Les iPBX ont fort à faire pour s’imposer. Ils se heurtent au poids de l’existant, constitué par un immense parc de PBX à commutation de circuits. La genèse de ces derniers remontant à des décennies, ils sont synonymes d’une infrastructure, d’une culture technique et d’équipes dédiées, tandis que leurs délais d’amortissement sont couramment compris entre cinq et dix ans. Certaines entreprises opteront pour la politique de la table rase. Et cela concernera sans doute plus facilement les PME, cible unique de 3Com, d’ailleurs le seul fournisseur d’iPBX à ne pas ménager de véritables voies de migration. Mais nombre de grandes entreprises préféreront une migration progressive avec, en corollaire, une phase de cohabitation.Nortel Networks, Avaya Communication, Alcatel soignent particulièrement cette problématique, du moins lorsqu’ils s’adressent à leur base installée. Ils ont d’abord porté leurs liens CTI propriétaires. Ensuite et surtout, ils ont choisi d’offrir à leurs iPBX les mêmes fonctionnalités que leurs PBX, y compris le routage automatique des appels, ainsi que le support des mêmes protocoles de fonctionnement en réseau. Dès lors, la signalisation est échangée de façon transparente sur le réseau IP, auquel sont raccordés PBX et iPBX, et il devient possible de migrer par appartement. Siemens et Ericsson offrent également des possibilités d’interopérabilité, mais forcément limitées aux fonctions téléphoniques communes aux PBX et aux iPBX.Toutes les entreprises n’ont pourtant pas un parc homogène ou ne restent pas systématiquement fidèles à leur fournisseur historique. L’ensemble des constructeurs de PBX, ainsi que Cisco, offrent alors une interconnexion essentiellement réduite au RNIS et au protocole Q.sig, déjà largement mis en ?”uvre lorsqu’il s’agissait de faire cohabiter des PBX hétérogènes interconnectés les uns avec les autres.
Ne pas négliger la qualité de service
Que la migration soit massive ou progressive se pose la question de la qualité de service. Elle est abordée sous différents angles : le dimensionnement des tuyaux, la gestion des flux IP et le retour éventuel au RTC. D’abord, le dimensionnement du réseau doit faire l’objet d’une étude prenant essentiellement en compte le débit de chaque communication (fonction de l’algorithme de compression), ainsi que le nombre de communications simultanées sur chaque n?”ud (commutateur, concentrateur ou routeur). Il est, en outre, conseillé de dédier 1 port au terminal téléphonique, qui peut comporter lui-même 2 ports commutés.Or, lorsqu’on touche au transport de la voix, on ne peut guère faire l’impasse sur une gestion fine de la qualité de service. La plupart des téléphones IP et des passerelles sont capables d’ajouter une balise supplémentaire aux trames afin que des mécanismes d’affectation de priorités, comme DiffServ, et, plus rarement 802.1 Q et p ou RSVP, puissent être appliqués. Mais, seul un serveur de règles permet de globaliser cette gestion. A priori, celui-ci n’a pas besoin de provenir du même fournisseur. Cisco, Avaya et Nortel mettent toutefois en avant leurs offres, qui cumulent iPBX et serveurs de règles, ces derniers permettant alors de définir de façon plus explicite des règles s’appliquant au trafic vocal.Toutefois, lorsque le réseau est dépassé par les événements, l’activation de mécanismes de gestion de la qualité de service ne suffit plus. Cisco se propose alors d’analyser le trafic entre routeurs distants. En cas de risque d’engorgement, le trafic peut être canalisé à l’initiative de l’un des routeurs ou du gestionnaire d’appels, soit vers un autre réseau de télécoms, soit vers un opérateur de voix sur IP, ou encore, vers le RTC. Dans ce dernier mode, également géré par Alcatel, Nortel ou Avaya, la voix emprunte le chemin du réseau téléphonique traditionnel, tandis que le transport de la signalisation reste confié au réseau IP. Une telle distinction permet de conserver le même profil utilisateur et les mêmes fonctionnalités.
Préférer le remplacement des postes
Cette possibilité est opérationnelle dans le cas de télétravailleurs ou d’employés situés sur des sites dont les tuyaux IP sont insuffisants pour transporter la voix. Ils piloteront, en effet, leur bon vieux téléphone, à partir de leur navigateur ou d’une application client dialoguant via un réseau IP, qui peut être Internet, avec le gestionnaire d’appels de l’entreprise.La migration vers une solution de type iPBX concerne également les postes téléphoniques. Dans certains cas, il peut être judicieux d’intercaler une passerelle permettant d’assimiler un groupe de téléphones traditionnels à des téléphones IP. En revanche, le coût des interfaces transformant individuellement chaque téléphone est dissuasif, tandis que la viabilité d’une évolution des PC, afin qu’ils puissent supporter un logiciel de téléphonie, est grandement dépendante du parc existant. Finalement, le choix d’un téléphone IP natif se révèle certes coûteux mais souvent préférable, dans la mesure où il évite de désorienter les utilisateurs. À noter que leur alimentation électrique pose des problèmes que l’on ne rencontrait pas avec des téléphones traditionnels, qui recevaient leur tension 48 V du PBX.Enfin, il ne faut pas négliger les aspects organisationnels et humains. En effet, le déploiement d’un iPBX sonne souvent le glas des équipes dédiées à la téléphonie, qui se verra progressivement confiée à la cellule réseau.
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