15,5 milliards d’euros. C’est ce qu’a représenté le marché des biens techniques en France, en 2013, en baisse de 2% par rapport à l’année 2012, dans une contexte où l’Europe de l’Ouest se place en baisse de 5% par rapport à l’année 2012, avec l’Espagne qui sombre de 11%. Les prévisions pour 2014 sont prudentes, à 15,6 milliards, en légère hausse, donc.
Saturation structurelle
« La France n’est pourtant pas condamnée à rester dans cette ornière », indique Julien Jolivet, de GfK. Car cette baisse n’est pas tant conjoncturelle que structurelle. L’effet de la crise étant d’ailleurs absent en Amérique du Nord avec 3% de croissance ou même en Amérique latine, avec 2% de hausse.
La France souffre d’une saturation de certains secteurs du marché des biens techniques, avec un taux de multi-équipement, qui ne laisse pas de place à une croissance forte. Ainsi, 75% des foyers français sont équipés d’un PC, d’un téléviseur récent, d’un appareil photo numérique, etc. Au point d’ailleurs que la décroissance de 2% en France est fortement liée au marché des téléviseurs (qui passe de 2,9 à 2,5 milliards) même si les téléphones et les tablettes compensent en partie cette baisse en grimpant de 3,5 milliards d’euros en 2012 à 4,4 milliards en 2013.
Mais les analystes de GfK estime que le marché des téléviseurs est « à l’aube d’un nouveau cycle », fait de plus de connexion à Internet (30% des téléviseurs en 2014 seront conenctables), de plus de contenus OTT (Netflix et autres), de 4K et de plus grandes dalles. Michael Mathieu, responsable des secteurs Images et Télécommunications, indiquait d’ailleurs que pour pousser la croissance des téléviseurs 4K, on devrait certainement voir arriver des appareils dotés de dalles plus petites 40 ou 42 pouces. Le prix sera alors plus abordable et accrochera l’attention, « même si l’apport utilisateur est moindre sur ces tailles d’écran ». Il rappelait toutefois qu’on a bien vu des téléviseurs de 20cm en Full HD au début de cette technologie. L’objectif est de lancer un cycle d’adoption.
Le salut vient du connecté
En 2013, parties des tablettes et smartphones avant de prendre comme un feu de brousse, le connecté a été porté « comme la bannière de la (re)conquête de la croissance » sur le marché des biens techniques, expliquait les représentants de GfK lors de la présentation de leur bilan de l’année passée.
Aujourd’hui, le « connecté est conçu comme un facteur de succès », expliquait Julien Jolivet. Car les produits connectés préfigurent « une situation normative dans les foyers », la tendance est à la connexion au Net pour tous les appareils de notre maison. 50% des appareils vendus en 2013 l’étaient de manière autonome. Chaque foyer en comptait en moyenne 5,9.
Evidemment, le smartphone joue un rôle central dans cet écosystème connecté. Mais il est à noter qu’en France, les mobiles classiques représentent encore un poids conséquent en termes de volumétrie de ventes.
Smartphones en détails
Ainsi, pour 2014, sur les 23,5 millions de téléphones mobiles qui devraient être écoulés dans l’Hexagone 5,9 devraient être des portables classiques. Soit trois fois plus qu’en Espagne, expliquait GfK. Mais ce secteur a connu une petite révolution ces deux dernières années, avec l’arrivée de Free Mobile. Un tiers des téléphones sont désormais vendus nus, à 22% dans des hypermarchés et 25% dans des enseignes multispécialistes. Cette reprise de terrain par des acteurs de la distribution s’accompagne d’une baisse de prix des appareils. Les smartphones à moins de 100 euros représentent 27% des ventes de téléphones intelligents en 2013, selon GfK. Les smartphones coûtant entre 100 et 150 euros comptent pour 21%.
Le Post PC ou pas ?
Une baisse des prix et donc de la valeur générée qu’on retrouve également sur le marché des tablettes, avec une valeur moyenne à 240 euros. Tablettes, PC Portables et de bureau ont pesé pour 11 millions d’unités en 2013, avec une grosse majorité de tablettes (6,2 millions d’unités) contre 4 millions pour les PC portables et seulement 0,8 pour les PC de bureau. Tristan Bruchet, analyste pour GfK pour les produits IT (PC, tablettes, etc.), précise que seulement 5% des personnes équipées de tablettes ne possèdent pas de PC. Un chiffre qui montre bien que les tablettes ne concurrencent pas directement les ordinateurs mais correspondent plutôt à des usages différents, de consultation. La production reste l’apanage des PC.
Une séparation des usages qui conduit à la montée en puissance des TabletPC, une « offre en devenir » (avec 130 000 unités écoulées en 2013) qui fait cohabiter les deux types d’appareil.
Pour 2014, GfK voit d’ailleurs un avenir radieux pour les TabletPC avec 2,5 fois plus d’unités écoulées. Ce qui explique d’ailleurs que le cabinet d’études planifie qu’un quart des notebooks seront tactiles en 2014 contre 7,5% en 2013.
Les tablettes devraient grimper à 7,5 millions d’unités en France, soit une hausse de 21% par rapport à 2013. En revanche, les PC (portables ou de bureau) verront leurs ventes unitaires chuter de 5% à respectivement 3,7 et 0,7 millions d’unités. Peut-être Windows 8.2 ou 9 arrivera-t-il à endiguer ce désintérêt pour les PC. Mais c’est peu probable car la question n’est pas là, semble-t-il, mais bien plutôt au niveau des usages. Ceux permis par les tablettes étant suffisants à la plupart des utilisateurs.
La connexion ultime, les objets intelligents
Si le marché du PC se meurt, un autre marché naît, celui des objets connectés intelligents. Il n’en est pour l’instant qu’à ses balbutiements. Il n’a généré que 64 millions de chiffres d’affaires en France en 2013. Mais l’accélération pourrait être fulgurante avec pas moins de 150 millions d’euros de CA en 2014 et 400 millions en 2015.
L’objet intelligent aura en tout cas intérêt à l’être. Pour 47% des utilisateurs éventuels (Panel Consumer Choices de GfK), il devra leur simplifier la vie et leur faire gagner du temps. Pour 27%, il devra les alerter en cas d’oubli. Enfin pour 20% des utilisateurs potentiels, il devra les rendre plus intelligent et devra se piloter à distance. L’objet intelligent revêt tous les attributs de la science fiction à portée de la main, mi fantasme mi réalité.
En tout cas, en 2014, sur 88 millions d’appareils qui se vendront, 57% devraient être connectés et 1% seront intelligents… En 2020, 60% des objets vendus seront « smart », et 25% connectés seulement, selon GfK. Bonne nouvelle, l’intelligence est en route.
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