Le mot d’ordre historique « Don’t be evil » (« Ne soyez pas malveillants ») de Google semble avoir du plomb dans l’aile. Devenu un géant dominant dans plusieurs secteurs clé de la high-tech – recherche, publicité, OS mobile, etc. – la firme de Mountain View génère de plus en plus de plaintes de la part de tiers victimes, selon eux, d’un comportement dictatorial.
Le dernier exemple en date est celui de Vivaldi, qui édite le navigateur éponyme. Dans une note de blog, le PDG Jon von Tetzchner raconte ainsi que le compte Google AdWords de sa société a été désactivé en mai dernier de façon unilatérale et sans avoir été prévenu. Selon Vivaldi, les raisons invoquées par Google étaient floues et peu crédibles.
Le PDG estime qu’il s’agissait là peut-être d’une action de rétorsion suite à une interview qu’il avait donné au magazine Wired deux jours auparavant, et dans laquelle il critiquait la collecte toujours grandissante de données personnelles par Google et Facebook. « Google, malheureusement, montre qu’il n’est pas capable de résister à l’abus de pouvoir. Je suis attristé de voir que cette firme geek et positive est devenue en 2017 un tyran », écrit Jon von Tetzchner, pour qui ce blocage se situe dans la lignée des pratiques anticoncurrentielles déjà documentées par l’Union européenne et punies par une amende de 2,47 milliards d’euros. « Google est désormais dans une position qui nécessite une régulation » du marché, ajoute le PDG.
Pressions politiques
D’autres exemples de ce comportement dictatorial ont récemment été évoquées dans la presse. La semaine dernière, c’est le licenciement de Barry Lynn, un membre éminent du groupe de réflexion New America, qui a fait du bruit.
En juin dernier, cette personne avait salué ouvertement l’amende infligée par l’Union européenne à Google. Or, Google est l’un des principaux sponsors financiers de New America. Pour Barry Lynn, c’est évident : son licenciement est une conséquence des pressions politiques de Google sur la direction de New America.
Suite à cette polémique, la journaliste Kashmir Hill s’est fendue, à sa tour, d’une note de blog. Elle y relate les pressions exercées en 2011 par Google sur son ancien employeur Forbes à propos d’un article qu’elle a écrit sur la stratégie de référencement de la firme. A l’époque, Google voulait que les sites médias insèrent dans leurs pages des boutons de son réseau social « Google Plus ».
La journaliste avait révélé que si les sites ne procédaient pas à cette intégration, leur référencement allait automatiquement en pâtir. Au final, elle a cédé aux pressions et accepté de supprimer son article, une décision qu’elle regrette encore aujourd’hui.
Déréférencement
En octobre dernier, la société ProtonMail avait raconté une histoire similaire à celle de Vivaldi. L’éditeur s’était rendu compte en mai 2016 qu’il n’était plus référencé par Google en tant que « messagerie sécurisée » ou « messagerie chiffrée », alors qu’il l’était sur tous les autres moteurs de recherche. Les alertes envoyées à Google ne donnant aucun résultat, ProtonMail s’est plaint publiquement sur Twitter, ce qui a finalement permis de résoudre le problème. S’agissait-il d’un bug ou Google avait-il l’intention de nuire à ce concurrent potentiel de Gmail ? On ne le saura sans doute jamais. Mais cela montre le poids démesuré qu’a pris désormais la firme américaine.
@google @mattcutts We know Google is intentionally hiding ProtonMail from search results. Interested in talking before our data goes public?
— Proton (@ProtonPrivacy) August 5, 2016
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