Quel jugement portez-vous sur l’évolution de la conjoncture économique ?Je ne constate toujours pas de reprise au plan mondial. Vous allez être étonnés par l’ampleur des résultats négatifs des entreprises au premier trimestre. Je ne sais pas comment sont faites les statistiques économiques, mais lorsque j’observe les chiffres publiés par GE ou Philips, je n’ai pas de raisons d’être optimiste. Et les conversations que l’on peut avoir avec nos clients ne me laissent guère espérer un retournement de situation au second semestre. Mais je souhaite me tromper, bien évidemment…Certaines des activités de votre société peuvent être considérées comme des indicateurs avancés en matière économique…Oui, en particulier les fils machines et les câbles basse tension de la division énergie. Sur ces deux segments, l’activité est contrastée. En ce qui concerne les fils machines, l’activité est bonne, mais nous avons sur ce segment des positions plus fortes que nos concurrents, grâce à un positionnement compétitif. En revanche, sur les câbles basse tension, que l’on appelle aussi câbles d’équipement, la réduction de notre chiffre d’affaires est de l’ordre de 5 % actuellement. On me dit toutefois que les commandes repartent à la hausse depuis le mois d’avril. J’en accepte donc l’augure.Et dans le secteur des télécommunications ?C’est la débâcle. Ce secteur est sinistré. Il n’y a pratiquement plus d’investissements en infrastructures, et quand il y en a, la concurrence est telle que les prix sont tout simplement en chute libre. Notre usine de Santander, spécialisée dans les câbles cuivre, fonctionne à moins de 50 % de ses capacités. Nous sommes dans une conjoncture qui n’est pas durable, et les activités des télécommunications redémarreront, c’est sûr. Mais en ce qui concerne l’année 2002, comme on dit “les carottes sont cuites”.Êtes-vous plus satisfait de votre activité énergie ?La division énergie, qui représente près de 50 % de notre chiffre d’affaires, se porte bien, et nous signons des contrats importants. Cette bonne santé vient en partie pallier la baisse d’activité de la division télécoms.Vous avez annoncé 1 000 suppressions d’emplois en deux ans. Faut-il s’attendre à une réduction d’effectifs importante à l’avenir ?Nous ne prévoyons pas d’annoncer de nouvelles mesures.Ces réductions tombent dans le champ d’application de la loi NRE (Nouvelles régulations économiques). Comment la jugez-vous ?Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, même aux ministres, je suis hostile à sces dispositions. Les délais d’un plan social ont été considérablement rallongés : nous sommes passés de 4 à 5 mois à 9 à 12 mois. Face à une telle absence de flexibilité, certaines entreprises pourraient être tentées de charger la barque pour éviter de recommencer ce parcours un peu plus tard. C’est une loi anti-emploi, mais c’est la loi, et donc nous l’appliquons.On vous juge parfois un peu trop prudent en matière d’acquisitions externes…Je ne souhaite pas faire de la croissance externe pour de la croissance externe. Je ne veux pas non plus faire des acquisitions, et deux ans plus tard annoncer des pertes liées au “surprix”. Je mets trois conditions à une acquisition. Qu’elle réponde à une stratégie produits ou à une stratégie géographique. Que le prix d’achat soit raisonnable. Enfin, que cette acquisition soit synergique, autrement dit qu’elle ne soit pas trop dilutive. Si ces trois critères sont réunis, nous pouvons viser une acquisition de plusieurs centaines de millions d’euros. Nous avons étudié plusieurs dossiers, mais les vendeurs étaient trop gourmands. Nous nous sommes également intéressés à certaines activités de Pirelli.Sur quel marché souhaiteriez-vous vous renforcer ?Plusieurs secteurs nous intéressent. Dans les télécoms, nous pourrions nous renforcer dans les composants d’accès. Notre endettement est très faible, nous pouvons envisager une acquisition. En cas de besoin, nous pourrions céder notre activité distribution, dont le chiffre d’affaires s’est élevé à 350 millions d’euros en 2001. Elle n’est pas directement au c?”ur de notre stratégie. En terme de positionnement, nous sommes aussi prêts à accroître la part de notre chiffre d’affaires aux États-Unis.Alcatel détient encore un peu plus de 20 % de votre capital. Compte tenu de sa stratégie de désendettement, faut-il s’attendre à une sortie à court terme ?Alcatel n’a pas vocation à rester actionnaire de Nexans. Il aurait d’ailleurs pu en céder la totalité le 13 juin 2001, puisque notre introduction a été plusieurs fois sur-souscrite. Mais je doute qu’il cède sa participation avant que nous ayons retrouvé notre cours d’introduction.
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