Des prévisions de résultats décevantes, un cours en chute libre et, au bout du compte, un plan de restructuration. Gameloft déçoit. L’éditeur français de jeux vidéo en ligne a subi un sérieux revers qu’il attribue à la faiblesse du marché publicitaire sur le Web, la source principale de ses revenus.A la direction générale de la société, entrée au Nouveau Marché en juin 2000, on anticipe un chiffre d’affaires sur l’année de 4,6 millions d’euros (30 millions de francs) au lieu des 11,4 prévus initialement.Sur le 1er semestre, clos à la fin février 2000, le chiffre d’affaires atteint péniblement le 1,5 million d’euros dont les trois quarts proviennent de la publicité. Le solde résultant de la vente de jeux en ligne et, dans une moindre mesure, de la prestation de services (création, hébergement de sites). Et les perspectives d’avenir, en regard de la faiblesse du marché publicitaire sur internet, pousse le PDG Gérard Guillemot à prendre des mesures radicales : sa société, qui éditait il y a encore une semaine pas moins de douze sites de jeux à travers le monde, réduit la voilure.Tous les sites permettant aux internautes de jouer gratuitement sont fermés, à l’exception des versions chinoise, allemande et espagnole. 120 postes (sur 170) sont menacés directement par le plan de restructuration qui devrait aboutir à une réduction de 50 % des frais de fonctionnement.A la fin du mois de mai, les effectifs seront stabilisés à 50 personnes, certains salariés se verront proposer un reclassement dans les autres structures des frères Guillemot. Notamment chez Ubi Soft, actionnaire à hauteur de 15 % de Gameloft. En pleine déconvenue du marché français de l’édition de jeu en ligne, c’est tout le modèle économique proposé lors de l’introduction qui est remis en cause aujourd’hui. Le titre a perdu plus de 45 % de sa valeur depuis le 1er janvier 2001.
Les investisseurs sont moroses
Et les déconfitures croisées de Kalisto, dont le titre a perdu plus de 90 % sur la même période, et de Cryo Networks (-68 %) ne jouent pas en la faveur de l’éditeur. Elles accentuent la morosité et la désaffection des investisseurs pour la valeur. Gérard Guillemot adopte donc une autre stratégie tout autre. Sortie d’internet, le nouveau credo de la société tutoie la tendance actuelle du ” tout TV “.Aussi, le groupe annoncera à la fin du mois de mai, une offre de jeux pour la télévision interactive à l’attention des opérateurs. Gameloft proposera un bouquet composé de chaînes pour les enfants, les préadolescents ainsi que les adultes aux opérateurs internationaux. Les contrats en signature devraient être dévoilés aux premiers jours de l’été. Si le groupe estime que ce revirement n’impactera pas positivement ses comptes sur l’année en cours (exercice annuel clos au 31 août 2000), cette nouvelle activité pourrait être son ultime salut pour l’avenir.Au siège de Gameloft, on affiche une certaine sérénité en rappelant que le parc installé de décodeurs numériques de nouvelle génération, permettant de jouer sur sa télévision, atteint déjà les 12 millions en Europe et 12 millions aux Etats-Unis cette année.
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