Puisque les concepts n’ont pas de validité s’ils ne sont pas exprimés en anglais, on proposera ” sly management ” pour cette nouvelle façon de gérer les hommes qui fait fureur dans les start up. Il y a quelques mois, quand des entreprises du Silicon Sentier expliquaient leur façon de travailler, on trouvait ça formidable : des locaux de rêve, une ambiance potache, des responsabilités en basket, et parfois, c’est vrai, des horaires un peu lourds. C’était tellement séduisant qu’on se demandait pourquoi on n’y avait pas pensé plus tôt !
Mais, depuis, des grincements de dents ont filtré par-delà les murs jaunes de la nouvelle économie. La réalité n’est pas toujours aussi idyllique. L’absence de responsabilités clairement définies crée des conflits de pouvoir et, parfois, une ambiance délétère de concurrence ; le manque d’organisation facilite la rétention d’information, et, ainsi, la mainmise des plus anciens (qui ne sont pas forcément les plus compétents) sur l’entreprise ; enfin, dans un contexte ” on-est-tous-copains “, ce qui était une remarque professionnelle devient une attaque personnelle. La sournoiserie de la part des dirigeants de start up consiste à emballer de jolis rubans un travail qui n’est pas forcément plus passionnant ou plus gratifiant qu’ailleurs à faire passer pour “cool” ce qui n’est souvent qu’un manque de professionnalisme. Les plannings, les comptes rendus, les mémos, les cahiers des charges… Tout ça, c’est pour l’ancienne économie ! Sans parler des horaires : on n’est pas des fonctionnaires ! Et puis, quand on est jeune, on peut bien sacrifier un peu de sa vie privée pour participer à une aventure que les générations futures nous envieront…
Car, la pire des sournoiseries, c’est celle-ci, qui consiste à abuser de la crédulité de salariés jeunes, enthousiastes et inexpérimentés. On les maintient dans l’illusion dorée de la nouvelle économie, on place les relations dans l’entreprise sur un mode amical, et, du coup, personne ne peut refuser ce travail si urgent demandé comme un service par son ami le chef. Et tout ça dans l’espoir de “stocks” de plus en plus optionnelles…
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