Le plan de communication était presque parfait. Sur le papier, difficile d’imaginer plus tendance en ce début de web-campagne présidentielle qu’un candidat s’exprimant devant un parterre de blogueurs, d’investisseurs et d’entrepreneurs
du Net. Un millier d’entre eux étaient présents à Paris les 11 et 12 décembre derniers à l’occasion de la Conférence Le Web 3.Encouragé par la venue inattendue de l’ancien Premier ministre israélien, Shimon Peres, le principal organisateur de cette manifestation, Loïc Le Meur, avait décidé de lancer une invitation de dernière minute à trois candidats à
l’élection présidentielle. Deux d’entre eux, François Bayrou et Nicolas Sarkozy, ont répondu à l’appel. Mais leurs interventions, et le buzz suscité sur le Web, ont connu des fortunes diverses.Pour commencer, devant un public essentiellement anglophone, le leader centriste a repris sa marotte actuelle, à savoir son combat contre ‘ les puissances économiques et médiatiques ‘. Dans
ce contexte, ‘ la blogosphère, c’est important pour un candidat à la présidentielle qui n’est pas soutenu par les médias traditionnels puissants ‘, a-t-il expliqué. Il a salué la blogosphère, comme
‘ une communauté de citoyens ‘ et un ‘ instrument de pluralisme ‘.
‘ Avec Internet, ce sont les citoyens qui cessent d’être passifs
pour devenir actifs. On devient acteur du monde de l’information et, au-delà, un acteur de sa propre vie. ‘Pour François Bayrou, qui s’est dit ‘ frappé par l’univers des logiciels libres et des wiki, (…) l’humanité est en train de découvrir une logique nouvelle de développement, par le
partage, la liberté et la connaissance ‘. Rien de moins. Un discours fait de considérations générales mais qui démontrait un intérêt certain pour le sujet.
Des réactions violentes dans la blogosphère
Faisant traduire ses propos en anglais ou s’exprimant lui-même dans la langue de Shakespeare, le leader centriste a ensuite répondu aux questions de la salle. Ce faisant, il n’a pas trop heurté la susceptibilité d’une assistance qui
avait déboursé en moyenne 500 euros pour venir débattre du futur de l’Internet. ‘ Son apparition était inattendue, et même s’il n’avait pas forcément grand-chose à faire ici, il ne semblait pas trop se prendre au
sérieux ‘, note un blogueur anglophone.Changement de ton l’après-midi avec l’arrivée toujours aussi impromptue du président de l’UMP, Nicolas Sarkozy. En une quinzaine de minutes, le candidat s’est livré en français et sans traduction à un tour d’horizon très didactique de
la situation de l’Internet en France, devant une salle qui ne l’attendait pas forcément. Et après avoir expliqué qu’il ‘ avait conscience que le débat démocratique est profondément et durablement modifié par l’arrivée
d’Internet ‘, Nicolas Sarkozy s’est éclipsé sans répondre aux questions du public.Très irrités,
certains blogueurs s’expriment aujourd’hui avec une violence rare sur le sujet et estiment que la conférence Le Web 3 a été détournée de sa vocation première au profit de
minimeetings électoraux ni faits ni à faire. Et diffusent en ligne
des photos peu flatteuses pour la popularité du candidat. Nicolas Sarkozy avait déjà vu sa déclaration de candidature officielle dévoilée en ligne, un jour avant la date
prévue. Il avait dû ensuite faire ‘ bidouiller ‘ à la hâte un site de campagne digne de ce nom. Il semble maintenant qu’entre les blogueurs, les internautes et lui, la fracture numérique ?” au-delà des belles
déclarations d’intention et des podcasts vidéo avec un certain Loïc Le Meur ?”, soit plus importante qu’il n’y paraît.
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