Des lycéens qui font des expériences de physique ou de chimie du fond de leur lit d’hôpital… c’est aujourd’hui possible au centre scolaire de l’hôpital pour enfants Robert-Debré, à Paris (19e). Tous les jeudis, de 9 h 30 à 11 h, Franck Canu, 35 ans, professeur de physique au lycée Henri-Bergson, y enseigne, depuis sa classe de seconde. Son cours est diffusé dans les services d’hématologie et de pédopsychiatrie grâce à un système de vidéoconférence de son invention.“Au lycée, dit Franck, il est difficile d’enseigner la physique sans faire de travaux pratiques !” Ce chimiste de formation, qui a travaillé cinq ans dans la recherche pharmaceutique avant de passer son Capes, est un passionné de nouvelles technologies. Dès 1995, il crée un intranet consacré à la physique et accessible aux élèves comme aux professeurs, au sein de son établissement. On y trouve des cours, des bases de données, des fiches de travaux pratiques, des vidéos. Une première étape. Franck intègre ensuite le groupe de recherches Evariste (Etudes et valorisation en recherche informatique sur les systèmes tutoriels d’enseignement). Il y travaille de concert avec d’autres enseignants en sciences sous l’égide du Cnam (Conservatoire national des arts et métiers). Premier succès : la création d’un appareil numérique de prise et de traitement de mesures, qui aujourd’hui équipe les classes de sciences. Quant aux élèves d’Henri-Bergson, ils peuvent intégrer en temps réel sur l’intranet de leur lycée les résultats de leurs expérimentations. C’est alors par l’intermédiaire d’Alain Rauch, qui enseigne quelques heures par semaine à Robert-Debré, que Franck découvre l’école à l’hôpital. La suite s’impose comme une évidence !Aujourd’hui, Franck va tous les lundis matins à Robert-Debré. Et il a informatisé la salle de travaux pratiques du lycée Henri-Bergson. Chaque semaine, des élèves y effectuent des expériences et entrent les résultats dans dix PC reliés en réseau. Le cours est retransmis à l’hôpital par une caméra. “Tout se passe naturellement, raconte Franck. Les élèves hospitalisés posent des questions à leurs camarades, et peuvent même leur demander de déplacer la caméra pour voir certains détails !” Surtout, ils réalisent eux aussi le montage, comme s’ils étaient dans la classe. Et intègrent leurs résultats en ligne, comme les autres ! Cerise sur le gâteau : une caméra montée sur tourelle capte l’ambiance de la salle de classe. Car ce que les enfants cherchent avant tout, c’est de reprendre pied dans une certaine normalité. Depuis cette année, l’expérience a été étendue à des cours à domicile. Ainsi, Matthieu, 15 ans, depuis sa sortie de l’hôpital, suit les cours de Franck chez lui, à Caen : une victoire de plus pour l’inventeur !
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