards… par défaut
Néanmoins, l’information prend une tout autre tournure quand c’est le DoJ américain qui le dit et ajoute que la pratique n’est pas légale… Selon le ministère de la justice des Etats-unis, chaque année, Google dépenserait des milliards de dollars pour payer Apple, Samsung et quelques autres géants des télécoms afin de maintenir illégalement son moteur de recherche sur la première marche du podium.
Selon Bloomberg, Kenneth Dintzer, avocat général du DoJ, n’a pas souhaité communiquer les sommes dépensées, mais les a qualifiées de « montants énormes ». « Google investit des milliards pour que son navigateur soit le choix par défaut, sachant que les utilisateurs ne changent pas les réglages », aurait-il déclaré au juge Amit Mehta, lors d’une audition préliminaire à Washington, à laquelle assistaient également des procureurs de différents états qui préparent un procès antitrust contre le géant de Mountain View. « Il achète l’exclusivité du réglage par défaut, parce que cela compte beaucoup », aurait-il continué.
Google voit des concurrents au-delà de la recherche en ligne
Cette séance a permis aux différentes parties de s’exprimer. Ainsi, les avocats de Google ont déclaré que le DoJ et les états ne comprenaient pas le marché et se concentraient trop sur des moteurs de recherche concurrents plus petits, comme Bing, de Microsoft, ou DuckDuckGo. Selon son représentant, Google doit faire face à la concurrence de dizaines de sociétés, comme ByteDance et son TikTok, Meta, ou encore Amazon.
« Vous n’avez pas besoin d’aller sur Google pour acheter sur Amazon. Vous n’avez pas besoin d’aller sur Google pour acheter des billets sur Expedia. », aurait-il déclaré. « Le fait que Google ne fasse pas face à la même compétition sur toutes les requêtes ne signifie pas que la société n’a pas affaire à une concurrence féroce. »
Par ailleurs, les représentants des différentes parties se sont mis d’accord sur certains éléments de base. Comme le fait que les données générées par les requêtes des utilisateurs sont un élément clé pour le succès d’un moteur de recherche. Les différents acteurs présents se sont également accordés sur le fait que Google contrôle le navigateur Web le plus utilisé, Chrome, et le second système d’exploitation mobile le plus populaire, Android. Cette procédure se concentre sur le marché américain, qui est dominé par iOS avec 57,02 % de parts de marché contre environ 43 % pour Android, selon les chiffres de Statcounter en août 2022.
Google, un portail d’accès au Web
Néanmoins, Kenneth Dintzer s’est surtout concentré sur les mécanismes mis en place par Google pour faire de son outil de recherche le choix par défaut. Selon lui, cela fait de Google le « portail » par lequel la plupart des utilisateurs se rendent sur le Web et y trouvent des sites. Ces contrats empêchent les concurrents de Google de gagner en puissance et de croître. « L’exclusivité du choix par défaut permet à Google d’empêcher ses rivaux d’accéder aux données [des utilisateurs, NDLR] ».
Google a un autre argument pour se défendre sur ce point. Selon son représentant légal, la société a passé des accords avec des sociétés comme Apple, ou même avec des développeurs de navigateurs comme Mozilla depuis le début des années 2000. Or, le DoJ n’a pour l’instant pas réussi à démontrer en quoi ces accords étaient problématiques. Ce partage de revenus que propose Google est devenu essentiel pour des sociétés comme Mozilla, qui proposent leurs produits gratuitement. « La raison pour laquelle ils tissent des partenariats avec Google n’est pas parce qu’ils le doivent, mais parce qu’ils le veulent », expliquait ainsi l’avocat de Google, précisant que « la compétition au mérite n’est pas illégale ».
Au fil des ans, et des procès, les géants de la tech recourent souvent aux mêmes types d’arguments. Pour défendre le modèle de son App Store fermé et exclusif, Apple avait choisi un argumentaire similaire. Le procès, à proprement parler, ne devrait pas commencer avant l’année prochaine. D’autres auditions devraient avoir lieu d’ici là.
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Source : Bloomberg