Peu coutumier des grands raouts dispendieux, Free a quand même choisi de mettre les petits plats dans les grands pour fêter son dixième anniversaire. Ce vendredi 2 octobre 2009, au Palais omnisport de Paris Bercy, les invités du FAI assisteront à un grand show, durant lequel monteront sur scène Gad Elmaleh, Bertignac, Cali, Raphaël, Stefan Eicher. Avant de souffler ces dix bougies, Maxime Lombardini, directeur général d’Iliad, la maison mère de Free, est venu au micro du Grand Journal de BFM Radio (filiale de NextradioTV, comme 01net) jeudi 1er octobre pour évoquer cet anniversaire et les ambitions nouvelles de Free, dans la 3G notamment.
BFM Radio : on ne vous a pas entendu vous exprimer après la sortie de Nicolas Sarkozy sur la 4e licence 3G, à laquelle vous êtes candidat. Il se disait sceptique sur le choix d’un 4e opérateur, estimant que le prix le plus bas n’est pas forcément le meilleur. Est-il sorti de ses attributions ?
Maxime Lombardini : On est un peu ennuyé. On est dans une démarche très organisée, il y a un décret qui a été publié le 1er août. On essaye de faire un dossier aussi convaincant que possible pour que celui qui a la mission d’attribuer une licence à l’un ou à l’autre puisse être convaincu que notre dossier est le meilleur.
Nicolas Sarkozy a un ami très proche qui s’appelle Martin Bouygues. Cherche-t-il à lui plaire avec cette intervention ?
Il y a trois grands opérateurs qui n’ont pas trop envie de voir arriver de la concurrence sur le marché du téléphone mobile. Au-delà du prix, on peut faire beaucoup de choses dans le téléphone mobile. On en a fait dans les dix dernières années pour révolutionner – si je parle avec un peu d’arrogance – l’accès à Internet, le téléphone, la télévision, et on pense qu’on pourrait faire des choses assez bien dans le domaine du mobile.
Quel est votre projet en matière de 3G ?
La 3G, ce n’est pas uniquement de la voix ou du téléphone, c’est du multimédia mobile : certains d’entre nous utilisent leur téléphone pour surfer sur Internet, regarder la télévision. Et donc l’idée est de se dire que tout ce qu’on a sur la Freebox, le triple play, on devrait l’avoir sur son téléphone, son smartphone. C’est notre métier.
Nous ne sommes pas chers mais nous avons aussi un excellent niveau de qualité et nos 4 500 collaborateurs ont envie d’y participer. C’est dans ce cadre-là que nous sommes candidats à une licence de téléphonie mobile.
« Nous voulons proposer de la téléphonie mobile plus simple »
Quel type d’offre comptez-vous proposer ?
Les offres d’aujourd’hui sont trop compliquées et pas toujours très claires. Au moment où vous souscrivez, vous ne savez pas trop ce que vous allez payer. Et c’est de plus en plus vrai avec les offres de data, d’accès à Internet. Vous êtes un peu effrayé quand vous commencez à télécharger une musique, un film, une vidéo. Sur la voix, si vous dépassez votre forfait horaire, vous avez une bonne chance de vous faire matraquer.
Notre idée est de faire des choses plus simples, plus transparentes et meilleur marché, sans pour autant casser le marché. L’idée n’est pas de détruire une industrie. Nous ne sommes pas kamikazes.
Martin Bouygues disait aux Echos en décembre dernier que si le gouvernement autorisait l’arrivée d’un acteur ultra low cost, il prendrait la responsabilité d’une guerre des prix et d’une perte de 10 à 30 000 emplois chez les opérateurs. Que lui dites-vous ?
C’est toujours ce qu’on dit quand on voit arriver un peu de concurrence. Les opérateurs gagnent à peu près aujourd’hui 25 millions d’euros d’Ebitda (1) par jour. Quand vous êtes assis sur un tas d’or, vous avez rarement envie de voir arriver un concurrent. Avec d’autres, nous avons ouvert la concurrence dans le fixe et cela a plutôt bien réussi. Nous avons créé un emploi par jour depuis dix ans. Mettre un peu plus d’innovation et de concurrence ne détruit pas des emplois, cela force chacun à être meilleur, à innover.
