Il y a des objets qui sentent bon l’enfance, les goûters pantagruéliques, les après-midi confinés – si on avait su – alors que le soleil brille, ou douillets, alors qu’il pleut dehors. Des objets qui rappellent l’excitation d’une tentative de record enfiévrée, d’une partie disputée, du premier combat de l’homme contre la machine…
Pour ceux qui ont eu la chance de recouvrir leur visage de pâte à tartiner* dans le début des années 80, les Game & Watch ont évidemment ce pouvoir magique. Jeu vidéo d’avant l’heure, petite péninsule électronique dans un univers d’avant Internet, les smartphones et même l’explosion des ordinateurs personnels.
La nostalgie tient dans la poche
Roi de la nostalgie vidéoludique, à qui on doit déjà les NES et Super Nintendo mini, Big N ne s’y est pas trompé en sortant pour les 35 ans de son super Mario, un Game & Watch « de luxe ».
De luxe, non pas parce qu’il est plaqué or, bien que le boîtier soit conforme à nos souvenirs et emplisse nos yeux d’étoiles. Il faut dire que 40 ans plus tard, il porte toujours beau, son corps en plastique irréprochable et sa façade en métal brossé sertie en guise de joyau. Plus compact que dans nos souvenirs, mais il est possible que nos mains aient un peu grandies, il est compact (environ 11 cm de large pour 6,8 cm de haut et moins d’un centimètre d’épaisseur). Sa finition d’excellente qualité.
De luxe, donc, parce qu’il a été remis au goût du jour. Il recharge sa batterie de 525 mAh en USB-C, s’il vous plaît, la preuve qu’on est en 2020. Il embarque fièrement un écran couleur, joliment contrasté, tout à fait agréable à utiliser, dont on peut facilement régler la luminosité et sur lequel vous pourrez regarder Netflix en 4K… Non, il est possible que cette dernière assertion soit un peu trop 2020.
Autre signe, véridique lui, qu’on est en 2020, on trouve un bouton Marche/Arrêt sur le côté et, mieux encore, le Game & Watch ne propose pas un, mais trois jeux. Pour ne pas les citer : Super Mario Bros., Super Mario Bros. 2 et Ball, auxquels vous pourrez jouer grâce à une croix directionnelle ancestrale et deux boutons A et B, aussi réactifs que dans nos souvenirs. On vous recommande d’ailleurs de les presser longuement face à l’écran d’accueil ou au lancement d’un jeu, il est bien possible que Nintendo vous ait réservé quelques surprises. Les trois petits boutons de « réglages » sont aussi là… On y est ! 80s tenez-vous bien, on arrive, laissez-nous juste le temps de sauter sur notre vélocross…
Trois jeux et, surprise, des heures de fun
Étonnamment, ce Game & Watch n’est pas seulement un piège à collectionneurs nostalgiques, on a envie d’y jouer et y prend même un vrai plaisir, au fil de quelques parties volées, qu’on peut mettre en pause et reprendre à l’envi, en changeant même de jeu entre temps.
Pour ce qui est des titres, évitez de présenter Ball à un enfant né de ce côté-ci de l’an 2000, où il pleurera peut-être des larmes de sang. Ou alors compatissant, il plaindra vos années passées avant le raz de marée des polygones de la 3D… Heureusement, les jeunes bien éduqués ne diront rien et s’essaieront à Ball, s’arracheront les cheveux au bout de quelques minutes. On regretterait presque du haut de nos siècles d’histoire vidéoludique que l’écran soit si bon. Nintendo a bien tenté d’ajouter un micro-effet de rémanence, mais on est loin ici des écrans à cristaux liquides qui affichaient seulement des positions prédéfinies. En revanche, chapeau aux ingénieurs de Nintendo, le petit bruit qui rythme le jeu est toujours aussi stressant pour le joueur et… agaçant pour celui qui ne joue pas.
Bizarrement, on pensait ne pas jouer à Ball, et puis, une addiction ancestrale nous a semble-t-il poussé à tenter l’impossible, à atteindre les 999… Oui, avec la pause, c’est un peu tricher. Mais, c’est fou comme il est difficile de résister à l’appel du goûter quand on joue à ce Game & Watch.
Les deux Mario sont tels qu’en eux-mêmes. La Warp Zone est toujours là, le scroll unidirectionnel aussi, la précision des sauts vous mènera toujours à une mort certaine en cas de raté, et ces damnés champignons noirs, qu’on a voulu oublier, vous tueront toujours aussi certainement.
Les enfants se prosterneront à vos pieds après avoir essayé quelques minutes, vous serez un dieu sur Terre, mais comment avez-vous pu finir ce jeu autrefois ? Le talent ? La chance ? Sans doute un peu des deux, et surtout des après-midi envolées et sacrifiées sur l’autel de Big N.
T’as l’heure, toi ?
Trois jeux au lieu d’un, c’est déjà un peu inespéré, mais Nintendo ne s’arrête pas là. Il glisse une fonction horloge dans son Game & Watch 2020. Comme au bon vieux temps.
Enfin presque, car si la société de Kyoto propose différentes animations pour embellir vos journées quand vous regardez l’heure, elle ne propose en revanche pas de vous réveiller. Et c’est bien dommage. Après tout, on se serait bien vu réveillé par la Mario drawing song. En passant, si vous voulez les sous-titres en français, choisissez espagnol. Oui, c’est bizarre, mais du Japon, quelle différence cela fait-il ? Olé !
Autre petit raté, dans notre souvenir – mais peut-être n’était-ce pas sur tous les modèles de Game & Watch, le Nintendo des années 80 avait eu la bonne idée d’ajouter un petit pied pliant à l’arrière de son joujou, ce qui permettait de le maintenir légèrement incliné sur une table de nuit ou un bureau. Cela aurait été bien pratique pour mettre en valeur cette horloge…
A 50 euros, on n’arrive pas à savoir si on est en droit de râler face à cette absence. Nintendo aurait pu faire mieux, c’est certain, mais ce petit bout du passé vidéoludique remis au goût du jour est un plaisir que pourront s’offrir les amoureux de Nintendo, les collectionneurs ou ceux qui aiment avoir l’heure… sans la pression du réveil. Vous reprendrez bien un peu de pâte à tartiner avec votre brioche ?
* des carrés de chocolat légèrement fondus pouvaient également faire l’affaire en cas de pénurie de pâte à tartiner.
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