Les analystes qui attendaient, à l’occasion des résultats semestriels (lire encadré en fin d’article) de France Télécom (FT), le lancement d’un vaste plan de désendettement de l’opérateur historique en auront été pour leurs frais. Ce dernier, qui affiche une dette nette de 64,9 milliards d’euros au 30 juin 2001, n’a nullement l’intention de brader ses actifs pour alléger son ardoise financière.Pourtant, l’endettement record de FT commence à se ressentir au niveau des résultats opérationnels. Au premier semestre 2001, le groupe a affiché un résultat net de 1,951 milliard d’euros, contre 3,968 milliards d’euros pour la même période de l’année dernière. La raison en est simple : les charges financières liées au remboursement de la dette ont été multipliées par 4,2 au cours des six premiers mois de l’année, soit un surcoût de 1,496 milliard d’euros par rapport au premier semestre 2000.Pour Michel Bon, le PDG de France Télécom, la conclusion est la suivante : “Notre dette n’est pas un risque, mais un poids que nous allégerons. Nous reviendrons d’ici à la fin 2003, comme nous nous y sommes engagés, à une situation financière convenable dans un secteur comme le nôtre, avec un ratio de dettes nettes/Ebitda se situant entre 2,5 et 3. “
A l’issue du premier semestre, ce ratio se situait à 5,9, soit un dixième de moins qu’au 31 décembre 2000.
Croissance et endettement indissociables
Plutôt que de se plier aux exigences de la Bourse, qui réclame un programme de désendettement massif et rapide de la société, Michel Bon préfére réaffirmer sa confiance dans la stratégie de croissance lancée par France Télécom il y a cinq ans.” Notre activité [NDLR : le chiffre d’affaires, à taille comparable, a progressé de 11,2 % au premier semestre] n’est pas touchée par le ralentissement économique, justifie Michel Bon. Certains en sont même à se demander s’il y a une crise des télécoms. Je répondrai, pour ma part, que s’il y a peut-être une crise des télécoms, elle se situe chez les équipementiers, mais pas chez nous. “Le PDG est également revenu sur l’effondrement du cours de l’action France Télécom à la Bourse de Paris, laquelle a encore baissé de 7,32 % mercredi (- 65,6 % par rapport au 1er janvier 2001), pour se rapprocher dangereusement de son cours d’introduction de 27,75.
” C’est la chute de la Bourse qui a crée ce problème de financement, indique le PDG. Et c’est, aujourd’hui, la Bourse qui alimente cette dette. “” Les analystes apprécient notre stratégie de croissance, mais pas notre dette, note Michel Bon. Mais cette stratégie a également créé la dette. Il ne faut pas seulement voir la moitié du problème : croissance et dette sont liées. “
Un désendettement de 18 à 28 milliards d’ici à 2003
Il n’en demeure pas moins que FT est aujourd’hui contraint de se désendetter. Cependant, l’option choisie par le directeur financier du groupe, Jean-Louis Vinciguerra, est celle d’un retour progressif à la normale.Dans un scénario optimiste, la dette serait ramenée entre 37 et 47 milliards d’euros pour la fin 2003, soit une réduction effective de 18 à 28 milliards d’euros sur trente mois. Dans une situation moins favorable, elle se situerait entre 52 et 59 milliards d’euros d’ici à la fin 2003.Pour y parvenir, l’opérateur historique parie sur une croissance annuelle de 15 % de son résultat avant impôt (Ebitda), mais aussi sur les cessions d’actifs non stratégiques.Dans le premier cas, l’augmentation de l’Ebitda permettra de générer un résultat après impôt positif (free cash opérationnel), soit un apport de 2 à 4 milliards d’euros d’ici à la fin 2003. Pour ce qui est de la vente des participations, l’opérateur table sur une recette de13 à 17 milliards d’euros.A l’inverse, l’opérateur affectera 5 milliards d’euros pour le rachat des parts de Vodafone (9,9 %) dans son capital, plus 3 à 4 milliards d’euros dans le cadre d’investissements financiers ?” en prenant, par exemple, une plus grande participation dans le capital de Wind.
Pari sur une reprise de la Bourse
Enfin, la société dirigée par Michel Bon pourrait dans l’éventualité d’une reprise de la Bourse, céder environ 100 millions des d’actions dont elle est détentrice. Cette opération, qui pourrait rapporter entre 7 et 10 milliards d’euros, suppose une remontée du cour de l’action à 70 euros, voire 100 euros.Une opération financière du même type sur l’action Orange rapporterait 5 milliards d’euros au groupe de télécommunications. Cette stratégie décrite, Michel Bon a martelé qu’il avait le temps pour réduire la dette. “Nous n’avons aucune intention de brader nos actifs”, conclut-il.Quand aux plans sociaux, les dirigeants de France Télécom ont réaffirmé qu’ils n’étaient pas à l’ordre du jour. L’opérateur privilégie en effet une solution douce basée sur le redéploiement des effectifs, et le non-renouvellement des postes des salariés partis à la retraite.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.