” Comment expliquez-vous que la crise des télécoms n’ait été prévue ni par les équipementiers, ni par les opérateurs, ni par les analystes ?On nage en plein paradoxe. Les surcapacités ont vite sauté aux yeux avec l’explosion des backbones IP et des fournisseurs de capacité issus de l’univers de la commutation de circuits. Aujourd’hui, tout le monde doit battre sa coulpe, les analystes y compris. Le secteur paie aussi le prix de la normalisation avec un retour aux fondamentaux. Lorsque Lucent Technologies a accordé 2 milliards de dollars de crédit fournisseur à Winstar, en 1999, certains ont tiqué et commencé à tirer la sonnette d’alarme, mais personne n’a voulu les entendre.Comment analyser le “recentrage” de la plupart des grands constructeurs sur le marché des opérateurs, à la veille de l’émergence des premiers signes de difficulté pour ces derniers ?C’est l’une des conséquences de la bulle financière, avec le signe avant-coureur donné par Lucent lors de la mise en place d’une spin-off pour son activité Entreprises [rebaptisée Avaya Communication, NDLR], dont la seule vocation était de créer de la valeur pour ses actionnaires. Un véritable équipementier, pour être rentable et pérenne, doit avoir un pied chez les opérateurs et l’autre dans les entreprises. Hormis Cisco Systems, ce recentrage s’est appliqué à quasi tout le monde (Alcatel, Ericsson, Lucent et Nortel Networks). Ce mouvement visait à créer de la valeur en se positionnant sur les marchés à fort potentiel de croissance, mais la pression spectaculaire sur les délais de livraison a rapidement réduit la visibilité. Si les constructeurs généralistes sont aujourd’hui systématiquement dénigrés, c’est aussi parce que leur stratégie est plus difficile à comprendre que celle de ceux qui sont monoproduit.Quel est votre pronostic en ce qui concerne une éventuelle reprise ? Sur quels types de segments devrait-elle intervenir en premier ?Pour ce qui est des constructeurs, la reprise n’est pas attendue avant six mois. Et encore, elle sera sans doute assez molle. Pour les opérateurs, cela se présente plutôt mieux avec des signaux encourageants dans le compte de résultat de certains d’entre eux. D’autres, comme Telefónica Móviles ou TIM, marchent carrément bien sur leur marché domestique. En général, ce sont les mobiles qui devraient tirer la croissance et financer le désendettement grâce à la progression du résultat d’exploitation. Les opérateurs rentrent aujourd’hui dans le rang et ne spéculent plus, mais cherchent à gagner de l’argent sur leur c?”ur de métier.Hormis les SMS, comment expliquez-vous l’enchaînement aussi rapide des désillusions pour tout ce qui relève du domaine du multimédia mobile (WAP, GPRS et UMTS) ?C’est surtout une question d’absence de normalisation, mais aussi un manque de visibilité et de positionnement de ces technologies par rapport aux services offerts.Pensez-vous que l’on soit réellement parti pour que le cellulaire cannibalise un jour le fixe ? Y compris en volume ?Absolument. Il n’y a qu’à regarder les comptes des opérateurs mobiles pour s’en convaincre. Il y a, ainsi, entre 1 et 2 % du trafic qui bascule chaque trimestre. De même, le retour des offres couplées fixe-mobile, notamment auprès des entreprises, abonde dans ce sens. “
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