Passer au contenu

Genfit, les bons comptes d’une biotech

Avec ses partenariats solides et variés, son indépendance et ses profits, la société lilloise cultive l’exception.

“Nous sommes rentables depuis notre création en 1999”, souligne avec fierté Jean-François Mouney, président du directoire de Genfit. Spécialiste de la recherche de médicaments contre les désordres métaboliques, l’entreprise lilloise fait figure d’Ovni économique dans le paysage des biotechs françaises. Et pour cause : Genset, ex-valeur vedette du Nouveau Marché, réalisait en 2001 une perte nette de 47,2 millions d’euros. Pour le même exercice, les comptes de Genfit affichaient 0,75 million d’euros de bénéfices.“Genfit, c’est l’exception ! Alors que les biotechs ne sont que des centres de coût, elle a su soutenir sa recherche en signant des partenariats avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques. Elle engrange ainsi du chiffre et elle assure son indépendance, en n’étant pas affiliée à un seul acteur”, commente Philippe Grand, responsable du pôle biotechnologies d’Ernst & Young. Genfit a initié des partenariats d’une durée de 3 ou 6 ans, avec 5 grands laboratoires : Sanofi-Synthélabo, Aventis, Merck-Lipha, Fournier, et Bio Mérieux-Pierre Fabre. Mieux encore, Genfit transforme en centres de profit des activités qui auraient pu grever ses comptes. Elle filialise son département bio-informatique, It-omics, et cède sous licence ses logiciels de base de données. Elle crée une spin-off, Cardialpha, spécialisée en ingénierie d’essais cliniques qui devrait assurer, dès 2003, le suivi des premiers essais cliniques de deux molécules, l’une soignant les désordres lipidiques, l’autre prévenant les accidents cardio-vasculaires. “Genfit a intégré un schéma qui lui permet d’être présente à toutes les étapes du développement d’un médicament. Un modèle économique très saillant. Nous espérons bien l’entrée en Bourse de la biotech”, confie un analyste.

La Bourse attendra

Pour la cotation, il faudra attendre. Genfit veut lever 20 millions d’euros à l’automne, mais auprès d’investisseurs privés. “Nous cherchons un montage mixte, composé de capital-risqueurs, de fonds publics, voire d’outils bancaires classiques”, explique Jean-François Mouney. Histoire de respecter le schéma originel du capital : un tiers académique (l’institut Pasteur et l’université de Lille), un tiers aux laboratoires partenaires, le reste allant aux cadres dirigeants et aux fonds d’amorçage régionaux.Philippe Grand conclut : “Par la diversification de ses partenariats, Genfit ne peut être assimilée à la filiale d’un laboratoire. Sinon les investisseurs lui auraient signifié qu’elle n’avait d’autre issue que de se faire racheter.” À suivre.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Hélène Puel et Agathe Remoué