Free est confiant. Dans quelques semaines, l’opérateur déposera son dossier de candidature pour décrocher la fameuse quatrième licence 3G qui lui ouvrira les portes de la téléphonie mobile. Ce candidat ultra motivé ne doute pas de sortir vainqueur de la procédure d’attribution, dont le résultat sera connu à l’automne. Et malgré la crise qui sévit, Free ne pouvait pas rêver d’un meilleur timing pour s’attaquer au marché de la téléphonie mobile.
Le FAI va tout d’abord acheter son « permis 3G » trois fois moins cher que ses concurrents. Ainsi en a décidé Bercy, qui a ramené son prix à 206 millions d’euros en février dernier pour faciliter l’arrivée d’un nouvel opérateur. Certes, cette licence allégée est aussi trois fois moins riche en fréquences radio (5 MHz). Mais Orange, Bouygues et SFR offriront 5 MHz supplémentaires au nouvel entrant, comme leur propre licence les y oblige.
Avec ces deux blocs de fréquences, Free affirme pouvoir gérer 10 millions d’abonnés mobiles, à l’échelle nationale. Une hypothèse très haute : l’Internet mobile est gourmand en fréquences, bien plus que le simple transport de la voix. Free pourra néanmoins postuler pour un autre bloc de 5 MHz, que l’Etat mettra en jeu en fin d’année.
Un lancement commercial possible pour l’été 2011
L’opérateur ne récupérera pas immédiatement les 5 MHz rendus par ses petits concurrents. La rétrocession peut prendre jusqu’à deux ans. «Pour Bouygues Telecom, ce sera plus tôt, sous 18 mois », nous a précisé Xavier Niel, le fondateur de Free. Ce délai lui laissera le temps de commencer à construire son réseau mobile. Lorsque l’opérateur aura planté suffisamment d’antennes pour couvrir 25 % de la population française, il aura également le droit de profiter du réseau mobile d’Orange, Bouygues et SFR grâce à des accords d’itinérance pour étendre d’un coup sa couverture.
C’est à ce moment-là que « Free Mobile » commercialisera ses premières offres. Pour Xavier Niel, « il faut compter environ 20 mois entre l’attribution de la licence et le raccordement du premier abonné ». Ce qui nous mène à l’été 2011. La 3G, qui a vraiment commencé à percer en 2008, sera alors à son apogée.
Les équipements, côté réseau et côté client, seront moins coûteux et déjà compatibles avec la 4G, le très haut débit mobile (10 Mbit/s), dont les licences devraient être mises en jeu en 2010. Free disposera donc d’emblée d’un réseau mobile up to date, tout IP, avec à la clé des promesses de services sans couture entre Internet fixe et Internet mobile.
France Télécom ? « Un délinquant multi récidiviste »
L’opérateur aura-t-il les moyens de ses ambitions ? Sans aucun problème, assure-t-il. « Le modèle économique d’Iliad arrive à pleine puissance », professait son directeur financier le 19 mars, à l’annonce de ses résultats annuels. Malgré le coût du rachat d’Alice en août 2008, censé être épongé d’ici à trois mois, tous les clignotants sont au vert. Les bénéfices d’Iliad ont progressé de 44,3 % (hors Alice) et Free lui a permis de dégager 210 millions d’euros de flux de trésorerie disponible en 2008, dix fois plus que l’année d’avant. Cerise sur le gâteau, l’entreprise est relativement peu endettée pour un acteur télécoms.
Le milliard d’euros nécessaire pour monter son réseau mobile n’effraie donc pas l’opérateur… même s’il doit en débourser un autre dans les années à venir pour déployer la fibre optique. Mais la fibre a un avantage : « Nous faisons 50 % de marge sur une ligne ADSL. Avec la fibre optique, elle passe à 85% », indique Xavier Niel. Car avec la fibre, plus besoin de reverser une dîme de dégroupage à France Télécom, ce « délinquant multi récidiviste » dont la « dernière grande innovation, c’est le Minitel » a raillé Xavier Niel.
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