Gabriel de Nomazy est le vice-président exécutif de ParisTech, une association regroupant onze écoles d’ingénieurs de la région parisienne.01 Informatique : Allez-vous encourager les formations et les stages à l’étranger ?
Gabriel de Nomazy : Nos étudiants partent souvent à l’étranger en deuxième ou troisième année. Je pense cependant qu’il n’est pas indispensable de rendre le séjour obligatoire. Leur expliquer qu’aujourd’hui les grandes
entreprises recrutent en priorité des jeunes ayant passé au moins un an à l’étranger suffit pour les motiver. Ils sont d’ailleurs très attentifs à ce discours, car ils sont très sensibilisés par le chômage. Même quand ils sortent de
Polytechnique…
Nous souhaitons que 30 % des étudiants français effectuent une partie de leur cursus à l’étranger. Nous considérons, en effet, que les voyages à l’étranger sont vraiment valorisants pour les élèves s’ils durent au moins un an.
Quand les échanges s’étendent sur trois ou six mois, ils ont souvent un comportement de touristes. Lorsqu’ils y restent plus longtemps, ils se font des amis. Nous tenons aussi à ce que les formations de nos étudiants soient diplômantes. Ainsi, ils
obtiennent un double diplôme. Concernant les stages, ParisTech n’a pas de politique écrite, mais nous ne pouvons que les encourager à en suivre. Dans de nombreux pays, toutefois, les stages en entreprise n’existent pratiquement pas. Et, s’ils ont
lieu, ils ne sont pas toujours bénéfiques.Quels sont les pays à même d’attirer fortement les étudiants demain ?
Les deux tiers de nos étudiants se rendent aujourd’hui aux Etats-Unis. Le MIT et Stanford font toujours rêver. L’Europe continue de les attirer et notamment le Royaume-Uni, très à la mode. De plus en plus, des pays comme la Chine et le
Japon suscitent leur intérêt. Mais seuls deux ou trois élèves par école y partent. ParisTech envisage de créer une école d’ingénieurs à Shanghai. Elle pourrait ouvrir ses portes dans deux ans.L’accueil d’étudiants étrangers dans les écoles d’ingénieurs françaises va-t-il s’accentuer ?
Notre objectif est de recruter 30 % d’élèves étrangers. Cependant, les démarches administratives sont très lourdes en France. Et le problème du logement est crucial. Enfin, le système des classes préparatoires, qui offre une
formation très pointue et très spécifique, crée un décalage avec les pays étrangers. Lorsque ces étudiants intègrent nos écoles, ils ont forcément des lacunes. C’est en partie pour les aider à acquérir un bon niveau que ParisTech a décidé de mettre
à leur disposition ses cours en ligne sur le site
Graduateschool.paristech.org.Quels étudiants étrangers ParisTech souhaiterait-il faire venir en France ?
Dans le cycle ingénieurs, nous n’avons pas assez d’étudiants européens. Nous allons créer des formations communes avec des universités technologiques d’Europe de l’Ouest. Il s’agira, par exemple, de Masters, avec une première année
d’enseignement à Paris et la deuxième dans le pays partenaire, ou l’inverse. Pour cela, ParisTech a rejoint Idea League qui regroupe déjà quatre prestigieuses universités européennes, dont l’Imperial College of London et le Politechnicum de Zurich.
Le même type de projet pourrait concerner aussi l’Europe centrale afin de faciliter les échanges d’étudiants et de chercheurs.L’Amérique latine semble aussi intéresser les écoles…
ParisTech est très bien implanté au Brésil ?” en particulier dans l’université de São Paulo ?” et de nombreux Brésiliens viennent en France. Ils intègrent généralement nos écoles en deuxième année de cursus. Les
industriels français recherchent des cadres brésiliens formés à la française. Et notre pays bénéficie d’une très bonne réputation au Brésil. Cet échange ne doit pas être à sens unique. Il faut aussi que des étudiants français effectuent une partie
de leur formation en Amérique latine. Nous nous y employons.L’enseignement des langues évoluera-t-il dans les écoles d’ingénieurs membres de ParisTech ?
A ce jour, une quinzaine de langues y sont enseignées, et deux sont obligatoires. Dans les Masters, la tendance est de dispenser une partie des cours en anglais. L’allemand est en déclin, et le russe n’est plus à la mode. En revanche, le
chinois, le japonais et l’arabe séduisent de plus en plus. De manière générale, pour les étudiants étrangers, l’apprentissage du français n’est pas un problème en soi. Nombre d’élèves d’Amérique latine ou d’Asie ne veulent pas se contenter de
l’anglais. Et le français est de plus en plus prisé en tant que deuxième langue.
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