Et de trois : après le X-T2 lancé en 2016, voici que Fujifilm met à jour le fleuron de la gamme X-T avec le nouveau X-T3. Le terme mise à jour prend ici tout son sens car du point de vue de la carlingue, le X-T3 ne diffère quasiment pas de son aîné.
Pourtant l’électronique est entièrement nouvelle et de nombreux détails, petits mais cruciaux, ont été corrigés. N’allez pas croire qu’il s’agisse d’un appareil mineur car la horde d’améliorations donne tout simplement le tournis et permet de se rendre compte que la marque entame une période de maturité : si le X-T2 était bon, le X-T3 promet d’être bien meilleur tout en étant moins cher, ce qui est une performance appréciable… et rare !
Nouveau capteur…
Deux petits mégapixels en plus : si on se contentait de lire la définition des capteurs du X-T2 et du X-T3, c’est le seul élément que l’on retiendrait. Mais en plus de passer de 24 à 26,1 Mpix, le capteur du X-T3 est surtout un tout nouveau composant. Succédant au X-Trans CMOS III, le nouvel X-Trans CMOS 4 (oui, la nomenclature japonaise abandonne les chiffres romains) est bel est bien un tout nouveau capteur, entièrement revu.
Outre ce petit gain de définition, le capteur est ainsi le premier de l’histoire des boîtiers Fuji X à offrir une sensibilité nominale de 160 ISO et non 200 ISO. Son système d’AF hybride (phase + contraste) est plus sensible qu’auparavant et serait garanti pour -3 EV (IL) contre -1 EV (IL) pour le X-T2 : ça c’est du progrès !
L’AF serait aussi plus rapide. Bien plus rapide ! Le nombre de photosites (improprement appelés pixels) dédiés à la corrélation de phase passe de 500.000 sur la génération précédente à 2,1 millions sur cette génération. Mieux, ces collimateurs sont répartis sur toute la surface du capteur, ce qui dope substantiellement la précision et les performances. Fujifilm annonce un AF une fois et demi plus rapide que celui de la génération précédente qui était déjà très bon.
Basé sur une conception « cuivre » (les circuits chauffent ainsi moins et génèrent moins de perturbations électromagnétiques), le X-Trans 4 est le premier capteur de chez Fujifilm à être conçu sur une technologie « BSI » appelée aussi « capteur rétro-éclairé ». Si la plage de sensibilités natives de 160-12.800 ISO est sensiblement la même que celles des X-T2 et X-H1, le bruit numérique devrait être ainsi mieux contenu.
… nouveau processeur…
Exit le X Processor Pro et bonjour le X Processor 4, un composant clé qui profite, lui aussi, d’un gain important de puissance. Cette puce à quatre cœurs serait en effet trois fois plus puissante que la précédente, un gain qui permet de nombreuses folies technologiques comme le pilotage plus rapide de l’AF, mais aussi un AF sur l’œil en mode autofocus continu. Une technologie jusqu’ici réservée aux Alpha de génération III de chez Sony qui garantit des portraits aux regards toujours nets. Le puissant processeur suit en effet en temps réel le déplacement de l’œil et pilote la mise au point plusieurs fois par seconde – sans grande puissance de calcul, c’est tout bonnement impossible.
Le X Processor Pro pilote non seulement l’appareil, mais c’est aussi un supercalculateur qui avale des images. Oubliez les rafales déjà confortables des X-T2 et X-H1 (11 i/s en obturateur mécanique et 14 i/s en électronique), le X-T3 propose des rafales en obturateur électronique vraiment impressionnantes.
Dans un mode « sport », on peut ainsi avoir droit à 10, 20 et jusqu’à 30 images par seconde moyennant un recadrage de x1,25 – recadrage qui plaira d’ailleurs aux amateurs de longues focales. Dans ce mode, on profite déjà d’une confortable définition de 16,6 Mpix et on a droit, à 30 i/s, à une rafale qui dure 60 images Jpeg (2s) ou 33 images RAW. Si on est plus modeste, on peut profiter d’une rafale 20 i/s recadrée pendant 114 images consécutives et 500 images à 10 i/s.
