Vous avez récemment stigmatisé dans une tribune publiée par Le Monde les ” pleureuses ” qui critiquent les nouvelles technologies de la communication. Est-ce un nouveau tournant pour l’Electronic Business Group (EBG), dont vous êtes le président ?Nous n’avons pas vocation à produire des livres blancs ou à ne faire que du lobbying. Aujourd’hui, l’EBG regroupe 300 entreprises. Ses membres se réunissent à rythme régulier, selon l’actualité, autour de petits déjeuners, de dîners- débats ou de commissions thématiques. L’EBG est plutôt un lieu d’échanges et de formation pour ses adhérents. Ceci étant, nous avons discuté en interne pour savoir si nous devions rester silencieux sur des problèmes de fond qui nous paraissent cruciaux pour l’activité de nos entreprises, ou si, au contraire, nous devions prendre part publiquement à ces débats. Lors d’une assemblée générale, qui s’est tenue avant l’été, nos adhérents ont plébiscité une action qui permette d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur le nécessaire développement de l’accès internet à haut débit en France. On évoque la fracture numérique, la croissance. Or, que constate-t-on ? Qu’il ne se passe rien, absolument rien, depuis deux ans sur ce sujet. L’accès au haut débit est pourtant aussi essentiel pour nos entreprises que l’évolution de la conjoncture économique. Grâce à ces technologies, nous pourrions développer davantage le commerce électronique en direction du grand public, mais également les services marchands entre les entreprises. Les coûts d’accès sont encore trop élevés. Il faut appeler un chat un chat, et enfin tirer la conclusion que France Telecom est au centre du blocage. Il s’agit d’enlever le bouchon. Le problème n’est pas technologique, ce sont les coûts d’interconnexion qui sont trop élevés. Seule une volonté politique forte pourrait faire avancer ce dossier.Quel public ce dossier concerne-t-il en priorité ? Les entreprises ou les particuliers ?Pour les entreprises, le dossier est crucial. Dans leur cas, le bas débit n’a pas de sens, si ce n’est en matière de courrier électronique. Comment voulez-vous vous connecter à une place de marché avec un accès bas débit ? Or, beaucoup de fournisseurs sont des PME qui ne sont pas encore équipées d’un accès haut débit. Et je vous rappelle que le groupe PPR [Pinault Printemps Redoute, filiale de la Financière Pinault, dont François-Henri Pinault est le cogérant, ndlr] devrait réaliser 1 milliard d’euros [6,56 millions de francs] d’achats sur la place de marché GNX l’année prochaine. Le Medef semble être absent de ce type de débat…Il s’agit avant tout d’un problème d’entreprises. La révolution est en marche : toutes les sociétés sont en train d’augmenter leurs investissements informatiques pour adopter les technologies internet. À titre indicatif, le nouveau responsable informatique de la Fnac est celui qui a bâti le site Fnac.com. Dans le même temps, toutes les fonctions de l’entreprise sont touchées : la direction marketing, la direction achat, etc. Il y a quelques années, un acheteur passait sa vie dans les salons professionnels à compulser des annuaires. Aujourd’hui, si un acheteur veut élargir sa gamme de produits, il a accès à une masse d’informations immédiatement disponible. Il incombe aux entreprises de mobiliser leurs collaborateurs et, surtout, d’assurer leur formation. Mais il est clair, dans le même temps, qu’il faudrait sans doute sensibiliser davantage les chefs d’entreprise à ces enjeux. Au sein de PPR, contrôlé par Artémis, que représentent aujourd’hui vos activités internet ?Pour l’année en cours, internet devrait générer 460 millions d’euros de chiffre d’affaires.Vous avez des relations privilégiées avec Bouygues, compte tenu de la participation d’Artémis. Quel est votre sentiment sur l’UMTS [troisième génération de mobiles] ?Tout comme PPR, Bouygues compte au nombre de nos participations sans optique de sortie immédiate. C’est, d’ailleurs, le sens du pacte d’actionnaire que nous avons passé avec Martin et Olivier Bouygues. Quand je suis rentré chez Artémis, j’ai rencontré tous les dirigeants du groupe. Cette confiance nous a permis d’être très actifs sur l’UMTS. Aujourd’hui, Bouygues Telecom pourrait ne pas demander de licence et se contenter de développer des services à partir des technologies intermédiaires, GPRS et Edge. D’autant que son réseau [sur la bande des 1 800 mégahertz] a une capacité plus importante que les autres. Mais certaines nouvelles applications pourraient être assez voraces en bande passante. Et, d’ici à 2006, date probable du démarrage de l’UMTS grand public, les réseaux GSM vont être fortement rentables. Ils pourraient donc financer une part significative des investissements de la troisième génération de téléphonie mobile. Concernant le dossier de la télévision numérique hertzienne, pensez-vous qu’il y ait des débouchés ?Je ne crois pas que le numérique terrestre puisse apporter de la valeur ajoutée au consommateur, surtout dans le cadre de programmes gratuits. Car créer une offre attractive nécessite d’énormes moyens, et je ne vois pas quelle équation économique pourrait fonctionner.
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