Notre monde court-il à la catastrophe ? » C’est la question que pose Gilles Babinet dans son livre « Ere Numérique, un nouvel âge de la connaissance » (Editions Le Passeur). Sa réponse : non, évidemment. Mais, tel le lanceur d’alerte qu’il a toujours été, il prévient que les choses ne vont pas se faire toutes seules et encore moins en craignant la révolution digitale qui s’impose à la planète.
Dans cet essai, Gilles Babinet ne sous-estime pas la difficulté de transformation à accomplir. « Gutenberg a changé le monde. Avec Internet, c’est pareil, mais en plus fort », résume l’ancien président du Conseil National du Numérique qui estime que l’humanité aura été touchée par trois découvertes : le feu, l’imprimerie et le numérique.
Ce constat est vécu d’un bout à l’autre de la planète, mais, en France, il bouscule profondément notre organisation jacobine. « Nous sommes dans l’ère du crowd. Tout le monde doit participer à la société. C’est la promesse du numérique. » Le problème est que pour s’y lancer, il faut une impulsion au plus sommet de l’État pour appréhender les changements qui s’imposent. Pour l’auteur, cinq domaines sont prioritaires : la connaissance, l’éducation, la santé, la production et l’État.
Faire entrer la société dans ce nouvel âge
« Le problème de fond est que nos dirigeants n’ont pas de vision malgré le fait qu’ils soient des utilisateurs de matériels et de services numériques », regrette-t-il. « Ce qui nous pénalise, c’est cette absence de culture numérique » qui ne permet pas de faire face à cette « révolution qui ne fait que commencer ».
En disant cela, Gilles Babinet fait allusion à ces secteurs de l’économie confrontés à une nouvelle concurrence qu’ils ne comprennent pas. Récemment, cette situation est apparue au grand jour dans plusieurs secteurs d’activités : la pharmacie, les opticiens, les librairies, la presse, les taxis. Et ce n’est qu’un début.
« Il y a une évolution extrêmement forte du marché de l’emploi qui est une conséquence de l’ère numérique. Il faut le regarder en face. Certains emplois vont disparaitre et, pour certains, plus vite qu’on ne le pense. Il faut s’organiser pour le monde de demain. […] Nous allons sans doute avoir, à long terme, un problème d’employabilité. D’une certaine manière, c’est la fin de l’ère du travail. Bientôt, les machines seront capables de produire les biens et les services dont nous avons besoin. Mais, quand on crée beaucoup de richesse, il faut savoir la partager. »
Plus qu’un programme politique ou économique, Gilles Babinet lance un appel aux décideurs du public et du privé pour faire entrer la société dans ce nouvel âge. Et, pour réussir cet enjeu, ce geek propose de revenir aux fondamentaux : l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. « Actuellement, 20% de la population sort de l’école sans savoir lire et écrire. C’est la première injustice de notre société, même si l’éducation à Internet est de toute importance. »
Gilles Babinet est président du conseil d’administration de Captain Dash, Eyeka, MXP4 et Digibonus. En 2011, il a été élu premier Président du Conseil national du numérique. Il a été nommé en 2012 « Digital Champion » par la ministre déléguée au Numérique Fleur Pellerin auprès de Nelly Kroes, la commissaire européenne chargée du Numérique. Il est aussi l’auteur du rapport Pour un New Deal numérique.
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