Créé en 2000, le RNTL (Réseau national en technologies logicielles) pourrait voir son action se terminer à la fin de l’année 2005, faute de crédit. Son rôle dans l’industrie française du logiciel est pourtant crucial. Domaine
stratégique pour l’économie nationale, cette industrie se compose, dans l’Hexagone, d’une multitude de petits éditeurs, qui, même s’ils investissent chacun de leur côté dans la R&D, ne disposent pas d’une assise financière suffisante pour se
frotter aux géants mondiaux de l’informatique.En les associant aux recherches menées par les laboratoires universitaires et les grands groupes industriels, le RNTL a donné une taille critique à bon nombre de leurs projets. A l’occasion de la publication d’un livre blanc, le
président du Comité d’orientation du RNTL, Gérard Roucairol, dresse pour 01 Informatique le bilan de trois années d’existence.01 Informatique : Quels résultats concrets avez-vous d’ores et déjà obtenus ?Gérard Roucairol : Nous avons labellisé cent trente-quatre projets de recherche, représentant un investissement global de 247 millions d’euros. La moitié de ces projets ne se seraient pas réalisés sans le
financement du RNTL. Ils ont ainsi permis à quatre cents entreprises et laboratoires de recherche de travailler ensemble sur des objectifs communs.Ces projets participent-ils d’une vision globale ?Tout à fait. La plupart des laboratoires associés au CNRS se sont retrouvés sur au moins une de nos quatre grandes thématiques. Nous avons ainsi contribué à orienter utilement l’ensemble des recherches en France dans le domaine de
l’informatique. Nous avons, en particulier aiguillé les projets open source ?” présents dans 40 % des projets labellisés ?” vers les domaines sensibles, couverts exclusivement par des technologies propriétaires. Le projet
Impact, qui a donné naissance au consortium Objectweb, avait, par exemple, pour objectif de créer une infrastructure logicielle de base, conforme aux principes du logiciel libre.Les entreprises associées dans le réseau ne sont-elles dans ce contexte que de simples ‘ clients ‘ des laboratoires de recherche ?Pas du tout. Les transferts de technologies sont, au contraire, à la base de notre mode de fonctionnement. Nous ne soutenons que des projets mixtes, sur lesquels la recherche publique et les entreprises sont associées. Chercheurs,
petites entreprises high-tech et grands utilisateurs… Ce triptyque, sur lequel sont construits 80 % des projets du RNTL, forme un véritable cercle vertueux. Le laboratoire valorise ses recherches, l’utilisateur bénéficie de l’avancée
technologique des chercheurs, et la start up se bâtit de solides références.Comment s’effectue cette coopération ?La jeune pousse est chargée d’industrialiser et de vendre les produits issus des projets. Elle bénéficie ainsi, pour pénétrer le marché, de la compétence technologique des grands utilisateurs et d’une solide référence. Ce dispositif
est, à mon avis, l’un des éléments clés de la réussite du RNTL.Il sert donc avant tout à promouvoir des jeunes pousses ?Pas seulement. En effet, l’impact technologique du RNTL sur l’ensemble de l’édition de logiciels est très fort. Nous sommes parvenus à structurer des communautés à partir des grandes plates-formes logicielles issues des projets de
recherche, et le plus souvent basées sur les principes du logiciel libre. Salomé regroupe, par exemple, de nombreux industriels nationaux autour de la simulation numérique.Que se passe-t-il une fois le projet de recherche achevé ?Nous essayons de donner une vie européenne à ces grandes plates-formes logicielles. Salomé, par exemple, a été choisie par le réseau d’excellence européen [réseau de laboratoires industriels et de recherche européens
financé par la Commission européenne, NDLR]. Quant à la plate-forme issue d’Impact, elle s’est développée au travers du consortium Objectweb, auquel adhère, aujourd’hui, un Américain comme Red Hat.Ce type d’écosystèmes est-il pour vous une sorte de modèle idéal pour l’industrie du logiciel ?Je pense surtout qu’il nous offre la possibilité de reprendre la main sur des marchés dominés par les technologies propriétaires. J’ai la conviction que nous aidons les entreprises françaises à fabriquer leurs propres
machines-outils logicielles. Et c’est très important car, en matière de logiciel, les grands utilisateurs français ne disposent que d’outils issus des technologies américaines. Le défi du RNTL est donc d’en construire de nouveaux à base de
technologies françaises. Et cela selon deux canaux : l’open source et les petits éditeurs français.
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