« Alors que les opérateurs vont investir plus de 3 milliards d’euros dans le spectre destiné à la 4G, il serait choquant qu’une décision en apparence technique vienne avantager un seul des opérateurs et ainsi fausser assez gravement la concurrence » a déclaré la semaine dernière Stéphane Richard en présence de la ministre Fleur Pellerin lors de la l’inauguration d’un réseau en fibre optique en région parisienne.
L’allusion du PDG de France Télécom-Orange était transparente : il visait, par son propos, l’étude en cours par l’Arcep et l’Etat, des conditions de l’ouverture des fréquences 1800MHz (utilisées pour le téléphone et les SMS) aux réseaux 4G. Ces travaux déboucheront, en début d’année prochaine, sur l’établissement d’un calendrier et la fixation d’un niveau de redevances.
Ce lobbying d’Orange, fait suite à celui de SFR. Tous les deux estiment que cette réaffectation bouleverserait la donne, en plein déploiement de réseaux 4G, faisant suite aux enchères coûteuses de 2011. SFR comme Orange visent Bouygues Télécom qui, pour des raisons historiques, est le mieux pourvu en fréquences 1800 MHz, qui lui avaient été attribuées pour démarrer son réseau 2G il y a plus de quinze ans.
Bouygues Télécom espère déployer plus la vite la 4G
Or, forte de cet atout, la filiale de Bouygues a demandé dès cet été à l’Arcep la possibilité de réutiliser ces fréquences pour déployer un réseau 4G, comme cela a déjà été fait en Allemagne (au profit de T-Mobile, notamment) et au Royaume-Uni (au profit de deux opérateurs, dont Everything Everywhere), quitte à en payer le prix en acquittant les redevances idoines.
« Déployer plus vite la 4G, c’est encourager l’activité économique. La France n’a pas les moyens de perdre du temps. Et le gouvernement a compris qu’il y a la possibilité de prendre des décisions positives » a déclaré Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Télécom. Accessoirement, l’opérateur pourrait ainsi commercialiser l’iPhone 5 en vantant les mérites de la 4G, puisque le smartphone d’Apple n’est compatible en Europe, pour un usage en 4G, qu’avec ces fréquences.
Mais, le véritable noeud du problème réside dans le fait que Free Mobile serait le principal bénéficiaire d’une réaffectation de ces fréquences au motif qu’il en est totalement dépourvu à ce jour. L’Arcep a confirmé que « si la bande 1 800 MHz pouvait être réutilisée pour la 4G, Free Mobile serait pénalisé par rapport aux opérateurs historiques qui souhaiteraient procéder à cette réutilisation » et ajoute vouloir prendre « les mesures appropriées afin que soient respectés le principe d’égalité entre opérateurs et les conditions d’une concurrence effective ».
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