L’échéance pour la 4e licence est le 29 octobre. C’est l’Arcep qui va trancher. Pensez-vous que la prise de position de Nicolas Sarkozy puisse influencer la décision ?
Quand un Président de la République prend la parole, ce n’est jamais neutre. Après, l’Arcep est une autorité administrative indépendante, ils agissent dans le cadre d’un appel à candidature avec des critères très précis. C’est sur ces critères que les choses se décident.
« Notre projet, c’est du très haut débit pour tout le monde très vite »
Craignez-vous le démontage d’antennes-relais par la justice ? Cela peut-il remettre en cause votre stratégie ?
Pour déployer un réseau mobile, il faut pouvoir mettre des antennes. Il y aura un arbitrage dans les concertations en cours entre notre envie à tous d’avoir un mobile et la crainte qu’on a des antennes, qui n’est pas très fondée. Mais il faut aller au bout du débat.
Vous avez aussi de grandes ambitions dans la fibre optique. Après deux ans de palabres, cela peine à démarrer en France. 230 000 foyers seulement sont abonnés. Faut-il une intervention publique ?
On ne la demande pas spécialement. On dit surtout qu’il faut que les trois opérateurs qui déploient de la fibre et tous ceux qui le veulent se mettent ensemble, pour faire un réseau qui aille très loin sur le territoire plutôt que de faire trois ou quatre réseaux en concurrence sur les zones les plus denses.
Ce projet est trop important pour le pays pour se faire une concurrence terrible, d’avoir des réseaux en parallèle à Paris et rien du tout en province. On dit : mettons nous ensemble et si l’Etat nous aide, c’est encore mieux. Notre projet, c’est du très haut débit pour tout le monde très vite.
Et France Télécom joue-t-il encore une fois solo dans ce dossier ?
Ils sont les seuls à avoir aujourd’hui un réseau qui couvre tout le territoire et là on parle de faire un réseau ensemble. On serait dans leur situation, on n’aimerait pas non plus, je pense.
« Nous avons les moyens de nos ambitions »
Avez-vous les moyens de vos ambitions ? La 3G, la fibre optique, ça coûte combien… Vous avez les reins solides ?
On a un modèle formidable. On a réussi à faire le produit triple play d’accès à Internet le moins cher en Europe et malgré tout, la société gagne de l’argent et plutôt bien sa vie. On a les moyens de financer nos projets. On ne distribue presque pas de dividendes, on réinvestit tous nos profits dans la construction du réseau ADSL, du réseau fibre et demain je l’espère du mobile.
La fibre est un projet qui coûte un milliard d’euros sur de nombreuses années, qui est progressif et qui génère des économies dans le même temps, puisqu’on ne paye plus l’accès au réseau de France Télécom. Le mobile, c’est un milliard environ, que l’on finance facilement avec les revenus de notre activité actuelle.
1999 : à l’époque, Wanadoo proposait un forfait de 45 francs pour trois heures de connexion par mois ou 95 francs pour de l’illimité. Free est arrivé ensuite avec son offre d’accès sans abonnement. Vous en avez reçu des coups depuis…
C’est assez motivant, finalement, d’avoir toujours des projets, d’aborder les choses sans idées préconçues. Et nous prenons des coups sur la tête, mais avons aussi des gens qui nous soutiennent, à tous les niveaux : pouvoirs publics, journalistes, abonnés, partenaires. On avance. Notre équipe est motivée et aime l’innovation en tant que telle, la technologie. Avec l’idée toujours d’avoir des produits assez simples.
Vous allez continuer à jouer les trouble-fête pour les dix prochaines années ? La suite sera-t-elle toujours idyllique quand on voit la concurrence qui se réveille, comme l’offre triple play de Numericable à 19,90 euros par mois lancée il y a quelques jours ? Citons aussi la fibre optique, le haut débit sans fil…
Ces annonces, ces offres, il faut les regarder dans le détail. Nous avons encore aujourd’hui la prétention de dire que notre offre est de loin la meilleure, quand on regarde le nombre de chaînes de télévision, les coûts cachés dans les offres dévoilées récemment, où il faut payer en plus le boîtier, être dans la bonne zone pour recevoir les chaînes et ainsi de suite. La concurrence, c’est très sain, nous, on en a vécu, on ne va pas s’en plaindre aujourd’hui.
(1) Revenus avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements…
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