A priori, rien n’empêche les internautes d’exploiter à leur guise les fichiers son, image et vidéo présents sur le web. Exception faite des rares qui sont protégés par des logiciels de gestion de droits numériques (DRM en anglais pour Digital Rights Management) tels que RealSystem Media de RealNetworks, Commerce Edition d’Intertrust, Windows Media DRM de Microsoft ou SoftSeal de SealedMedia. “Ces logiciels sécurisent la distribution des fichiers en les protégeant contre les accès non autorisés, la copie et la diffusion illicites. Ils gèrent le contenu tout au long de son cycle de vie : du producteur au distributeur et jusqu’aux consommateurs, et même des consommateurs vers d’autres consommateurs en autorisant ou non des transferts”, rapporte Emmanuel Sajot, directeur de Pearson Education Numérique France et d’ Inform-IT.fr. Grâce à SoftSeal de SealedMedia, ce site protège la vente en ligne de ses e-books et garantit le respect de la propriété intellectuelle et des droits d’auteurs (*).“Avec l’apparition du MP3, les ayants droit sont devenus sensibles à la question du piratage sur Internet. Windows Media DRM de Microsoft offre une sécurité qui nous aide à les convaincre de nous confier leurs contenus”, constate Pascal Soveaux, directeur technique de NetCiné.com. Ce site loue des vidéos à la demande et limite leur visualisation à 24 heures. “Aucun logiciel ne peut être sûr à 100 %. Les CD n’offrent d’ailleurs pas cette sécurité : la cryptographie ne les protège pas”, relève Sophie Bramly, chef de projet du groupe Universal. Celui-ci a retardé de cinq jours la mise en ligne de son site e-compil.fr, provisoirement menacé par FreeMe, un logiciel libre apparu pour craquer la sécurité de Windows Media DRM (lire encadré). Pour ces témoins, il s’agit non seulement de protéger l’accès au contenu, mais aussi d’imposer des règles associées à son utilisation.
Une gestion souple des licences
Pour ce faire, les outils de gestion des droits chiffrent le contenu avant de lui affecter des paramètres de diffusion. Les consommateurs l’utilisent ensuite selon ces droits acquis par l’achat de licences en ligne et qui auront été paramétrés par le diffuseur.Comme leurs concurrents, les logiciels de Microsoft et de SealedMedia permettent de fixer des périodes de validité définies en fonction d’une date de début et de fin, d’une date d’expiration des droits ou encore de limiter le nombre de lectures d’un fichier, de copies ou d’impressions, etc. “Le stockage et la distribution des licences et des fichiers étant séparés, on peut modifier les modalités d’attribution des licences sur le serveur sans avoir à reconditionner et à redistribuer les fichiers”, s’enthousiasme Emmanuel Sajot. Flexible, la gestion des licences peut pourtant se révéler assez délicate. “Nous affectons une licence par ordinateur pour empêcher la diffusion illicite des vidéos”, rappelle Pascal Soveaux. Inconvénient immédiat : il est impossible de transférer la licence du PC de bureau au portable, par exemple. Le groupe Universal a choisi pour son site e-compil.fr un paramétrage différent. “La définition des droits inscrits dans les licences a réclamé une étude qualitative. Celle-ci a révélé que l’ordinateur n’est pas l’outil favori pour écouter de la musique, e-compil.fr autorise donc un téléchargement, une gravure et trois transferts de fichiers vers les baladeurs MP3″, précise Sophie Bramly, chef de projet.
Bien choisir sa plate-forme
La facilité d’intégration d’un logiciel de gestion de droits dépend fondamentalement de la technologie du site. Elle réclame en général des compétences en matière de développement de pages dynamiques. “Windows Media DRM fournit des objets COM [Component Object Model, Ndlr] prêts à l’emploi pour protéger les fichiers et gérer l’attribution de licences. Il s’agissait de les encapsuler dans notre plate-forme ASP [Active Server Page, Ndlr]”, précise Pascal Soveaux. L’intégration de ces objets COM à la plate-forme Linux d’ e-compil.fr est plus difficile. “Il existe peu de solutions packagées qui ne requièrent pas de développement spécifique”, note Sophie Bramly qui s’adresse, pour ce faire, à son prestataire Fullsix. InformIT.fr a opté pour une solution en mode FAH. L’intervention technique est alors plus légère. “Le plus difficile est de paramétrer les licences et leur mode de distribution. Cela dépend des modèles commerciaux choisis. Par exemple, modéliser le schéma d’un paiement à la demande oblige à des enchaînements de pages complexes”, estime Pascal Soveaux. NetCiné.com a choisi de faire intervenir le paiement avant la diffusion du fichier. Pour Emmanuel Sajot, “le paramétrage des licences et de leur distribution s’effectue rapidement : l’interface de SealSoft est conviviale “. Une des difficultés consiste à choisir une plate-forme tant les offres se différencient par leurs architectures, leurs coûts et les prestations nécessaires à leur mise en ?”uvre. Ainsi, Windows Media DRM est gratuit mais ne fonctionne qu’avec Windows 2000 Server ou Windows 2000 Advanced Server. Chez NetCiné.com, l’intégration de ce logiciel a mobilisé un développeur pendant deux semaines. Enfin, le ticket d’entrée de la solution FAH de SealedMedia s’élève à 30 000 ? ht (196 790 F). À cela s’ajoute une commission d’environ 5 % sur chaque licence délivrée. L’acquisition de la licence du serveur coûte 200 000 ? ht (1,3 million de francs).(*) À noter, le groupe Pearson ayant décidé d’arrêter l’activité numérique, Numilog exploitera bientôt le fond d’e-books constitué par InformIT.fr, lequel ne vendra plus que des livres classiques.
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