C’était le dernier FAI français à en donner l’accès à ses abonnés. Mais, mercredi 5 septembre au soir, Free a coupé l’accès à quatorze newsgroups binaires aux noms évocateurs (1) que les internautes utilisaient
pour échanger des copies illicites de films, logiciels, morceaux de musique… Ces espaces de communication électronique, apparus bien avant les forums Web, ont depuis longtemps été détournés de leur usage d’origine et sont aujourd’hui
largement utilisés pour le téléchargement de gros fichiers en raison de leur
rapidité redoutable.La justice aurait demandé à Free d’en interdire l’accès pour une durée de trente jours. ‘ Une décision de justice ne se commente pas, Free ne souhaite pas donner plus d’informations à ce
sujet ‘, se contente d’affirmer le service de presse du FAI. Que va-t-il se passer dans un mois ? Free n’a pas souhaité en dire plus. Selon une source interne, le dossier traînait depuis plusieurs mois
‘ avec des menaces de procès ‘.Tout a commencé voilà près de deux ans. Les enquêteurs de l’Alpa, l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle, s’étaient alarmés des contenus de certains newsgroups binaires. Cette association, qui regroupe
l’ensemble des acteurs du marché de l’audiovisuel français, avait alerté la justice des énormes possibilités de téléchargement. Quasiment toutes les productions cinématographiques étaient proposées via des newsgroups desservis par Free.
Les newsgroups, plus efficaces que le P2P
A la différence du peer to peer, les newsgroups ne demandent aucune contrepartie de diffusion. Les copieurs des newsgroups binaires récupèrent les données sur des serveurs répartis un peu partout dans le monde. Le
téléchargement d’un long métrage se fait alors en un temps record, moins de trente minutes avec un accès ADSL rapide, alors qu’il en faut dix à vingt fois plus en peer to peer.La coupure de Free va-t-elle endiguer la diffusion de copies illicites sur la Toile française ? ‘ Il est clair que cela va freiner la diffusion, confirme un adepte du genre. J’y trouvais
toutes les séries TV et les dernières productions cinématographiques en DiVX. ‘ Reste que Free n’est pas le seul à donner accès aux newsgroups. Si la plupart des autres FAI français ont, eux, fermés les robinets des
newsgroups binaires depuis longtemps, il existe de nombreux services en ligne palliatifs. A condition d’accepter de payer un abonnement d’une dizaine d’euros par mois, ces serveurs basés à l’étranger proposent de nombreux
contenus illicites, parfois en garantissant l’anonymat à leurs membres et le
cryptage des données.Ce blocage va-t-il faire perdre des clients à Free ? Les avis sont partagés, mais certains n’hésitent pas à revendiquer pourquoi ils avaient choisi ce fournisseur d’accès : ‘ Les newsgroups binaires
étaient LA raison pour laquelle j’étais chez eux, confie un client. Si c’est réellement fini, alors je quitterais Free pour rejoindre Neuf, qui propose plus de services pour le même tarif. ‘Avec cette action, la France rejoint les Etat-Unis dans la lutte contre la diffusion d’?”uvres cinématographiques via les newsgroups. En février 2006, la MPAA, la Motion Picture Association of America,
assignait en justice plusieurs newsgroups comme NZB-Zone ou encore BinNews.
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