Le torchon brûle entre WikiLeaks et Google. En effet, ce 26 janvier 2015, le site lanceur d’alerte accuse le géant de Mountain View d’avoir facilité le travail des autorités américaines pour accéder aux courriers électroniques de trois de ses journalistes, et de ne pas les avoir prévenus suffisamment tôt pour qu’ils puissent organiser leur défense.
Ces e-mails ont été transmis par Google à la demande d’un juge américain, affirme le site de Julian Assange, qui publie des copies de mandats, émis en 2012, ordonnant au géant de l’Internet de « livrer » au gouvernement « tous les messages électroniques », brouillons y compris, des comptes Gmail des trois journalistes.
Ces trois personnes, Sarah Harrison, Joseph Farrell et Kristinn Hrafnsson, n’ont été prévenues par Google que le 23 décembre 2014 de l’existence de cette procédure, soit deux ans et demi après, selon WikiLeaks. Il est « consternant » que Google ne les ait pas avertis plus tôt, poursuit WikiLeaks dans un communiqué. Ce « défaut de notification a empêché les trois journalistes de protéger leurs intérêts, et notamment leur droit à la confidentialité ».
D’autant, renchérit le site Internet, que la légalité de cette procédure judiciaire est largement contestable. « Nous avons des raisons de croire que ces mandats ont été pris en violation du Privacy Protection Act de 1980 (…) qui protège les journalistes et les éditeurs » des intrusions du pouvoir judiciaire, assurent les avocats de WikiLeaks dans une lettre adressée au département de la Justice américain.
45 ans de prison
Interrogé par l’AFP à ce sujet, Google n’avait fourni aucune réponse lundi à la mi-journée.
« Nous respectons la loi comme n’importe quelle compagnie, a déclaré un porte-parole de la compagnie américaine dans le quotidien britannique The Guardian. Lorsque nous recevons une commission rogatoire ou une requête judiciaire, nous vérifions qu’elle respecte l’esprit et la lettre du droit avant de nous exécuter. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons émettre une objection. »
Selon WikiLeaks, les mandats qui ont permis la divulgation des courriers électroniques des trois journalistes « révèlent pour la première fois » l’ampleur du dossier d’accusation que le gouvernement américain tente de monter contre Julian Assange et les autres membres du site.
WikiLeaks souligne ainsi que les peines encourues pour les infractions citées dans les documents judiciaires sont passibles de « 45 ans d’emprisonnement ».
J. Assange vit depuis 2012 reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres. Il est visé par un mandat d’arrêt émis à son encontre par des magistrats suédois dans une affaire d’agressions sexuelles. Réfutant ces accusations, le cyber-militant australien dit craindre, s’il est extradé vers la Suède, d’être ensuite envoyé aux Etats-Unis pour y être jugé pour la diffusion par WikiLeaks de 250 000 télégrammes diplomatiques américains.
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