Très actif dans le domaine des hybrides – son X-T2 est d’ailleurs le n°1 de notre comparatif permanent – Fujifilm a lancé il y a quelques jours son premier boîtier à très grand capteur (dit « moyen format ») le GFX 50s. Sautant ainsi l’étape du capteur plein format 24×36 utilisé par Canon, Nikon et Sony. La démarche est logique : puisque Fuji affirme que les qualités de son capteur APS-C et de ses optiques permettent à ses hybrides de tutoyer le plein format, la marque japonaise se devait de passer à l’étape supérieure.
Le résultat de deux ans d’intense développement s’appelle GFX 50s, un boitier équipé d’un grand capteur 50 Mpix (logique) de 43,8 mm x 32,9 mm. Une surface x1,7 plus grande que celle d’un Canon EOS 5Ds, pourtant lui aussi équipé d’un capteur 50 Mpix. Des pixels qui profitent donc, sur le GFX 50s, d’une plus grande surface pour capter la lumière. Et délivrer des images riches en détails.
Comme un roc
Si Hasselblad a décidé de jouer la carte de la miniaturisation maximale avec son nouveau X1D (lire plus loin), Fujifilm a préféré développer un boîtier capable d’encaisser : garni de 58 joints d’étanchéité, le GFX 50s est un boîtier qui peut tout à fait sortir des studios puisqu’il est garanti anti-intempéries, anti-poussières et s’avère résistant au froid jusqu’à -10°C.
Le modèle de présérie que nous avons manipulé ne souffrait d’aucune faiblesse apparente et même son écran orientable avait l’air suffisamment renforcé pour encaisser un usage quotidien. Nous l’éprouverons plus lors du vrai test, mais ce premier contact s’est avéré plus que rassurant : c’est un vrai costaud.
Moyen-format hybride
Equipé de son viseur électronique amovible et de sa batterie, le GFX 50s pèse 920 g. Un gros bébé dans le monde des hybrides, mais comparable aux reflex : équipé d’un capteur plus petit (plein format 24×36), le Nikon D810 pèse 60 g de plus !
Une prouesse rendue possible par le choix du système hybride (à viseur électronique) et non de la visée reflex. A titre de comparaison, le Ricoh Pentax 645Z, moyen-format à visée reflex pèse 1.550 g. Le passage à l’hybride fait économiser plus de 500g à Fujifilm, les dos et cous des photographes apprécieront. Notez tout de même que le GFX 50s n’est pas le boîtier moyen-format le plus léger, le tout nouveau X1D de Hasselblad affiche seulement 725 g sur la balance. Mais son écran n’est pas orientable.
Gros reflex, viseur électronique
Si nous n’avons pas passé assez de temps avec le GFX 50s pour délivrer un verdict final, les quelques heures de manipulation nous permettent d’affirmer que les détenteurs de reflex ne seront pas perdus. Si vous êtes adeptes des grosses focales fixes de qualité ou des gros zooms, le poids et l’encombrement sont sensiblement similaires. Si vous êtes déjà utilisateur de moyen-format, vous allez adorer : plus compact et plus léger que les modèles classiques, le GFX 50s est plus maniable et invite donc à être utilisé sans trépied – d’autant que certaines longues focales sont stabilisées.
Le viseur électronique est une arme à double tranchant : côté pile, il permet d’afficher l’image exacte que vous allez produire (hors shoot au flashes bien sûr), côté face, les amateurs de visée directe et autres allergiques des viseurs électroniques auront du mal dans un premier temps – c’est un hybride messieurs dames !
Si le viseur de 3,69 Mpix est large, de très bonne facture et offre un assez bon taux de rafraîchissement, notons tout de même qu’il est un cran en-dessous du viseur électronique du Leica SL.
Qualité d’image : la classe au-dessus
[Téléchargez nos images de test en pleine définition sur notre album Flickr]
Note : le GFX 50s que nous avons manipulé était un modèle de préproduction et non un modèle final.
Et les images alors ? Faisons simples : elles sont exceptionnelles. Voici un florilège de Jpeg sortis du boîtier que nous avons pu capturer lors de notre prise en main. Oui, des Jpeg, car si nous comptons pousser les fichiers RAW dans leurs retranchements lors du test d’ici quelques semaines, la qualité des fichiers Jpeg est déjà impressionnante. Il faut dire que Fujifilm est un spécialiste du genre – c’est quasiment la seule marque à proposer des fichiers directement publiables. Le savoir-faire des décennies pellicule y est sans doute pour beaucoup.
Notez que si nous avons tiré parti des éclairages mis en place par les photographes ambassadeurs que la marque avait conviés lors de cette présentation à la presse, les « simples » photos prises en extérieur parlent d’elles-mêmes. La grande surface de ce capteur moyen-format offre plus de lumière à chacun des pixels, permettant à l’appareil de mieux s’exprimer que sur le « petit » capteur 24×36 du Canon EOS 5Ds que nous avons déjà testé.
« Onéreux » n’est pas « cher »
6999 € TTC : voilà une belle somme d’argent me direz-vous. Pourtant, dans ce domaine des appareils photo à capteurs géants, Fujifilm propose rien de moins que le boîtier numérique le moins cher de l’histoire. En son temps, le Ricoh Pentax 645D venait « casser les prix » puisqu’il avait été lancé à 9999 €, son successeur le 645Z enfonçant même le clou quelques années après en débarquant à 7999 €. Lancé 1000€ moins cher – si on enlève la TVA le boîtier est à 5832,5 € – , le Fujifilm GFX 50s a comme autre force d’être lancé avec 3 optiques plus 3 autres disponibles dans le courant de l’année (lire notre actualité). Des optiques abordables (pour le monde du moyen format), de conception moderne (tropicalisées, certaines même stabilisées) et garanties pour assurer jusqu’à 100 Mpix.
Nous attendrons d’avoir la bête pendant un laps de temps plus long mais ce premier contact nous a soufflé : si le commun des mortels va être effrayé par le prix, les pros à contrario salivent sans doute déjà face à un boîtier qui pourrait faire très mal à Canon et Nikon dans les studios photo…
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