Gilles Delcourt se définit comme un perturbateur qui respecte les lois de la physique plutôt que les règles de l’art, incertaines mais connues. Il explique quelques erreurs à éviter en matière de compatibilité électromagnétique
(CEM). Il est le fondateur d’APEI, une société de conseil en compatibilité électromagnétique sur site.
01 Réseaux : Pouvez?”vous définir un problème classique de CEM ?
Gilles Delcourt : Sur un réseau sur lequel je suis intervenu, il n’était pas évident de faire le lien entre, d’une part, l’apparition de désordres dus au déplacement du poste et, d’autre part,
les perturbations et dommages liés à la foudre. Les logiciels n’ayant subi aucune modification, le problème venait du matériel ou de son installation. Une des particularités de la CEM est que les dysfonctionnements sont très aléatoires et se
traduisent par des phénomènes incompréhensibles.
Avant le déplacement du poste, les câbles de données couraient par terre le long des plinthes, à proximité de l’alimentation électrique. Une des règles de base de la CEM, à savoir rapprocher les câbles d’un même système,
était donc respectée. Pour desservir le poste dorénavant situé de l’autre côté du couloir, il était plus pratique de faire passer le câble de données dans le faux plafond, par?”dessus le couloir, alors que l’alimentation
électrique est toujours distribuée à hauteur de plinthes. La distance entre le câble de données et l’alimentation électrique du poste a créé une surface de boucle, qui a réceptionné le champ magnétique des perturbations, aussi bien celui des
parasites électriques que celui de la foudre.
Mais une seconde condition était nécessaire pour que le système soit perturbé : l’écran des câbles informatiques n’était pas du tout raccordé et n’apportait donc aucune protection électromagnétique. Le remède
était simple : il a consisté à soigneusement raccorder le blindage au châssis des équipements à ses deux extrémités, en veillant à ce que la continuité soit bien assurée sur les prises murales. Si les connecteurs n’autorisent pas un
contact de l’écran ou du blindage à 360?’, on peut établir la continuité en utilisant le drain raccordé sur un neuvième point, à la condition que sa longueur ne dépasse pas deux à trois centimètres.Y avait?”il une autre solution, selon vous ?
L’autre remède aurait été de dérouter le câble informatique pour le faire passer à hauteur de plinthes, ce qui était plus difficile ici. Cet exemple est typique de ce que l’on rencontre habituellement sur le terrain en cas de
dysfonctionnements aléatoires dus aux perturbations électromagnétiques. Il y a, d’une part, la surface de boucle et, de l’autre, un blindage ou un écran absent ou non raccordé à ses deux extrémités.Que convient?”il de faire en cas de litige ?
Quand un système électronique est soumis à des dysfonctionnements aléatoires, il est a priori difficile de savoir s’il s’agit d’un problème de CEM, d’un bogue du système
d’exploitation, d’un bogue de l’application ou d’une panne physique aléatoire due, par exemple, à la température. Lors de ces troubles, il arrive souvent que les fournisseurs se rejettent la responsabilité, sans
d’ailleurs prouver quoi que ce soit. Pour lever le doute, il existe un excellent juge de paix : la norme EN 61000?”4?”4 ou CEI 61000?”4?”4. Elle décrit les caractéristiques que doit posséder un générateur de
transitoires rapides en salves (ou parasites secteur). Il est ainsi possible d’évaluer le niveau d’immunité global de l’équipement ou de l’installation.
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