#FreeFortnite. Depuis jeudi soir, un hashtag affole les réseaux sociaux. En l’espace de quelques heures, de très vives tensions sont nées entre Epic Games et Apple… puis Google. Le développeur de Fortnite a savamment orchestré un piège ayant pour but de faire supprimer son jeu de l’App Store et du Play Store, puis de communiquer sur son éviction. Epic Games a aussi porté plainte contre Apple et Google et appelle ses joueurs à militer contre les deux géants de la Silicon Valley. 01net.com vous résume toute cette affaire bien partie pour occuper l’actualité durant plusieurs mois.
Epic Games, l’éditeur de Fortnite, a ajouté une option de paiement « sans Apple » à son jeu vidéo, pour contourner la taxe de 30%. C’est interdit par Apple. pic.twitter.com/jpAsbVbQIr
— 01net (@01net) August 13, 2020
Epic Games veut tuer la taxe de 30%
Ce n’est pas nouveau, Epic Games n’aime pas les 30% de commissions prélevés par les magasins d’applications comme l’App Store et le Play Store. S’il n’avait pas d’autre choix que l’App Store sur iOS, l’éditeur a longtemps préféré des méthodes d’installation alternatives au Play Store sur Android afin d’éviter de donner une commission à Google. Depuis peu, Fortnite s’était enfin rendu disponible sur le Play Store.
Dans la journée de jeudi, Fortnite a ajouté à son application une option pour effectuer des achats In-App directement depuis son site web, à un tarif remisé, sans payer Apple ou Google. Cette pratique viole les conditions d’utilisation de l’App Store et du Play Store, ce qu’Epic Games savait pertinemment. Son objectif était de forcer Apple et Google à être sévères.
Fortnite viré de l’App Store et du Play Store
Apple n’a pas tardé à réagir. Très ferme sur ce genre de dérives (même si on lui reproche souvent de faire des exceptions pour certains partenaires), l’entreprise de Tim Cook a immédiatement retiré Fortnite de l’App Store. Plus tard, c’est Google qui a fait de même, expliquant tout de même que le jeu n’était pas banni d’Android puisque les magasins tiers existaient sur sa plateforme.
À lire aussi : Affaire Fortnite : les réactions complètes d’Apple et Google
Sur iOS, Fortnite appelle ses joueurs à tous réclamer des remboursements des leurs achats in-app à Apple. Une FAQ détaillée, expliquant tout ceci, est disponible sur son site. Cette action est assez incompréhensible, les achats intégrés sont synchronisés avec le compte Epic et ne sont pas menacés par cette suppression. Epic tente-t-il de monter les joueurs contre Apple ?
La suppression de Fortnite était un piège
Malheureusement pour Apple et Google, tout était prévu. Epic Games a ajouté cette option dans Fortnite dans le seul but d’être viré des magasins et d’opérer un magistral coup de communication. Dans la foulée de la suppression de son jeu phare de l’App Store, Epic Games a publié un dossier de plainte très complet contre Apple, appelant à la fin de son monopole. Le groupe est représenté par Christine Varney, une ancienne alliée de Barack Obama chargée des questions anti-concurrentielles.
Another sign that this case will be a big deal?
Representing Epic in this matter is Christine Varney, a former FTC commissioner and head of the Justice Department’s antitrust division under President Obama. pic.twitter.com/8rBPAgwmPr
— Brian Fung (@b_fung) August 13, 2020
Ensuite, Epic Games a donné rendez-vous à ses joueurs pour un nouvel événement virtuel. Dans Fortnite, il y a diffusé un court-métrage parodique de la publicité Macintosh de 1984 d’Apple, plaçant l’entreprise de Tim Cook dans le rôle de big brother et les personnages de Fortnite dans un rôle de résistants. Le hashtag #FreeFortnite est né, avec pour objectif une lutte acharnée contre les monopoles des géants du web.
« Epic Games a contesté le monopole de l’App Store. En guise de représailles, Apple a bloqué Fortnite sur un milliard d’appareils. Rejoignez le combat pour éviter que 2020 ne devienne ‘1984’ » déclare Epic Games.
— 01net (@01net) August 13, 2020
C’est ensuite Google qui a eu le droit à une plainte, sans vidéo ciblée pour l’instant même si Fortnite promet plus d’infos dans les prochaines heures. Cet événement a de quoi surprendre, Android permet pourtant d’installer le jeu ailleurs que sur le Play Store… ce qui est pourtant ce qu’Epic demande à Apple d’autoriser. Pourquoi porter plainte contre Google ?
Dans son document, Epic Games donne néanmoins quelques pistes. L’entreprise cite les exemples de OnePlus et LG, interdits par Google de proposer Fortnite sur leurs smartphones en dehors du Play Store. Le papa d’Android abuserait-il de sa position dominante pour faire pression de manière anticoncurrentielle ?
Fortnite, leader de la fronde
Déjà soutenu par quelques développeurs comme ceux de Spotify ou de Tinder, l’éditeur de Fortnite risque de perdre de l’argent pendant ces plusieurs semaines sans App Store et sans Play Store. L’entreprise semble l’assumer et veut être le visage du mouvement de fronde des développeurs agacés des pratiques d’Apple et Google. Rappelons que le sénat américain enquête actuellement sur l’App Store et le Play Store et que certaines polémiques, comme le rejet de l’application Hey ou les privilèges accordés à certains comme Amazon, ont retourné l’opinion contre les magasins d’applications ces derniers mois. Le refus d’Apple d’accepter le xCloud de Microsoft sur sa plateforme nous fait d’ailleurs beaucoup penser à cette affaire. (C’est d’ailleurs en cela que le piège d’Epic est malin, Apple ne peut pas fermer les yeux sur cet écart alors qu’il doit se montrer ferme pour prouver aux enquêteurs que ses pratiques sont normales).
Bien sûr, rappelons que cette affaire n’est pas vraiment David contre Goliath. Epic Games, détenu en partie par le géant chinois Tencent, est un monstre du jeu vidéo et conçoit très certainement l’intérêt promotionnel d’un tel coup médiatique. La disparition de Fortnite va intéresser plus de monde que le rejet de xCloud. Epic Games le sait et compte s’en servir pour faire parler de lui.
Dans les prochaines heures, les tensions entre Fortnite et Apple/Google risquent de s’accentuer. Epic Games a bien travaillé son coup de com’ et ne se limitera pas à un petit tweet.
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