L’année dernière, Google annonçait lancer un service baptisé « Mesure des ventes en magasin ». La société prétendait alors avoir accès à environ 70% des cartes de crédit et de débit américaines par le biais de partenaires qu’il se gardait bien de nommer. Le mystère vient d’être levé cette semaine par Bloomberg.
Le site révèle que Google a conclu un accord avec Mastercard. Il lui verserait des millions de dollars pour savoir ce que ses clients achètent dans des boutiques physiques. Le problème, c’est que les consommateurs n’étaient absolument pas au courant de cette pratique.
Pas de données personnelles…
Il ne s’agirait que d’un programme en test. Pour être ciblé, il faut à la fois être client Mastercard aux Etats-Unis, avoir un compte Gmail et ne pas décliner le suivi publicitaire dans les paramètres des services Google. Le géant de Mountain View décline tout commentaire spécifique sur ses relations avec Mastercard mais assure toutefois que son programme ne lui permet pas d’avoir accès aux informations personnelles et à l’identité des utilisateurs. Les montants dépensés et les achats exacts ne seraient également pas transmis.
Mais des profils croisés
Reste qu’il se trouve en mesure d’associer des profils d’utilisateurs anonymes à des achats effectués dans des magasins physiques. En recoupant ces données avec les siennes, il sait quels internautes ont cliqué sur des publicités et peut ainsi révéler à des annonceurs si leur campagne a généré des ventes réelles. Cela lui donne aussi un avantage énorme face à Amazon, alors que les deux géants se livrent une bataille sans merci pour mieux connaître les interactions entre les publicités sur le Web et les achats hors ligne.
De son côté, Mastercard refuse également de parler de l’accord. Mais précise tout de même partager uniquement des tendances de transactions avec des commerçants et des fournisseurs de services. Les informations porteraient essentiellement sur les volumes de vente.
Bloomberg rappelle que, selon le Nilson Report, les achats effectués avec des cartes Mastercard ont représenté environ un quart des volumes d’achats américains en 2017.
Quelle limite à leur connaissance de nos habitudes ?
Mais au-delà de la question de la quantité de transactions et de la correspondance établie avec des comportements en ligne, cette affaire pose la question inquiétante de la masse d’informations que Google et consorts accumulent sur les utilisateurs, même s’ils restent anonymes.
En l’occurrence l’affaire ne semble concerner que les Etats-Unis mais n’y a-t-il pas des accords similaires ailleurs dans le monde, en Europe, par exemple, malgré des textes comme le RGPD ? Le doute est permis.
Le niveau de précision des profils ainsi établis atteint un seuil potentiellement effrayant. D’autant plus que nous n’avons pas encore le réflexe de penser que nos activités en ligne et nos achats dans le monde réel peuvent être liés. Nous ne savions pas, jusqu’à présent, devoir nous en prémunir, nous voilà désormais avertis.
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