L’organisation informatique autour du programme Copernic du Minefi (*) se met en place. Quels objectifs stratégiques va-t-elle accompagner ?Il s’agit de refondre, progressivement, l’informatique de toute la partie fiscale du ministère pour l’orienter vers le contribuable. Entreprises et particuliers se verront offrir, par étape, ce que nous appelons le “compte fiscal simplifié”?” c’est-à-dire l’ensemble des services pour gérer commodément les affaires fiscales courantes. A partir d’un premier bouquet (portail fiscal, téléprocédures, simulations, informations fiscales, etc.) dès 2001-2002, les fonctionnalités s’enrichiront jusqu’à l’horizon 2005. Par exemple, avec des informations personnalisées en mode “push” sur abonnement (fin 2002), la téléconsultation de son dossier fiscal (première étape dès l’an prochain) ou la compensation entre impôts, si les obstacles juridiques actuels sont levés. L’accès à ces services s’effectuera à travers le multicanal. Nous allons importer ce concept répandu dans le secteur bancaire. A terme, les entreprises et particuliers pourront déclarer et payer leurs impôts, et consulter leur compte par le canal de leur choix : guichet, internet, téléphone et, peut-être, TV interactive, etc. Sur le plan fiscal, le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie était, jusqu’à présent, essentiellement perçu comme une administration de contrôle. En six ou sept ans, il devra effectuer une révolution culturelle pour devenir tout autant une administration de services ?” mais davantage disponible grâce aux centres d’appel à horaires élargis ou aux téléprocédures ?”, en capitalisant sur la migration des systèmes d’information de ses deux directions générales directement impliquées : celles des impôts et de la comptabilité publique.Quelle est la particularité de votre service dénommé “programme Copernic” ?Il est né de la fusion des maîtrises d’ouvrage des directions générales des impôts et de la comptabilité publique. Ces deux dernières travaillaient de façon séparée. Aujourd’hui, elles mettent en commun des moyens importants pour créer un système d’information unifié orienté usagers. L’équipe, qui aura vu ses effectifs quadrupler depuis avril 2000, atteindra deux cent cinquante personnes en juin prochain. Ce chiffre inclut des contractuels et l’assistance externe (SchlumbergerSema et Cap Gemini Ernst & Young). Nos deux anciennes maîtrises d’ouvrage disposaient de compétences en matière de conduite de projets isolés, mais pas globaux comme Copernic. Le programme implique, en effet, la conduite de plusieurs dizaines de projets en parallèle et l’intégration d’une offre globale et inédite de services. D’où la nécessité d’une assistance externe pour bâtir le futur système informatique fiscal unifié.Vous devez faire évoluer la partie back-office de l’informatique fiscale du Minefi (*). Pouvez-vous dresser un état des lieux de l’existant ?L’informatique de production du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie repose sur des systèmes verticaux et cloisonnés calés sur l’organisation actuelle. On s’est en effet contenté, jusqu’à présent, d’automatiser des métiers (saisie des déclarations, recouvrement, contentieux, etc.) et des processus papier (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, etc.) avec des données fortement cloisonnées, notamment sur le plan géographique. Par exemple, le système d’information d’aujourd’hui ne pourra pas faire apparaître qu’une personne paie à la fois des impôts locaux à Paris, pour sa résidence principale, et en province, pour sa résidence secondaire. On ne pourra donc pas lui permettre, même si elle le souhaite, de payer les deux en une seule fois. Pour l’instant, nous en sommes à la réurbanisation, au redécoupage stratégique ?” phase qui précède la migration vers le système cible. Les difficultés sont accrues en raison du nombre d’applications impactées : on en recense plus de cent cinquante. Une quinzaine d’entre elles, très structurantes, migreront les premières. A terme, nous conserverons seulement le c?”ur de nos applications historiques et celui-ci sera connecté à des référentiels transversaux.Quels défis devez-vous relever ?En ce qui concerne la livraison de la majorité des nouveaux services, le respect des délais constitue la priorité. Quitte à ne pas fournir immédiatement la totalité des fonctionnalités. Par contre, en matière de téléprocédures, les impératifs de confidentialité et de sécurité priment toujours. Ce qui signifie que nous n’arbitrerons jamais contre cette dernière.Depuis le lancement de Copernic, la maîtrise d’ouvrage du programme a-t-elle inauguré de nouvelles façons de faire ?Auparavant, les maîtrises d’ouvrage ne travaillaient que pour des utilisateurs internes. Elles n’avaient quasiment jamais conçu de produits pour les contribuables. Aujourd’hui, nous avons découvert le travail en direct avec eux. Désormais, notre méthodologie de pilotage de projet intègre l’échange avec des panels de contribuables ?” dès la définition des fonctionnalités et pendant la phase de développement et de recette. Ces derniers testent nos services avant leur mise en ligne. Par exemple, la téléprocédure TéléTVA a été expérimentée, en janvier 2001, par des entreprises volontaires avant l’ouverture officielle du service en avril.Une réorganisation des services fiscaux impliqués va-t-elle précéder la refonte informatique proprement dite ?En tant que maîtrise d’ouvrage informatique, nous ne sommes pas chargés de la réingénierie globale des processus administratifs au-delà du strict accompagnement des produits que nous livrons. Une évolution aussi profonde du mode de relation avec les usagers aura naturellement un impact important sur l’organisation et les méthodes de travail que les deux directions générales s’attachent à anticiper. Son rythme dépendra cependant de la vitesse d’adhésion des contribuables aux nouveaux services qui leur seront proposés.(*) Le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
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