L’opérateur Free a jeté un froid à l’occasion de la conférence Graco, qui a rassemblé les opérateurs et les collectivités territoriales sous la houlette du régulateur Arcep. A l’occasion de la première table ronde, Laurent Laganier, directeur de la réglementation et des relations avec les collectivités chez Iliad, a mis les pieds dans le plat en contestant ouvertement l’utilité économique d’un déploiement général de la fibre optique.
« Faire le lien entre l’équipement des ménages en fibre optique et la compétitivité du pays est abusif. Le FTTH est tiré par le loisir, à savoir regarder la télévision haute définition par fibre sur plusieurs écrans. Sur l’ensemble des autres usages domestiques – e-administration, e-learning,… – nous avons l’impression que le haut débit à 10 Mbit/s est suffisant », explique-t-il. Pour Free, une mise à jour vers le haut débit serait suffisante dans bien des cas. « Par ailleurs, compte tenu de l’usage que les ménages font de la fibre optique, pour faire décoller le FTTH, ce n’est pas le cuivre qu’il faudrait éteindre, mais la TNT et la télévision par satellite », ajoute-t-il, un rien pernicieux.
Passe d’arme
La réponse ne s’est pas fait attendre. A commencer par Laure de la Raudière, députée d’Eure-et-Loire, qui estime que « l’usage en ville est la même à la campagne » et que le déploiement du très haut débit « n’est pas uniquement un enjeu industriel et de compétitivité, mais aussi d’aménagement du territoire ». En somme, la fibre optique est un droit pour tous.
Une deuxième salve a été lancée par François Lambert, vice-président de l’Avicca (association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel), qui trouve cet avis particulièrement déplacé venant de Free. « Iliad nous dit qu’il faut monter en débit, alors que lui-même n’ira jamais dans les campagnes pour le faire, car il préfère se concentrer sur les gros immeubles », dit-il.
La passe d’arme s’est terminée par Jérôme Coutant, membre du collège de l’Arcep. Face à cette remarque « à rebrousse-poil » de Free, il estime que le déploiement du THD n’est pas juste « un épisode supplémentaire des télécoms » mais « un grand projet d’infrastructure et d’aménagement du territoire. Certainement le plus grand de cette décennie et peut-être de la suivante. Faut-il priver certains de cet avenir ? » Ouf, le plan très haut débit est sauvé.
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