Les deux prochaines box de Free devraient finir par sortir avant la fin de l’année. Si elles sont tant attendues, c’est que les box ont longtemps été le domaine roi du FAI, qui a été le principal moteur d’innovation durant plus de dix ans en France. Avant la commercialisation de la première Freebox en 2002, l’accès à Internet se faisait majoritairement par ligne commutée. On branchait un modem 56K à un PC, lui-même raccordé à la prise téléphonique. Chaque minute de connexion à Internet était facturée et impossible de se servir en même temps du téléphone. Mais la Freebox a tout changé !
1- L’idée de la Freebox a germé… aux Etats-Unis
Tout commence en 2000. Free propose depuis plus d’un an un accès à Internet bas débit sans abonnement ni numéro surtaxé. Son fondateur Xavier Niel a autre chose en tête : il veut commercialiser de l’Internet Haut débit en s’appuyant sur la technologie de l’ADSL. Cette dernière utiliserait toujours le réseau cuivre pour fournir de l’accès à Internet mais de manière indépendante du service téléphonique. Niel décide de partir aux Etats-Unis avec trois de ses lieutenants, Rani Assaf, Michaël Boukobza et Pierre Gohon, comme le rapporte le livre Xavier Niel, la voie du pirate de Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette. Ils ont pour mission de trouver l’équipement électronique grand public adéquat, afin de le distribuer en France. Mais ils font chou blanc : les Américains sont alors entièrement focalisés sur le câble. Alors que le quatuor visite les studios Universal, Niel a soudain une idée de génie. « Et si on la faisait nous-mêmes, cette box ? », lâche-t-il. « Il suffit de trouver des gars compétents et des fers à souder ». Et c’est ainsi que commence l’aventure Freebox.
2- La Freebox a de multiples papas
Plusieurs hommes se mettent à pied d’œuvre pour concevoir la box. Rani Assaf développe le système d’exploitation, épaulé par Alexandre Dupoy et Jean-Michel Sadoul. Sébastien Boutruche pilote le développement du hardware et conçoit lui-même la carte mère. Marc Zirnheld fabrique les DSLAM, les équipements installés dans les centraux téléphoniques, mais quittera vite l’entreprise. Franck Pascal Roger est chargé de développer le décodeur de télévision. Le nom Freebox est déposé le 18 décembre 2000. Au départ, l’équipe va faire du reverse engineering et démonter tous les boîtiers des grandes entreprises qui planchent aussi sur l’ADSL, soit Alcatel, Cisco ou Next Level Communications. Des laboratoires beaucoup mieux dotés comme ceux de France Telecom, Thomson ou encore Philips tentent aussi de développer une box. Mais ils vont se faire prendre de court par l’audacieux Free.
3- La Freebox a terrorisé les concurrents de Free
Une version zéro de la Freebox voit le jour en 2001 mais le modèle n’est commercialisé qu’en septembre 2002. C’est la première box ADSL en France. Free inaugure à cette occasion une nouvelle formule commerciale : l’abonnement illimité pour seulement 29,99 euros, sans engagement, sans frais d’accès ni location ou achat de box, avec un débit de 512 kbit/s. Soit deux fois moins cher que le reste du marché. C’est une révolution qui prend de cours tous les FAI. Des caméras de télévision filment en direct la réaction du PDG d’AOL en France. Il est catastrophé car il sait qu’il va perdre une grande partie de ses abonnés, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous :
C’est un véritable tremblement de terre qui va complètement remodeler le marché. Les concurrents sont obligés de baisser leurs prix et se mettent, eux aussi, à sortir une « box ». Le nom de cet équipement entre dans le vocabulaire courant… sous l’influence de Free.
4- Le triple play est une première mondiale
La première Freebox permet simplement d’accéder à Internet. Mais Xavier Niel entend dès le départ proposer à terme un triple service comprenant l’accès à Internet, au téléphone et à la télévision. En août 2003, la voix est proposée en plus d’Internet et c’est en décembre de la même année que la télévision est enfin accessible dans 176 villes. Le triple play est né et c’est carrément une première mondiale !
5- Une Freebox, de multiples itérations
Tout au long de ses années, Free n’aura cessé d’innover en France, notamment en proposant toujours plus de débit. Il a inauguré la télécommande livrée avec la box, l’accès au Wi-Fi, le Wi-Fi Mimo, l’intégration d’un disque dur interne, un lecteur DVD et Blu-ray, la télévision haute définition, une femtocell intégrée, ou encore le contrôle du direct. Le boîtier réseau a fait l’objet de nombreuses versions. La box réseau et le boîtier télé sont séparés à partir de 2006 à l’occasion de la Freebox V4. La série Freebox Ô voit le jour en 2008 et inaugure l’accès à la fibre optique. En 2013, Free sort une autre série entrée de gamme réservée aux abonnés ADSL : la Freebox Crystal. Elle est remplacée en 2015 par la Freebox Mini 4K. La Freebox Révolution, ou Freebox V6, prend le relai de la Freebox Ô en 2010. Elle doit aujourd’hui laisser la place à la fameuse V7.
