Incollables sur la facturation au débit, les opérateurs sont nettement moins bien équipés dès qu’il s’agit de facturer la consultation du contenu à la carte, un modèle économique qui implique la mise en ?”uvre de mécanismes d’authentification, d’analyse du trafic et de contrôle de la livraison des informations, pour savoir qui consulte quoi et chez qui.Or, de plus en plus d’entreprises s’orientent vers ces modes de facturation pour ne pas limiter leur audience aux seuls abonnements prépayés, trop contraignants pour les utilisateurs ponctuels. Résultat, le développement du marché de l’Internet payant est freiné par l’absence d’infrastructure globale permettant de facturer le contenu à la carte.
Une couche logicielle intermédiaire est nécessaire
Aujourd’hui, la plupart des infrastructures de facturation s’appuient en effet sur les routeurs qui comptabilisent les paquets IP et transmettent cette information au système de facturation qui peut, à son tour, estimer la consommation d’un utilisateur. Fonctionnant au niveau 3 de la couche réseau (couche IP), ces routeurs (et/ou commutateurs) ne sont toutefois pas capables de voir le contenu d’un paquet.C’est pourquoi, pour éviter au système de facturation des traitements trop lourds, une couche logicielle intermédiaire est nécessaire. Elle permet d’analyser les paquets afin d’identifier l’émetteur et le site ciblé, de réunir tous les paquets correspondant à une même requête, de vérifier que le contenu a bien été délivré, etc.Le volume des informations à traiter pour la facturation est tel que les architectures de facturation de contenu à la carte collectent les informations au niveau 7 de la couche réseau (couche applicative). Réalisée par les commutateurs de niveau 7 de Cisco, de Nortel, d’Activia, de F5 et/ou par les fichiers de log des serveurs de cache édités notamment par Network Appliance et CacheFlow, cette collecte s’effectue par session, ce qui permet de réduire considérablement le volume de données traité. Les paquets IP sont en effet déjà assemblés par requête et triés par type de trafic (FTP, HTTP, streaming…).Cependant cette information reste encore trop importante pour la capacité de traitement des systèmes de facturation. C’est pour cette raison que les éditeurs de cache développent des modules de “nettoyage” de données. Sur ce terrain, ils entrent en concurrence avec des éditeurs tels Narus ou Xacct, qui se sont spécialisés dans le prétraitement des données afin de ne fournir aux systèmes de facturation que les informations nécessaires.En d’autres termes, les solutions techniques pour concevoir une infrastructure de facturation à la carte existent, mais elles sont d’autant plus complexes à déployer à l’échelle globale d’un réseau d’opérateurs, que les réseaux de diffusion de contenu (CDN pour Content Delivery Network) compliquent encore le problème.Afin d’améliorer la qualité de service, les CDN répliquent le contenu sur des serveurs de cache pour le rapprocher de l’utilisateur final. La collecte d’informations ne s’effectue plus seulement sur le serveur central, qui héberge le site, mais sur une multitude de serveurs de cache répartis à travers la planète.Or, comme le souligne Florent Raugel, PDG de Cieme Informatique, une société spécialisée dans les logiciels d’analyse des flux dans le domaine de la communication, “les serveurs de cache ne représentent pas la solution universelle à la collecte d’informations pour la facturation. Certains contenus lourds d’une même page, tels que les images, peuvent être desservis par un cache alors que le texte est délivré par le serveur central”.L’architecture de facturation devra alors se fonder sur différents équipements de collecte, capables de dialoguer avec un système de facturation ou une couche de traitement intermédiaire, qui effectuera la corrélation entre les données.
Des architectures complexes à configurer
Complexes à configurer, en raison notamment des nombreux chemins que peut prendre une requête IP et des nombreuses hypothèses pour établir les points de collecte, ces architectures doivent en outre permettre de garantir l’identité de l’utilisateur, ne serait-ce que pour éviter le piratage de contenu.Or, comme le souligne Franck Lyonnet, directeur général d’Activia pour la stratégie :“Dès que le contenu est délivré par des serveurs de cache, il faut s’assurer de l’identité de l’utilisateur au niveau de chaque cache. De telles organisations impliquent des synchronisations régulières avec le serveur de contrôle d’accès. Difficiles à paramétrer à l’échelle d’une infrastructure globale, elles alourdissent considérablement le trafic réseau et la charge des serveurs. Aujourd’hui, ces infrastructures n’existent pas à l’échelle d’un réseau d’opérateurs.”Originale, l’offre de la société française Enition tente pourtant de répondre aux problèmes soulevés par la facturation du contenu. Elle se base sur un système de jetons qui circulent entre l’internaute, le fournisseur de contenu et les différents partenaires impliqués dans la distribution. Adoptée par Reuters notamment, sa plate-forme de monétisation NetToll n’est donc plus tributaire de la collecte d’informations.L’opérateur a en effet la possibilité de paramétrer le système pour que le téléchargement de 1 Mo sur un port spécifique de son serveur (le port indiquant la nature du trafic) soit facturé six jetons, le système d’échange entre partenaires garantissant au fournisseur de contenu une visibilité sur ce qui a réellement été consulté.Innovante, cette solution n’a pour l’instant pas d’équivalent sur le marché, et reste peu déployée. Mais il est vrai que l’offre n’est sortie qu’en fin d’année dernière… À suivre.
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