Pour choyer ses annonceurs – et accessoirement regagner leur confiance, Google va collecter un peu plus de données personnelles. Cette fois, il ne s’agit pas de pages Web visitées ou d’emails envoyés. Sur le blog d’AdWords, le géant américain a annoncé qu’il accédera à nos paiements par carte bancaire. Son but est simple : prouver à ses clients que leurs investissements publicitaires ne sont pas vains. Grâce à un outil baptisé Store Sales Measurement, les informations concernant les paiements seront comparées à celles qui concernent les campagnes publicitaires achetées à Google. Les annonceurs pourront ainsi vérifier que les internautes visés s’offrent leurs produits en magasin.
140.000 transactions par minute
A l’aide de son nouvel outil, Google peut savoir si vous avez été exposé à une publicité pour une chaîne de hamburger en fin de matinée (grâce aux données récoltées dans Chrome, Gmail ou YouTube), si vous êtes entré dans l’un de ses restaurants (grâce à son outil de géolocalisation baptisé «visites en magasin»), puis si vous avez effectivement décidé d’y déjeuner (grâce aux informations de paiement par carte bancaire).
Pour évaluer l’efficacité d’une campagne publicitaire, Google se repose sur ce qu’il sait faire : analyser des millions de données en agrégeant les mesures de AdWords (achat de mots clés), DoubleClick (ciblage publicitaire), Analytics (analyse d’audience) et les données de géolocalisation de ses milliards d’utilisateurs. Afin d’obtenir le chaînon manquant – les données de paiement, Google s’appuie sur un partenariat noué avec des tiers, qui «enregistrent environ 70% des transactions par carte de débit ou de crédit aux Etats-Unis».
Selon la Réserve fédérale des États-Unis, il y a eu 103,3 milliards de transactions par carte de paiement aux USA en 2016. Soit environ 283 millions par jour. Les partenaires de Google lui permettrait donc potentiellement de voir défiler 140.000 transactions… par minute.
Un fonctionnement très opaque
En collectant ces milliards de nouvelles données, l’entreprise fait le lien entre les comportements en ligne et les actions hors-ligne de ses utilisateurs. Une boucle miraculeuse pour les professionnels du marketing, que Google n’est pas le seul à vouloir boucler. De son côté, Facebook permet aussi à ses clients de suivre les utilisateurs jusqu’à l’acte d’achat, mais dans une moindre mesure : dans son cas, c’est au vendeur de lui faire parvenir les informations personnelles de ses clients, qui sont ensuite rapprochées de la base de données de Facebook. Le partenariat entre Google et les institutions financières permettent de voir beaucoup plus large, en collectant les données à très grande échelle.
Bien entendu, l’annonce est accompagnée de promesses rassurantes. Selon Google, toutes les données de paiement seront anonymisées, grâce à un système de chiffrement maison. Selon le Washington Post, les métadonnées sont aussi concernées : les noms et prénoms des clients, mais également l’heure d’achat, la localisation ou encore le montant de la transaction seront chiffrés. Google et les vendeurs seraient donc incapables de savoir qui a acheté. Toujours sur le site du Washington Post, l’un des responsables du service AdWords rappelle que «les utilisateurs qui se servent des services Google ont donné leur accord pour que leurs données soient utilisées par des tiers», omettant le fait que les données de paiement ne seront pas directement collectées par Google.
Interrogé par 01net.com, un porte-parole de Google rappelle également le caractère anonyme des données : «Si nous avons développé ce concept il y a quelques années maintenant, il nous a fallu un certain temps pour concevoir une solution qui pouvait répondre à nos exigences très strictes en matière de protection de la vie privée des utilisateurs. C’est pour cela que nous avons développé une nouvelle technologie de cryptage dédiée à cet outil, garantissant que les données des utilisateurs restent privées, sécurisées et anonymes».
Malgré ces rappels juridiques et ces promesses d’anonymat, Google n’apporte aucune précision sur le fonctionnement de ce partenariat, ni sur le nom de ses partenaires. Un manque de transparence qui ne concerne pour le moment que le marché américain. Avant, pourquoi pas, de s’étendre en Europe.
Source : Inside AdWords
Mise à jour du 26/05 (09:32) : la réaction d’un porte-parole de Google a été ajoutée.
Mise à jour du 24/05 (18:09) : le nom de l’outil lancé par Google a été précisé.
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