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Ghost, la messagerie chiffrée des criminels, a été démantelé par la police

Ghost, une application de messagerie chiffrée utilisée par des réseaux criminels, est tombé entre les mains de la police. Après avoir piégé les gangsters avec de fausses mises à jour, la police a arrêté des dizaines de suspects et empêché plusieurs crimes graves. L’architecte de cette app a été interpellé dans la foulée.

Les forces de l’ordre australiennes sont parvenues à mettre un terme à Ghost, une application de messagerie chiffrée utilisée par des réseaux criminels internationaux pour planifier leurs activités. Conçue en 2017 par un individu appelé Jay Je Yoon Jung, la messagerie a permis à des centaines d’organisations criminelles de communiquer anonymement pendant des années. Elle était proposée en open source.

Comme l’explique Ian McCartney, le commissaire adjoint de la police fédérale australienne, Ghost a été utilisé par des « centaines de criminels, y compris par le crime organisé italien, les membres de gangs de bikers, le crime organisé du Moyen-Orient et le crime organisé coréen ». En passant par la messagerie chiffrée, les criminels ont pu organiser leurs trafics de drogues, commanditer des assassinats ou planifier des enlèvements.

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Une opération d’infiltration d’envergure

Pour démanteler Ghost, les enquêteurs ont d’abord infiltré les terminaux ayant installé l’application. Avec l’appui des autorités d’autres pays, dont la France, les policiers ont diffusé de fausses mises à jour logicielles pour infecter les appareils des utilisateurs australiens de Ghost. Le fondateur de Ghost publiait en effet régulièrement des mises à jour logicielles.

Les appareils utilisés pour converser via Ghost étaient des smartphones modifiés, vendus à environ 2 350 dollars australiens ( plus de 1400 euros) par les pirates. Ce prix comprenait un abonnement de six mois à Ghost et une assistance technique dédiée. Plus de 350 téléphones avaient installé la messagerie des criminels.

Par la suite, la police a pu accéder aux communications des criminels. Cette collaboration internationale, diligentée par Europol depuis 2022, a permis de surveiller plus de 125 000 messages et 120 appels vidéo passés entre les criminels. La surveillance, qui s’est étalée sur deux ans, a surtout permis à la police d’empêcher 50 crimes, directement organisés sur Ghost. Comme l’explique Kristy Schofield, commissaire adjointe de la police fédérale australienne, les policiers ont notamment intercepté la photo d’une personne avec un pistolet sur la tempe. Les autorités ont rapidement réagi pour sauver la vie de l’individu.

L’opération a bénéficié de l’expertise technique des autorités françaises. Selon la police australienne, c’est en effet la France qui a fourni les outils pour déchiffrer les communications sur Ghost. Au total, ce sont les forces de l’ordre de neuf pays qui ont été mobilisées.

« Aujourd’hui nous avons démontré que les réseaux criminels, aussi cachés qu’ils puissent se croire, ne peuvent échapper à notre effort collectif », s’est félicité Catherine De Bolle, la présidente d’Europol.

Des dizaines d’arrestations

De fil en aiguille, les enquêteurs ont pu remonter jusqu’à l’identité des criminels qui utilisaient Ghost. En Australie, 38 suspects ont été arrêtés au terme de l’opération. Des interpellations ont également eu lieu en Italie, en Irlande, en Suède et au Canada.

Les forces de l’ordre ont aussi pu retrouver la trace de Jay Je Yoon Jung, le créateur de l’application. L’homme de 32 ans a été arrêté à son domicile à Sydney. Il n’avait pas de casier judiciaire et pilotait toute l’infrastructure de Ghost, dont un important réseau de vendeurs de smartphones modifiés, depuis la maison de ses parents. Accusé de cinq délits, dont le soutien à une organisation criminelle, il risque jusqu’à trois ans de prison.

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Source : APNews


Florian Bayard
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