Sur les trente-trois serveurs d’applications (*) évalués dans votre étude comparative, vous distinguez douze offres phares. Vos critères de choix ne sont-ils pas trop subjectifs ? L’établissement d’un tel distinguo n’a pas été facile. Mais nous avons arrêté des critères de sélection qui nous semblent objectifs. Entrent donc dans notre ” Top 12 ” des solutions vendues par des éditeurs solides, comme Oracle, ou affichant un grand nombre de références – c’est bien sûr le cas de WebLogic de BEA et de WebSphere d’IBM – et une bonne richesse fonctionnelle. Cette dernière caractéristique explique la présence de HahtSite de Haht Commerce ou de WebObjects d’Apple, deux produits qui sont pourtant loin de briller par leur diffusion. Le quatrième et dernier critère est, il est vrai, plus subjectif. Nous incluons des éditeurs dont nous jugeons le positionnement intéressant. Lutris a ainsi été retenu car son serveur d’applications Enhydra est proposé en mode open source et s’appuie, de surcroît, sur des standards Java, comme les servlets ou les pages dynamiques JSP.La présence de PHP n’est-elle pas marginale ? Nous n’aurions pas pu intégrer la version 3 de PHP à nos douze of-fres phares, en raison de l’absence dans cette mouture de la gestion de sessions, indispensable à la construction de sites web dynamiques. Cette lacune est comblée avec PHP 4. Nous avons donc choisi d’évaluer ce moteur de scripting, qui, certes, présente encore des faiblesses, telles que son incapacité à répartir la charge, mais qui ne cesse de gagner en popularité.Les deux leaders du marché, WebLogic et WebSphere, sortent-ils leur épingle du jeu ? Le serveur d’applications de BEA décroche la palme en termes de richesse fonctionnelle, confirmant ainsi son avance technique sur son rival WebSphere. WebLogic s’avère plus complet, plus stable et globalement plus mûr que le produit d’IBM. Même si la certification Java 2 Enterprise Edition (J2EE) ne constitue pas un impératif pour nos clients, BEA se montre bien plus réactif que Big Blue dans l’adoption des standards J2EE. A l’heure où WebLogic se conforme aux EJB 2. 0, WebSphere s’ouvre tout juste aux EJB 1. 2. Ce respect des standards profite depuis peu à iPlanet. Nous voyons apparaître en avant-vente – c’est nouveau – la version 6 d’iPlanet Application Server, qui décroche l’une des meilleures notes techniques.En ce cas, comment expliquer le succès de WebSphere ? Chez les clients, quand IBM en arrive à concéder une possible supériorité de WebLogic par rapport à WebSphere, il n’est pas rare qu’il s’empresse d’ajouter que son produit est bien suffisant pour les besoins de l’entreprise et vendu à un coût largement inférieur à la solution de son concurrent. L’argument du prix a ainsi pesé dans la décision d’un grand groupe français, qui a finalement délaissé WebLogic pour WebSphere, mais a dû par la suite dégager beaucoup de ressources pour mener à bien son projet fondé sur le serveur d’applications d’IBM. Celui-ci a vu son prix augmenter récemment, passant de 50 000 à 70 000 francs par processeur. A ce tarif, on est encore loin des 170 000 francs par processeur de WebLogic. La technologie objet reste chère.Les tarifs élevés des serveurs d’applications constituent-ils un frein à leur adoption ? Le coût de la plupart des solutions purement objet – J2EE, Corba, DCOM – appréciées dans l’étude atteint un montant supérieur à 50 000 francs par processeur. Dans des environnements hautement transactionnels, au final, la note peut être douloureuse. Mais c’est sans doute le prix à payer pour réussir dans une politique de réutilisation de composants.L’objet fait-il toujours peur ? Malheureusement oui. Si l’on connaît C++, il est facile de se familiariser avec Java. En revanche, un développeur rompu aux outils client-serveur, tels que Delphi ou PowerBuilder, restera dérouté. D’autant que la productivité qui est conférée par les outils de développement objet associés aux serveurs d’applications se révèle catastrophique.S’oriente-t-on vers des ateliers de développement web tout intégrés ? Ce serait souhaitable. L’idéal étant d’aboutir à un AGL objet aussi complet que PowerBuilder en son temps, lequel s’interfaçait avec l’outil de modélisation AMC Designor, qui proposait des fonctions de création d’interfaces utilisateurs et s’intégrait à l’outil de gestion de configuration PVCS. Les éditeurs de serveurs d’applications ne peuvent pas se targuer d’une telle intégration. C’est le seul point faible de WebLogic par rapport à WebSphere. En effet, si BEA peut s’appuyer sur VisualCafé de WebGain, ce produit est beaucoup plus pauvre que VisualAge for Java. Au point que BEA ne s’en cache pas et présente actuellement JBuilder comme son outil de prédilection. Le succès du produit de Borland devrait même se confirmer, puisque l’éditeur a décidé de le coupler aussi à WebSphere et iPlanet. En avant-vente, il n’est pas rare de voir préconiser JBuilder pour iPlanet Application Server. Preuve qu’il y a un manque du côté des serveurs d’applications. Aujourd’hui, on se retrouve face à un compromis : choisir un outil de développement productif, ou opter pour une solution de déploiement qui respecte les standards. Et ce sachant que les offres les mieux intégrées, à l’instar de ColdFusion, HahtSite ou WebObjects, n’honorent pas ou peu les standards. Néanmoins, deux serveurs d’applications Java font figure d’exception : Pramati et SilverStream.(*) Selon Owendo, un serveur d’applications est un environnement de l’architecture qui fournit les briques techniques nécessaires à l’exécution d’applications transactionnelles web.
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