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Fujitsu Siemens Computer veut une vraie place au soleil

Bénéficiaire deux ans après sa création, le constructeur veut maintenant se faire une place significative sur le marché des services et des serveurs en Europe, et surtout dans l’Hexagone.

Chez Fujitsu Siemens Computer (FSC), on a le sourire. Le constructeur, né le 1er octobre 1999 de la fusion des activités informatiques de Siemens et de Fujitsu, aura été bénéficiaire dès 2001. Selon ses propres estimations(*), en effet, il a dégagé sur son deuxième exercice, clos le 31 mars dernier, un résultat positif de 10 millions d’euros, malgré un chiffre d’affaires en baisse de 5,9 à 5,4 milliards d’euros. Ce résultat satisfaisant, l’entreprise l’impute à la fois à ses activités serveurs et à son offre de services en conduite de projet. En 2000 ?” sa première année d’existence complète ?”, FSC avait perdu 70 millions d’euros. En France, en revanche, la filiale ne communique pas encore son résultat. Toutefois, elle annonce un chiffre d’affaires en augmentation de 3,4 %, soit un montant de 269,9 millions d’euros, qui se répartit en 241 millions pour les ventes de PC et de portables, et 23,9 millions provenant globalement des serveurs Intel et des services. Quand aux serveurs Unix ?” seules machines Sparc/Solaris autres que celles de Sun sur le marché ?” ils ne comptent que pour 5 millions d’euros.

Une bonne réputation et une large gamme de produits

Créée en février 2000, la filiale française cherche justement à renforcer ses activités de vente de services et de serveurs pour gagner une place significative sur le marché hexagonal (où elle ne détient, par exemple, que 4 % des serveurs Intel, selon Dataquest). Elle peut déjà tabler sur une réputation très positive en termes non seulement de qualité technologique, mais aussi et surtout de services, tant auprès de ses clients que des prestataires et des revendeurs. Chez France Télécom, FSC est allé ainsi jusqu’à garantir la version d’OS/2 dans le cadre de la migration vers NT ?” ce qu’IBM lui-même n’a pas assuré. La Gendarmerie nationale qui, de son côté, déploie des clusters Wintel FSC au niveau de chaque département français, apprécie particulièrement son contact unique et totalement disponible pour son projet. “Nous avons une directrice de projet FSC, qui est notre interlocutrice privilégiée. Ce qui se révèle très efficace”, explique le colonel Christian Brachet, sous-directeur des télécommunications et de l’informatique. Les directeurs de projet appartiennent, en effet, aux centres de compétence mis en place dans chaque pays, et dont la filiale française renforce encore les moyens. FSC France en possède ainsi deux : l’un consacré aux serveurs Intel, et l’autre aux solutions d’entreprise (serveurs Unix et stockage). Ce dernier est passé de cinq ingénieurs en 2000 à trente aujourd’hui. Fonctionnant en mode projet, les équipes assurent à la fois les propositions commerciales et l’ensemble de l’intégration de l’infrastructure définie en collaboration avec le client. Tous les ingénieurs sont capables d’intervenir sur toute la gamme en premier niveau ?” architecture machine, réseau, système et middleware. Toutefois, chacun possède une expertise de deuxième niveau sur un domaine particulier, comme les serveurs Solaris ou le SAN. Enfin, au sein de chaque centre national figurent des experts de troisième niveau, directement accessibles par tous les autres centres, quel que soit leur pays d’origine. L’expert de troisième niveau Tivoli, par exemple, se trouve en France. Ce renforcement de l’activité de service n’empêche pas le constructeur de travailler avec des tiers. Loin de là. Pour les grands comptes, FSC crée ou renforce ses partenariats avec des SSII comme Steria et des ” corporate resellers ” tels Allium, Arès ou Topinfo. Ces derniers font d’ailleurs partie des quatorze firmes sur cent soixante-cinq avec lesquelles FSC France va conserver une relation complètement directe.L’ensemble de ces prestations s’appuie, par ailleurs, sur une gamme très étoffée de produits et de technologies haut de gamme. Le constructeur peut ainsi se targuer de proposer une gamme de machines allant de l’assistant personnel au plus gros serveur Unix du marché (voir tableau). En attendant un système scientifique à hautes performances en fin d’année.

Des puces qui sont un condensé de hautes technologies

Avec le Primepower 2000, FSC dispose même du serveur Unix le plus puissant : ses cent vingt-huit processeurs sous Solaris le classent loin devant son concurrent direct, le Sun Fire 15K, qui n’en compte que soixante-douze. L’architecture Primecluster permet de composer un système à seize n?”uds d’un total de mille vingt-quatre processeurs. De plus, ces puces ?” des Sparc 64 GP cadencés à 450, 560 ou 675 MHz ?” se révéleraient être plus rapides que les Ultrasparc III à 900 MHz de Sun.Un résultat qu’expliquent les technologies mises en ?”uvre par FSC au c?”ur de sa puce. Celle qui, par exemple, permet au processeur de traiter les instructions dans le désordre (out of order). Ou encore celle qui consiste à conserver dans le cache du processeur les commandes les plus fréquemment utilisées pour en accélérer l’exécution. Et c’est sans compter les deux tables de prédiction des branchements, qui suppriment les sauts lors du déroulement des programmes, ou le cache de premier niveau de 256 Ko ?” contre 96 seulement sur un Ultrasparc III.Pour ce qui est de l’architecture, Fujitsu Siemens a su tirer parti des technologies grands systèmes ?” le partitionnement, par exemple ?”, héritées du constructeur Amdahl, qu’il a acquis en 1997. Bien que concurrents directs, Fujitsu Siemens et Sun n’en demeurent pas moins intimement liés par un contrat à durée illimitée, qui les associe pour le codéveloppement des processeurs Sparc et de Solaris. De fait, n’importe quelle version du système d’exploitation tourne indifféremment sur les plates-formes des deux marques. “Sun réalise le master, puis il y intègre les interfaces processeur que nous lui livrons”, explique Jean-Luc Dupon, directeur marketing solutions d’entreprise chez FSC.Mais le marché des serveurs Unix n’est pas le seul champ de bataille de l’entreprise. Celle-ci entend également poursuivre sa progression sur le segment Intel. Déjà, les clients conquis semblent rester fidèles. Chez France Télécom, FSC est devenu le premier fournisseur de PC, devant HP, en installant un parc de quatre mille machines. L’opérateur est, par ailleurs, équipé de trois mille cinq cents serveurs NT issus de la marque. A l’instar de ses concurrents, le constructeur mise à la fois sur Windows et Linux. Présent sur tous les fronts, FSC n’a pas non plus manqué ?” après HP, Compaq et Dell ?” de lancer son premier serveur lame, le Primergy BX300, qui sera disponible en juin.Pour l’heure, à peine installé sur le marché français, FSC ne veut pas se satisfaire de n’être qu’une solution de rechange pour les clients de Sun. Et il affiche donc de grandes ambitions. Moyens à l’appui.(*) L’ensemble des résultats de FSC sera officiellement annoncé le 2 mai prochain. Il s’agit ici d’estimations FSC.

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Emmanuelle Delsol et Jean-Marie Portal