Nous avons commis des erreurs pour le lancement du WAP : promesses technologiques surévaluées, trop peu de contenus, théâtralisation excessive… La leçon servira pour l’UMTS“, confesse Didier Quillot. En visite à Helsinki, chez Nokia, un de ses premiers fournisseurs, le directeur général d’Orange France veut faire “ toucher du doigt la réalité” de la téléphonie mobile version troisième génération (3G). Avec 35 millions d’abonnés en Europe, dont 16 dans l’Hexagone, le premier opérateur français (48 % de parts de marché) prépare fébrilement le grand rendez-vous de l’UMTS, prévu pour début 2003. D’ici là, Orange compte sur le lancement discret, cet automne, de la norme intermédiaire GPRS pour “sensibiliser progressivement le marché à l’internet mobile.“L’UMTS a coûté 4,9 milliards d’euros (32 milliards de francs) au groupe de Michel Bon pour la seule licence française, contribuant ainsi à porter le total de la dette à 64,9 milliards d’euros. Mais l’enjeu est énorme. La nouvelle norme permettra aux utilisateurs de surfer à haut débit sur le web et d’accéder à des services multimédias inédits : alertes personnalisées, transactions en ligne, téléchargement de données, de vidéos… Avec un écran plus large et couleur, “ le téléphone portable deviendra un vrai terminal nomade multimédia“, s’exclame Didier Quillot. Comme “ la croissance du nombre d’abonnés va ralentir, les opérateurs vont devoir parier sur la croissance de leur ARPU [revenu moyen par abonné, ndlr]“, ajoute, plus terre à terre, Ukko Lappalainen, vice-président de Nokia Networks. La promesse fait briller les yeux du patron d’Orange France : avec la masse de services payants autorisés par l’UMTS, le marché des communications mobiles devrait être multiplié par trois en 2006, pour atteindre 980 milliards d’euros contre quelque 340 aujourd’hui. “ Pour 2005, nous visons 25 % de revenus non voix par abonné“, précise-t-il. Détenteur d’une des deux licences UMTS en France (et de dix au total en Europe), Orange compte investir 8 milliards d’euros pour déployer les infrastructures 3G avec ses fournisseurs Nokia, Ericsson, Alcatel.
Encore peu palpable
À l’arrivée à Helsinki,l’UMTS est toutefois moins ” palpable ” que prévu. Nokia fait assaut de simulations : à partir d’un téléphone, on pourra réserver une table de restaurant et voir la salle, trouver son chemin en téléchargeant un plan, envoyer une photo à sa belle-mère, jouer à un vrai jeu vidéo, regarder un clip… Mais nulle trace des futurs ” terminaux UMTS “. La visite d’un centre de recherche dédié est même annulée in extremis.En revanche, Nokia ouvre les portes de son usine d’infrastructures 3G installée à Oulu, au nord-ouest de la Finlande. Cette fois, une chaîne de production flambant neuve assemble les premières stations de transmission, prêtes à être expédiées aux clients les plus en pointe : le Suédois Telia, le Britannique One to One, le Japonais J-phone ou l’Allemand T-Mobile. Orange va aussi recevoir ses premières infrastructures : l’opérateur a promis de déployer un réseau UMTS susceptible de couvrir 30 % de la population française début 2003, respectant ainsi le cahier des charges de l’ART.En attendant, priorité va au lancement des services GPRS. Comme son concurrent SFR, Orange a commencé à démarcher les entreprises : 2000 personnes testent actuellement les premières offres chez Glaxo et à la Société générale. Le grand public va suivre courant septembre. Orange mettra 200 000 terminaux en packs GPRS (signés Nokia, Sagem ou Motorola) sur le marché d’ici à la fin octobre, en visant prioritairement le petit million d’utilisateurs WAP. Outre un accès au web facilité, les abonnés pourront suivre l’actualité sportive en direct, à l’aide d’alertes personnalisées : l’opérateur a déboursé 45 millions d’euros pour acheter les droits internet mobile UMTS des clubs de football de D1 pendant 8 ans, plus 5,2 millions d’euros pour ceux du rugby sur 5 ans. Mais Didier Quillot, les yeux rivés sur 2003, refuse de chiffrer ses objectifs pour le GPRS : “ La seule chose que je peux vous dire, c’est que 75 % de la population utilisera le multimédia mobile en 2010…”
* envoyé spécial à Helsinki
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