« L’accélération, l’accélération, l’accélération ». Lundi 11 décembre, Emmanuel Macron a livré à Toulouse, dans le fief d’Airbus, un bilan à mi-parcours du grand plan d’investissement France 2030. Lancé en octobre 2021, ce dispositif doit permettre à la France de rattraper son retard et d’être un acteur clé dans l’innovation technologique et industrielle. Et après deux années et la moitié des fonds de 54 milliards d’euros engagés sur près de 3 000 projets, le chef d’État a annoncé son intention de donner un coup de boost dans plusieurs secteurs.
Car si, en Europe, l’Hexagone est bien placé dans cette course à l’innovation, selon Emmanuel Macron, le pays est toujours à la traîne, comparé à la Chine qui subventionne massivement son industrie, et aux États-Unis avec son Inflation Reduction Act. Il faut « aller plus vite et plus fort » si on veut « gagner cette bataille de l’innovation de rupture », a-t-il martelé devant un parterre de chefs d’entreprises et d’élus.
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« L’Europe est en retard sur la fabrication de processeurs avancés »
Parmi les nouveaux défis définis par l’Élysée, on trouve l’émergence d’une filière de fabrication de « microcomposants pour le traitement massif des données d’intelligence artificielle ». Jusqu’à présent, France 2030 prévoyait seulement un doublement de la production des puces électroniques. Puisque « l’Europe est en retard sur la fabrication de processeurs avancés, essentiels au développement de toute technologie IA », « nous devons accélérer, pour notre souveraineté », a précisé Emmanuel Macron. Aujourd’hui, le fabricant de semi-conducteurs américain Nvidia est quasiment le seul à concevoir les processeurs graphiques (GPU ou Graphics Processing Unit), des composants indispensables à l’entraînement et au fonctionnement des IA génératives. D’ici 2030, le Président souhaite voir émerger une dizaine d’entreprises produisant des microcomposants essentiels au développement de l’IA. À ce jour, près de 1,065 milliard d’euros ont déjà été accordés. Le CEA, Kalray et Sipearl sont porteurs de projets en la matière.
Emmanuel Macron a profité de son discours pour critiquer l’AI Act, le règlement européen sur l’IA, un texte en passe d’être adopté au sein de l’Union européenne, et dont un accord a été trouvé la semaine dernière entre le Conseil – les 27 États membres – et le Parlement européen. Le chef d’Etat estime que réguler plus que les autres n’est pas une bonne idée. Il faudra « évaluer régulièrement cette règlementation. Et si on perd des leaders ou des pionniers à cause de ça, il faudra y revenir », a-t-il déclaré.
Un cargo spatial
Le Président a également profité de son allocution pour dresser un bilan de ces six années de politique économique. À côté de l’IA, le chef d’État a expliqué quelles seront les prochaines étapes de France 2030. À compter de l’année prochaine, les entrepreneurs n’auront plus à faire face à des procédures « deux fois plus longues que nos concurrents américains et asiatiques ». Il faut mettre fin « au coût caché, qui est celui de la lenteur », a-t-il insisté. Des investissements seront faits dans trois secteurs clefs : la fusion nucléaire, les aimants supraconducteurs – des éléments nécessaires au fonctionnement de réacteur – et la capture du CO2. L’accent a aussi été mis sur l’hydrogène, dont des missions d’exploration seront lancées en 2024, et les métaux critiques comme le lithium ou le cobalt, dont les ressources seront cartographiées en vue de davantage sécuriser les approvisionnements.
Emmanuel Macron a également annoncé vouloir développer un cargo spatial qui pourra ravitailler les futures stations spatiales, avec un volet militaire et commercial. Il s’agirait d’une première étape, avant de pouvoir proposer des vols habités. « La course à l’espace déterminera les avancées industrielles de demain », a soutenu le Président, qui compte se lancer dans cette compétition « avec la même méthode que pour les lanceurs, en ouvrant la voie aux initiatives privées, et en autorisant les paris les plus risqués ».
Si ces annonces permettent de voir la feuille de route du gouvernement, la multiplication des projets pourrait avoir un effet de saupoudrage sur les secteurs dans lesquels l’État investit. Sur les 26 milliards d’euros déjà alloués, seuls 4,1 milliards d’euros avaient été versés aux entreprises au 2e trimestre 2023 – ces décaissements étant effectués à mesure que des étapes sont franchies par les entreprises. Dans un mois, les premières évaluations des sociétés bénéficiaires devraient commencer.
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