6 – Armageddon : quand Free a voulu réinventer la télé
La Freebox n’a pas connu que des succès. Pendant plusieurs années, Free a entretenu savamment le mystère autour d’un mystérieux projet baptisé Armageddon. Le service, baptisé officiellement TV Perso Freebox, est dévoilé en 2007 et lancé en 2008 avec le boîtier Freebox HD. Il s’agissait d’une plate-forme de diffusion et de partage de contenus vidéo web sur la télévision. Tous les utilisateurs pouvaient concevoir leurs propres vidéos avec un caméscope branché à la Freebox, et les diffuser ! Mauvais timing. Au même moment, YouTube et Dailymotion proposent déjà de partager des vidéos directement sur internet depuis deux ans. Malgré cet échec, Free ne mettra fin au service qu’en 2017.
7- La déconvenue du Wimax
En 2005, le groupe Iliad se lance à corps perdu dans le Wimax. Cette technologie permet d’apporter de l’Internet fixe par ondes radio pour obtenir un meilleur débit qu’en ADSL. Possesseur d’une licence Wimax, Free crée une filiale dédiée, iFW, et annonce en 2006 que ses abonnés Freebox des grandes villes pourront bientôt y avoir accès. Il promet aussi de déployer ce haut débit sans fil partout en France. Il lance une expérimentation nationale mais ne commercialisera finalement jamais d’offre. C’est une cuisante déconvenue.
8- La Freebox, pionnière de la fibre
Dépendant du réseau cuivre d’Orange en ADSL, Xavier Niel voit très vite l’opportunité de construire ses propres infrastructures avec l’arrivée de la fibre. Sa société sera la première à parier massivement sur le FttH, la fibre optique jusqu’à l’abonné. Dès 2008, il est en mesure de commercialiser une Freebox Ô compatible fibre optique auprès du grand public. La suite sera moins glorieuse. Free arrête d’investir en 2011 et se fait distancier par Orange. Mais il réussit à monter en débit grâce au VDSL 2. Depuis deux ans, Free met les bouchées doubles pour rattraper son retard. Il espère atteindre les 9 millions de prises raccordables en FttH d’ici la fin de cette année.
9- Comment la Freebox est devenue la chérie des geeks
Les innovations et les prix bas de la Freebox vont vite conquérir un public de jeunes passionnés de technologies. Une vraie communauté de fidèles va alors se créer : les freenautes, volontaires et dévoués pour contribuer à l’amélioration des produits dans des forums. Xavier Niel aura l’intelligence de toujours cultiver ce lien particulier, les rencontrant même physiquement une fois par an lors d’une convention. L’image de la Freebox va aussi être l’objet d’une communication soignée.
Chaque lancement est précédé de quelques informations distillées pour faire monter le suspense, le tout s’achevant sur un dévoilement à une date surprise. Xavier Niel inaugure également le principe des keynotes à la Steve Jobs à l’occasion de la présentation de la Freebox Révolution en 2010. Chemise blanche sur jean, micro serre-tête le laissant libre de ses mouvements, Niel fait le show. Il n’hésite pas à taper sur les concurrents et à jouer le Robin des Bois qui va redonner du pouvoir d’achat aux Français avec des prix cassés. Il y a aussi les slogans publicitaires malins comme « Il a Free, il a tout compris », « La liberté n’a pas de prix ». Et les spots humoristiques mettant en scène le personnage du grand barbu disgracieux Rodolphe qui achèvent de bâtir cette image de box alternative et libertaire au moment de la sortie de la Freebox Révolution.
10- La Freebox V7 est attendue depuis … 2015 !
La Freebox V7 a trois ans de retard par rapport aux déclarations de Xavier Niel. Invité en 2014 sur l’antenne de BFM Business, il assure être en mesure de sortir sa prochaine box avant la fin de l’année 2015. Depuis, il n’a cessé de multiplier les déclarations similaires. En mars dernier, il déclare lors de la conférence de presse sur les résultats financiers du groupe qu’elle est entrée en production.
A la fin du mois d’août dernier, le nouveau directeur général d’Iliad Thomas Reynaud affirme qu’elle sortira d’ici « quelques semaines ». Deux mois plus tard, toujours rien. On peut cependant s’attendre à ce que la Freebox soit dévoilée un mardi à 10h00 avant la fin de l’année et que les invitations aux journalistes soient envoyées… la veille. Stay Tuned !
Voir aussi notre vidéo sur ce le Top 5 des nouveautés que l’on attend le plus chez la prochaine Freebox :
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