Que les grincheux se rassurent, le mode rafale électronique en pleine définition est aussi très impressionnant avec un mode qui culmine à 20 i/s ! En obturateur mécanique, la rafale demeure inchangée à 11 i/s, mais la mémoire tampon pousse jusqu’à 145 images consécutives en JPEG ou 62 en RAW compressé sans pertes. De quoi enregistrer de longues séquences.
Avec un AF promis comme ultra performant et une belle offre d’options – et de performances ! – en rafale, le X-T3 promet d’être LE boîtier sport de la marque… à une absence près (lire plus loin « Capteur non stabilisé »).
… et nouveau viseur !
Une autre mise à jour d’importance concerne le viseur qui passe de 2,36 Mpix sur le X-T2 à 3,69 Mpix sur le X-T3. Il reçoit en effet le même composant que son grand frère le X-H1. Une excellente nouvelle puisqu’il s’agit d’un viseur OLED de très grande qualité. Son taux de rafraîchissement est de 100 Hz, son temps de réponse est de 0,005s et il est surtout très adapté à la photo de sport.
En mode rafale haute vitesse avec obturateur électronique et recadrage x1,25 (jusqu’à 30 i/s), le X-T3 affiche un cadre à l’intérieur de l’image. Celui-ci permet non seulement de voir les sujets hors cadre pour anticiper leurs mouvements mais il offre aussi un suivi continu sans passage au noir (sans « blackout ») comme le fait l’Alpha A9 de Sony.
La taille du capteur, la zone concernée (recadrage) et la profondeur de la mémoire tampon sont évidemment sans commune mesure avec l’appareil de Sony qui coûte plus de 5000 euros, mais cela signifie tout de même que le X-T3 est à même de satisfaire une belle proportion de photographes de sport/action puisque les prestations sont largement au-delà ce de que proposent les reflex. Le tout pour une fraction du prix de l’A9 !
Capteur non stabilisé
C’est l’unique manque du X-T2 : comme chez tous les modèles de la marque, X-H1 excepté, le X-T3 embarque un capteur non stabilisé qui reste donc l’apanage de son grand frère. Un choix imposé, nous a-t-on dit, par l’encombrement du dispositif qui aurait imposé de faire grossir le boîtier, ce à quoi les ingénieurs se refusent puisque le X-H1 est déjà là pour remplir le rôle de « gros » boîtier.
Ce manque n’est pas rédhibitoire puisque la majorité des zooms sont stabilisés, mais il est dommage de ne pas pouvoir en profiter sur les nombreuses focales fixes du système – et sur le zoom pro 16-55 mm f/2.8 de la marque, aussi bon que lourd et donc propice au flou de bouger. Peut-être pour le X-T4 ?
Une horde de petites améliorations
Le diable est dans les détails et parfois en photo, où l’ergonomie joue un rôle important dans le plaisir et l’efficacité d’utilisation, ces détails sont cruciaux. Si le boîtier du X-T3 est d’apparence très similaire au X-T2 comme on l’a vu, Fujifilm a corrigé de-ci, de-là, moult éléments. Des petits riens comme ce correcteur dioptrique du viseur électronique : vous savez, cette petite molette qui permet de paramétrer la netteté pour, par exemple, shooter sans lunette, une molette qui se dérègle souvent dans le sac.
Chez le X-T3, le correcteur dioptrique est désormais équipé d’un mécanisme de blocage (on tire vers soi pour pouvoir tourner la molette) qui évite tout changement du réglage non désiré.
Il y a aussi la trappe à câble, si gênante en vidéo et qui est ici, fait rare en photo, facile à retirer pour faire passer les câbles (micro, écran déporté et casque) en mode tournage. Et puis on note encore le renforcement et déplacement de la molette de correction d’exposition qui permettent, là encore, d’éviter un dérèglement des paramètres quand on met l’appareil dans le sac.
Ceux qui ont pesté contre l’absence de prise casque sur le X-T2 (qui n’était disponible qu’en achetant le grip dédié) se réjouiront de lire que la prise est intégrée dans le X-T3 et que la connectique PC est enfin au format USB-C. Une prise qui permet non seulement une communication rapide avec les ordinateurs mais qui permet aussi de recharger l’appareil – pratique quant on a un chargeur de smartphone Android.
Soulignons aussi l’intelligence des ingénieurs de Fujifilm qui ont compris que tous les utilisateurs n’aiment pas nécessairement les commandes physiques : le X-T3 peut ainsi piloter les paramètres de vitesse ou d’ouverture à partir des molettes comme un reflex. Cette suite de bonne nouvelles met en lumière le soin et l’écoute des ingénieurs de Fujifilm qui ne sont pas uniquement à la recherche de performances pures.
Mode vidéo de compétition
La vidéo n’était, jusqu’au X-T1, pas le point fort de Fujifilm. Si les choses ont commencé à bouger avec le X-T2, le X-T3 change littéralement de paradigme. Fujifilm propose désormais l’une des fiches techniques les plus avancées du monde des hybrides, toutes catégories confondues.
Jugez plutôt. Le X-T3 est l’un des seuls appareils à enregistrer de la 4K à 60 images par secondes (4K UHD 60p), mais en plus il le fait en compression 4:2:0 10 bits sur carte mémoire et en 4:2:2 10 bits via la prise HDMI non compressée. Et quand on parle de 4K, on ne parle pas ici uniquement de 4K UHD « classique » (3840 x 2160 pix) mais aussi de la « vraie » 4K DCI dite cinéma enregistrant 4096 pixels de large sur 2160 de haut.
Mieux, il compresse au choix en h.264 ou en h.265 (HEVC) et pousse la chansonnette jusqu’à 400 Mbit/s en mode All-I (all intra), un mode où toutes les images sont codées entièrement (meilleure qualité). On ajoute à cela les zébras (enfin !), un temps de lecture du capteur très rapide de 17 ms qui réduit les risques de déformations des verticales dues au mouvement des sujets (rolling shutter), un nouveau moteur de réduction de bruit numérique vidéo (-2 IL de réduction), la gestion des F-Log (classique) et Hybrid Log Gamma (HDR) ou encore un mode Full HD adapté aux ralentis (120 images par seconde) et on obtient une fiche technique vidéo et des performances (théoriques) qui enfoncent le Canon EOS R fraîchement annoncé, pourtant 1000 euros plus cher.
Que reste-t-il au X-H1 ? La stabilisation pardi !
Avec des performances, sur le papier, de haute volée aussi bien en photo qu’en vidéo et un prix canon de 1499 euros boîtier nu, il est légitime de se demander quels sont les arguments qui restent au X-H1 lancé au printemps dernier. Ce dernier est en effet basé sur la plateforme technique de la génération précédente et il est un poil plus cher. Est-il déjà obsolète ? Que nenni ! Outre sa résistance supérieure de corps de boîtier, qui plaît aux baroudeurs et reporters, c’est aussi la stabilisation de son capteur qui séduit. Une stabilisation unique dans la gamme de Fujifilm qui permet de tirer au mieux parti des optiques non stabilisées de la marque, qu’il s’agisse de focales fixes ou du zoom pro XF16-55 mm f/2.8 qui aurait bien gagné à intégrer une lentille de stabilisation optique.
Dépourvu de stabilisation du capteur, le X-T3 ne saurait donc totalement faire de l’ombre au X-H1 dans certains usages : les amateurs de situations rock & roll pouvant préférer un boîtier plus costaud et plus à même de corriger les mouvements parasites.
Mais pour le grand public c’est bien simple, le rapport (sur le papier) performances/fonctionnalités/prix est impressionnant. Un prix très contenu grâce non seulement à un passage de la production du Japon à la Chine (dans des usines Fujifilm, donc théoriquement pas de soucis de qualité) mais aussi causé par la concurrence plein format (notamment l’excellent Sony A7 Mark III) qui fait beaucoup de mal dans la strate des appareils à 2000-2200 euros. En étant 500 à 700 euros moins cher, Fujifilm maintien l’attractivité de son système APS-C. Une attractivité selon nous méritée puisque les résultats de son offre sont souvent assez proches de ce que propose le plein format (hors sensibilités supérieures à 12.800 ISO).
Le Fujifilm X-T3 sera disponible dès le 20 septembre en version noire ou argentée.
- Le boîtier nu sera commercialisé à 1499 euros.
- Le kit avec le zoom 18-55 mm f/2.8-4 sera proposé à 1899 euros.
- Le grip VG-XT3 sera proposé à 329 euros (ce qui est cher compte tenu du fait que toute la partie électronique est désormais intégrée au boîtier !).
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